Elser, un héros ordinaire fait craindre, par son seul titre, le pire. Il semble en effet qu’il y ait une contradiction dans les termes, un héros n’étant pas un être ordinaire, du moins à un moment précis de sa vie. Le cas précis évoque un attentat contre Hitler, manqué de peu, en novembre 1939. Mais qu’entend-on par ordinaire à notre époque ? Eh bien, un individu aux mœurs douteuses, et aux convictions politiques d’extrême-gauche. Le spectacle proposé est en effet indécent par l’affichage des amours tumultueuses de M. Elser ; il est même masturbé à l’écran, et ce par une femme présentée comme mariée à un autre. Il a pour habitude de séduire les jeunes femmes puis de les abandonner, y compris lorsqu’elles sont enceintes de ses œuvres. Il fait preuve d’un goût pervers particulier dans la séduction de femmes mariées et mères de famille. Tout cela écœure le spectateur, et n’est pas innocent, puisque cet individu est posé, dès le titre, en modèle. En outre, chose rare au cinéma, il arrive à cet homme de prier ; le problème est qu’il est un pécheur public cynique, sans aucune intention de repentir…
« Elser, un héros ordinaire » ne convaincra pas nécessairement
Cependant une telle vie chrétienne, si l’on ose dire, est opposée frontalement au néo-paganisme national-socialiste, dont l’expression publique paraît ici très exagérée. Les nationaux-socialistes, des policiers aux responsables du parti, sont absolument odieux, à des degrés divers. Les scènes de tortures, correspondant certes à la réalité historique, épuisent le spectateur. La volonté par ses souffrances de faire du martyr Elser une figure christique est évidente, ce qui pose tout de même problème du fait de ses mœurs. Le film présente néanmoins un intérêt : montrer la réalisation technique de l’attentat, préparé minutieusement par un artisan doué. La police de l’époque a su d’ailleurs reconnaître, après des soupçons légitimes, ce caractère singulier de l’attentat. Mais, comme il s’agit d’Hitler, aucune réflexion n’est proposée sur ce délicat sujet du tyrannicide. La lucidité rétrospectivement facile d’Elser, un héros ordinaire ne convaincra pas forcément.
Hector Jovien