Un effet papillon ? Il semblerait que la violente et coercitive obligation vaccinale qui accompagna la crise covid ait relancé le débat sur le principe même de la vaccination obligatoire, en particulier dans les écoles. Et la Floride vient de prendre la tête de cette résistance en annonçant, par la voix de son médecin-chef, qu’elle va œuvrer pour mettre fin à toutes les obligations vaccinales prévues par ses lois. Un pavé dans la mare d’un système bien rodé depuis plus d’un siècle.
N’y aurait-il pas le risque, se demande The National Review, de jeter le bébé avec l’eau du bain, et de priver les enfants d’une protection essentielle ? Avant la généralisation de la vaccination, la variole faisait bien des dizaines de milliers de victimes chaque décennie aux Etats-Unis… Le président Trump a d’ailleurs mis en garde la Floride.
Pour autant, il ne s’agit que de rétablir une liberté, qui demeurerait et pour les uns et pour les autres. Les « exemptions » agitées par certains Etats américains restent des (fausses) tolérances, qui ne sont pas des droits : l’Etat n’a pas à soumettre ses citoyens à des injonctions les touchant dans leur corps. C’est la leçon que veut donner la Floride dans un monde qui ne voit plus la forme d’esclavage dans laquelle il glisse, la brusque tyrannie à laquelle il pourrait devoir faire face demain.
Tous les vaccins…
Le Sunshine State chercherait donc à devenir le premier Etat du pays à abroger « la totalité » de ses obligations vaccinales, notamment contre l’hépatite B, la polio, la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) et la varicelle, ce pour toutes les écoles de Floride.
Certes, il lui faudra encore obtenir des modifications réglementaires au sein de son ministère de la Santé, ainsi qu’une action législative et les Démocrates sont, bien sûr, vent debout. Néanmoins, un plan a été mis en place pour faciliter l’obtention d’exemptions pour les parents qui ne souhaitent pas que leurs enfants soient vaccinés, jusqu’à ce que l’abrogation complète de l’obligation soit effective.
Le médecin-chef de l’Etat de la Floride, Joseph Ladapo, n’a pas hésité à parler d’« esclavage » dans son discours du 3 septembre, rapporte The New American. « Qui suis-je, en tant que gouvernement ou qui que ce soit d’autre… pour vous dire ce que vous devez ingérer ? » Etre propriétaire de son corps, « don de Dieu », signifie de pouvoir décider de le soumettre ou non à la vaccination, a-t-il soutenu : « Nous ne pouvons pas avancer vers un monde meilleur en asservissant les gens à des philosophies terribles et en leur retirant leurs libertés. »
Après plus d’un siècle de procès, la Floride lance les hostilités au niveau de l’Etat
La gauche pousse bien sûr des cris d’orfraie, n’hésitant pas à qualifier le plan de Ladapo de « catastrophe sanitaire en devenir ». « L’idée que des enfants puissent aller à l’école sans être vaccinés est absolument effrayante » a déclaré un ancien directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)… Un de leurs rapports redisait, il y a un an, que, de 1994 à 2023, les vaccinations infantiles avaient permis d’éviter 508 millions de cas de maladie, 32 millions d’hospitalisations et 1,13 million de décès aux Etats-Unis, tout en générant des économies colossales.
Mais qui parle d’un retour au siècle dernier ? Les vaccins existent. La Floride souhaite simplement rétablir la liberté, à savoir redonner le choix à ceux qui ne souhaitent pas en faire usage, que ce soit pour des raisons médicales, personnelles ou religieuses.
Toutes ces exemptions existent déjà, objectera-t-on. C’est faux, en grande partie. Quatre Etats (Californie, Maine, New York et Virginie-Occidentale) ont abrogé l’exemption à la vaccination pour convictions religieuses au cours de la dernière décennie et 35 autres refusent l’exemption philosophique. Quant aux exemptions médicales, elles ont été très fortement restreintes.
Le principe de l’exemption est d’ailleurs, en réalité, un chausse-trappe. Pour le National Vaccine Information Center (NVIC), association qui milite pour la liberté vaccinale, il constitue « une approbation et une validation tacites d’obligations vaccinales oppressives contrôlées par les “autorités médicales”, que nous devons supplier pour obtenir le droit légal de refuser de prendre un produit susceptible de blesser, de tuer ou de ne pas prévenir l’infection, afin de pouvoir aller à l’école, recevoir des soins de santé, occuper un emploi ou jouer un rôle dans la société. »
Qu’on se rappelle d’ailleurs que c’est le refus d’une exemption à caractère médical qui a été à l’origine de la systématisation obligatoire de la vaccination. En 1905, dans l’affaire Jacobson c. Massachusetts, la Cour a statué que l’Etat de la Baie pouvait contraindre Henning Jacobson, un immigrant suédois ayant déjà présenté une réaction indésirable grave à un vaccin contre la variole, à se faire néanmoins vacciner sous peine d’amende. Dans la lignée de cet arrêt, la Cour a fini par juger, en 1922, que les écoles publiques pouvaient imposer la vaccination obligatoire aux élèves. Et, au début des années 1980, les 50 Etats l’imposaient.
L’obligation vaccinale ébranlée par l’épisode covid
Seulement, la crise liée au covid, et l’imposition de vaccins pouvant altérer l’intégrité biologique du génome humain, a élargi la résistance à cet état de fait. La part des enfants exemptés des vaccins obligatoires a atteint un niveau record de 3,6 % au cours de l’année scolaire 2024-25, aux Etats-Unis. Le rapport MAHA (« Make America Healthy Again »), publié le 22 mai dernier, n’a pas hésité à pointer la surmédicalisation dans l’augmentation des maladies chroniques chez les enfants, et donc, potentiellement, la vaccination à outrance.
Et, en face, le ton monte. En juillet 2025, l’Académie américaine de pédiatrie a appelé les législatures des Etats à supprimer toutes les exemptions pour raisons religieuses, de conscience et de convictions personnelles, et à restreindre l’approbation par les pédiatres des exemptions médicales permettant aux enfants d’aller à la crèche et à l’école.
On ne peut reprocher au NVIC de parler de la « tyrannie » à laquelle mène inexorablement cette « pseudo-éthique utilitariste cruelle », et à laquelle a été largement soumise la frange non vaccinée de la population lors de la crise covid. L’argument utilitariste du « bien commun » de l’Etat a servi à bien des choses dans certains totalitarismes…
Oui, il y a un droit fondamental au consentement éclairé à la prise de risques médicaux. Les personnes doivent pouvoir choisir d’utiliser les vaccins qu’ils jugeront sûrs, nécessaires, et efficaces. L’association Children’s Health Defense a déclaré tout de go sur X : « C’est ainsi que l’Amérique retrouve la santé. D’autres Etats suivront-ils l’exemple de la Floride ? » Affaire à suivre !