Le billet Femmes musulmanes agressées sexuellement à la mosquée : « Les mecs à la Mecque sont des porcs »

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Les témoignages de musulmanes agressées sexuellement sur les lieux de culte, à la mosquée et jusqu’en pèlerinage à La Mecque, se multiplient sous le hashtag mosquemetoo. Même barbus, les mecs seraient tous des porcs. Malgré les apparences, il s’agit d’une campagne pour l’intégration de l’islam en Occident.
 
On n’avait pas cru naguère la journaliste canadienne Zara Nawaz, productrice de la série très populaire chez nos cousins d’outre atlantique « La petite mosquée dans la prairie » (ce n’est pas une blague), lorsqu’elle publia son témoignage contre les porcs qui sévissent dans l’islam sous couleur de religion, En riant sur le chemin de la mosquée. On se disait qu’il s’agissait de quelque phénomène marginal propre au Canada, ou peut-être aux difficultés d’adaptation des mâles musulmans à une société permissive. Mais la récente campagne mosquemetoo montre que le phénomène touche l’ensemble de l’oumma, y compris en son centre sacré, La Mecque.
 

Les musulmanes lèvent le voile sur les mecs à La Mecque

 
Les femmes musulmanes se déchaînent partout dans le monde et lèvent le voile sur les pratiques de ces messieurs non seulement à la mosquée mais sur les lieux saints, jusque pendant le Hadj, le grand pèlerinage à La Mecque, autour de la Kaaba, la pierre noire. C’est la journaliste américano-égyptienne Mona Eltahawy qui a lancé le mouvement, pour lancer aussi son dernier essai, Foulards et Hymens. Elle affirme avoir été agressée sexuellement, sans plus préciser, lorsqu’elle avait quinze ans en 1982. Ce fut un choc : « On m’a agressée au moment où j’embrassais la pierre sacrée, ça a été un choc…Je n’ai pas pu le dire à mes parents pendant des années. Tout ce que j’ai pu faire, c’est crier. » Cela fait plus de cinq ans que Mona Eltahawy a commencé sa campagne sur les télévisions, mais cette fois, grâce à internet, cela semble fonctionner. Une certaine Zraeesy se plaint d’avoir été agressée sexuellement quand elle avait 21 ans et qu’elle faisait, elle, le tawaf, le tour rituel autour de la Kaaba. Elle ajoute : « Juste là, dans l’endroit le plus sacré ! Le fait que ça se soit passé là, dans cet endroit censé être le plus saint et sûr des sanctuaires, m’a tellement affectée que je ne m’en suis jamais remise »
 

Le déni haineux des porcs contre les femmes qui les dénoncent

 
Un autre élément est la difficulté de communiquer et le fait que personne ne croit les plaignantes. Ainsi la Pakistanaise Sabica Khan a-t-elle posté sur Facebook un long message qui n’est plus disponible (pourquoi ?) dans lequel elle raconte qu’on lui a pincé les fesses « de manière très agressive ». Elle ne précise pas ce que cela veut dire, ni si elle a identifié le pinceur. Mais elle ajoute « Je me suis sentie incroyablement violée, incapable de parler. Je savais que ça ne servirait à rien de dire quelque chose parce que personne ne me croirait, à part peut-être ma mère ». Selon notre consoeur France 24, le post aurait été partagé plus de deux mille fois. Mona Eltahawy assure avoir recensé, parmi les messages pleins de colère et de menaces que lui vaut sa démarche sept types de réactions de mâles musulmans : 1. Tu es trop moche pour être agressée. 2. Tu es payée pour dire ça. 3. Tu cherches juste à être célèbre. 4. Tu veux juste de l’attention. 5. Tu veux détruire l’islam. 6. Tu veux juste salir l’image des musulmans. 7. Tu es une p…
 

Agressées sexuellement et militantes de la révolution laïque

 
Question : à quoi sert cette campagne ? Pour le savoir, voyons d’abord à quoi elle ressemble. Toutes les dénonciations, à part le pinçon « très agressif » à la fesse, sont floues. Toutes ont provoqué un traumatisme terrible, une incommunicabilité presque totale, toutes disent leur horreur d’être agressées dans le saint des saints de l’islam, et le déni menaçant de la société musulmane. A priori, on pourrait donc croire que Mona Eltahawy et les femmes musulmanes qui « libèrent la parole » à son appel ont pour cible l’islam. Ce serait une erreur. En se définissant comme « musulmane et féministe, mais féministe laïque », la polémiste nous indique la bonne piste. Ce qu’elle attaque, ce sont les tartuffes barbus. Ce qu’elle met en scène et en cause à travers eux, c’est la réaction de défense bornée de toutes les sociétés retardataires et fermées. Ce qu’elle montre, c’est que les mecs machistes sont les mêmes partout, des porcs à l’affût d’une occasion d’agresser les femmes, et le tour de la Kaaba, où se presse chaque année près d’un million de niqabs et burqas, est un terrain de chasse encore plus propice que le métro aux heures de pointe. Le message est donc que les femmes musulmanes se libèrent de l’oppression machistes des mecs intégristes et qu’elles vont faire advenir un islam laïque qui sera parfaitement à sa place et convivial dans la petite mosquée sur la prairie au milieu des sapinettes. En dépit de tous les conservatismes.
 

Pauline Mille