Quatorze kilomètres carrés de « ferme solaire » détruits au Texas par une tempête de grêle, le 16 mars dernier : les panneaux photovoltaïques qui s’étalent à perte de vue sur la plaine sont hors service, troués de partout. Et il y en a des millions. Les autorités du comté de Fort Bend ont aussitôt été interpellées par les habitants qui craignaient de voir l’eau locale contaminée par les composantes des panneaux de Fighting Jays Solar Farm, dont on ne savait pas s’ils étaient en silicone comme leurs cousins domestiques, ou en tellurure de cadmium, une substance toxique dangereuse pour les reins, le cœur, la peau et les poumons. Avec sa capacité nominale de 350 MW, supposée alimenter 60.000 foyers en électricité dite « propre » (quand il fait beau), Fighting Jays appartient à Copenhagen Infrastructure Partners (CIP), société d’origine danoise, et à la société américaine AP Solar Holdings. Leur plus grand cauchemar désormais risque d’être celui des primes d’assurance, car si le sinistre est « couvert », selon leur porte-parole, ce type de dégâts a déjà frappé une exploitation photovoltaïque dans le Nebraska il y a moins d’un an.
Cette fois, ce sont des grêlons de la taille d’une balle de golf qui ont percé les plaques de verre de la majorité des panneaux, avec de multiples impacts sur chaque unité. La tempête, d’une intensité plus importante que toutes celles qu’il avait pu vivre, selon un habitant, était « inimaginable ». Nick Kaminski s’est davantage inquiété des dégâts sur la ferme solaire que ceux constatés sur sa propre toiture, précisément parce que les besoins en eau de sa famille sont assurés par un puits. Comment savoir si l’eau n’en a pas été contaminée ? Et si les panneaux contiennent du tellurure de cadmium ?
C’est la deuxième fois qu’une ferme photovoltaïque part en miettes
Un média local, ABC13, a carrément posé la question en se rendant dans les bureaux de Fighting Jays, à proximité des étendues de panneaux solaires. L’employé de service a dit aux journalistes d’envoyer un courriel, ce qui fut fait, avec une liste de questions. Un porte-parole de la société finit par appeler le journal, mais les réponses données étaient « off ».
Quant au site internet de la ferme solaire, il ne donne aucune indication sur la composition des panneaux.
Pour Ramamoorthy Ramesh, professeur de physique à l’université de Rice et spécialiste des panneaux solaires, le risque est faible : il a expliqué qu’il était possible de cabosser les panneaux mais que les couches de protection sont multiples. A quoi The New American répond : « Les photos des panneaux endommagés montrent bien plus que des creux, on y voit de vrais trous. » Ramesh, de son côté, se veut dans tous les cas rassurant : le tellurure de cadmium « ne se dissout pas dans l’eau » et ne risque pas de se retrouver dans les nappes phréatiques. Même son de cloche chez les équipes de sécurité de Fort Bend qui se sont rendues sur le site et affirment que tout va bien. Mais les analyses continuent.
Une grosse tempête de grêle frappe une gigantesque ferme solaire au Texas
Deux semaines plus tard, PVTech, site d’information sur tous les aspects de l’énergie photovoltaïque, a publié une analyse de l’événement qui fait état d’une nouvelle déclaration d’un porte-parole de CIP assurant que les panneaux de Fighting Jays sont à base de silicone et ne contiennent pas de tellurure de cadmium. Ne le savait-on pas sur place ?
Mais le média pose tout de même la question : est-il raisonnable de continuer d’installer des panneaux solaires industriels si vulnérables – ou d’espérer attirer les investisseurs. On se pose désormais la question de savoir s’il ne faut pas mettre en place une surveillance météorologique spécifique permettant de mettre les panneaux « à l’abri » en cas de risque de grêle. Une autre solution consisterait à utiliser des revêtements plus résistants. Et sans doute plus chers encore.
Les centrales nucléaires françaises sont capables de supporter le poids d’un avion qui tombe du ciel (car oui, ça aussi, on l’a prévu). Et de produire de l’électricité même de nuit, en l’absence de vent ou de soleil. Mais c’est le photovoltaïque qui prétend au titre de l’innovation !