Le FBI vient de faire part de son action réussie en vue de « déjouer » un attentat terroriste qui avait pour objectif la détonation d’une bombe lors des festivités de la fête nationale des Etats-Unis, et plus précisément pendant le feu d’artifice programmé à Cleveland, Ohio en ce 4 juillet. On applaudit bien fort… Mais non sans souligner, avec The New American, que l’affaire a des ressemblances troublantes avec d’autres attentats déjoués auxquels le FBI avait contribué, poussant des « terroristes » potentiels, mais plutôt inoffensifs, à l’action. En l’occurrence, c’est un nommé Demetrius Pitts, 48 ans, qui a été arrêté et accusé de complicité par fourniture de moyens avec une organisation terroriste étrangère, mais en fait d’organisation, il s’agissait d’un agent du FBI qui se faisait passer pour un représentant d’Al Qaïda.
La mise en accusation de Pitts, qui a pris la forme d’un dépôt de plainte criminelle, révèle que c’est le FBI qui a déclenché, accompagné, suivi pas à pas le passage à l’acte programmé de l’intéressé. Même une chaîne mainstream comme NBC News l’a reconnu : « Il n’existe aucune indication permettant de dire que Pitts aurait pu réaliser une quelconque attaque à lui tout seul. » Véritable pied nickelé du terrorisme, il a même compté sur l’agent du FBI pour lui fournir un téléphone portable et un abonnement pour les transports en commun.
Un terroriste créé de toutes pièces par le FBI
Comme le souligne encore The New American, Pitts, qui se considère musulman, est tout sauf un bon garçon. Les médias locaux des Etats-Unis attirent l’attention sur son casier judiciaire lourdement chargé, mais aussi sur ses déclarations naïves sur Facebook. C’est sur le réseau social qu’il a claironné son désir de rejoindre Al Qaïda pour préparer un attentat aux Etats-Unis ; pour donner encore un peu plus de poids à son « engagement », il a réitéré ses intentions dans un courriel adressé à une télévision de Californie en 2015. Deux ans plus tard, il clamait haut et fort qu’il « n’aurait aucun remords s’il devait tuer au nom de la religion ».
Sans doute y avait-il là matière non seulement à surveiller le fanfaron mais à le poursuivre. Le FBI a préféré installer une surveillance de son compte Facebook, ouvert au nom d’Abdur Raheem Rahfeeq, en attendant de lui envoyer un agent provocateur qui se débrouillait pour enregistrer toutes leurs conversations. La retranscription permet de constater que Pitts, certes rempli d’amertume à l’égard des Etats-Unis et de son président, n’avait aucune intention de passer à l’acte. Il n’en avait d’ailleurs pas le moindre moyen.
Musulman et pied nickelé : Demetrius Pitts a préparé un attentat sous la pression du FBI
De fil en aiguille, l’agent du FBI l’a poussé à envisager un attentat en bonne et due forme, tout en lui promettant une rencontre avec une personnalité plus haut placée chez Al Qaïda. C’est avec le portable et grâce aux tickets de bus fournis par l’agent que Pitts est allé faire une reconnaissance sur les lieux de la parade du 4 juillet à Cleveland, où il voulait bien participer à l’attentat à condition de pouvoir contempler le « carnage » ; il était également prêt à faire une opération de reconnaissance de terrain à Philadelphie, à condition de ne pas participer personnellement un éventuel attentat.
Fort de ces enregistrements, le FBI a profité d’une rencontre de Pitts avec son agent le 1er juillet, ce qui lui a valu de pouvoir présenter l’affaire comme une victoire insigne contre le terrorisme, tandis que le maire de Cleveland, Frank Jackson, félicitait l’agence fédérale. Mais il est difficile de parler de vies sauvées dans un tel contexte…
Le FBI « déjoue » un attentat : la belle affaire !
Il n’est pas le premier « homme en colère » à avoir été « attrapé » par le FBI depuis 2001 : comme avec d’autres avant lui, les forces de sécurité ont profité de son profil, de son désir vague de participer à une action terroriste – un désir qui n’aurait probablement jamais été suivi d’effet sans l’aiguillon et l’assistance concrète du FBI – pour créer l’événement de toutes pièces.
Pour le FBI, les retombées positives sont incontestables, de telle sorte qu’on est en droit de se demander si ce ne sont pas elles qui étaient recherchées depuis le début. Sans compter l’avantage dialectique : maintenir la pression quant à la menace terroriste, ce qui peut se faire avec ou sans attentats réels.