La prochaine fois je viserai le cœur s’inspire du destin surprenant d’un tueur en série de la fin des années 1970, dans la région de Senlis, assassin de jeunes filles, exerçant par ailleurs consciencieusement le métier de gendarme. Les critiques officiels ont crié au chef d’œuvre, au jeu excellent de l’acteur principal Guillaume Canet. Si l’on ne nie pas les efforts physiques de l’acteur, dont la plongée dans un étang d’eau froide et boueuse, son interprétation, certainement mal dirigée, ne convainc pas. La vraisemblable schizophrénie du meurtrier n’est pas rendue. Le personnage principal, à la gendarmerie, en famille, avec sa maîtresse, se conduit en détraqué visible. Il aurait donc été repéré rapidement.
La prochaine fois je viserai le cœur : une charge contre la gendarmerie à fuir
Cette cécité des gendarmes dans le film n’est pas simplement absurde, elle tend à les faire passer collectivement pour des crétins immatures. Les meilleures institutions abritent, malgré elles, en leur sein, parfois quelques criminels. Mais il est très difficile, à cause de l’effet-loupe d’un film, de ne pas attaquer toute la gendarmerie à travers une détestable exception avérée. Le sujet délicat, pas inintéressant dans l’absolu, de La prochaine fois je viserai le cœur, est donc massacré par une réalisation à la hache. Tous les personnages s’avèrent en outre parfaitement détestables, parfois au-delà même des premières impressions et à des titres divers, ce qui contribue au malaise du spectateur. Si les meurtres sont heureusement montrés sans excès d’effets et conformément à la réalité, il reste une scène insoutenable de tabassage d’un vieillard. Seule l’époque, la fin des années 1970, une France pas si lointaine, mais déjà radicalement différente, est bien rendue. La prochaine fois je viserai le cœur, est donc à fuir.