La fondation pour l’innovation politique, en abrégé Fondapol, est un laboratoire d’idée proche de la droite RPR puis UMP, qui se veut « libéral, progressiste et européen », et travaille principalement sur quatre grand thèmes, croissance économique, écologie, valeurs et numérique. Elle vient de publier une étude sur ce que les Français pensent de l’euthanasie et du suicide assisté. La réponse est claire : ils n’en veulent pas, ni à droite, ni à gauche, ni chez les catholiques, ni à LFI, ni dans les métropoles ni à la campagne. C’est une donnée capitale, alors que les élites au pouvoir font le forcing pour légiférer en la matière, et qu’Olivier Falorni, le député Modem auteur d’une proposition de loi sur la « fin de vie » adoptée en première lecture en mai par l’Assemblée nationale avec une majorité de 52,8 %, a prétendu dans l’exposé des motifs qu’elle était « attendue par une très grande majorité de nos concitoyens ». Voilà un mensonge éhonté éventé, une pierre dans le jardin de la révolution morale en cours.
Fondapol, laboratoire « libéral » et « progressiste »
Le directeur actuel de Fondapol, Dominique Reynié, agrégé de sciences politiques, professeur à Sciences Po, chercheur au CEVIPOF, chroniqueur sur France 5, passant régulièrement sur France Inter, invité à la fête de l’Huma, vient de la droite centriste, LR-UDI. Il a consacré deux livres au populisme qu’il considère comme le grand danger actuel. Fondapol, sous sa direction, a pris position pour le mariage homosexuel, la GPA et la « diversité ». Il était important de le rappeler pour s’assurer que l’étude de Fondapol sur la façon dont les Français considèrent l’euthanasie et le suicide assisté n’était pas marquée par quelque préjugé moral que ce soit en faveur de la tradition catholique. Dominique Reynié pense en économiste tourné vers les comparaisons avec l’étranger, témoin cette publication sur X : « Les 10 pays qui ont légalisé l’euthanasie ont tous perdu le contrôle des pratiques, et d’abord par la massification. Aux Pays-Bas, depuis la légalisation (2001), on compte 100.000 morts par euthanasie. En France cela équivaudrait à 800.000 morts. »
Les Français contre la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté
Examinons donc l’étude de Fondapol et la conclusion de son directeur : « Les Français ne demandent pas la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté ; ils veulent que les pouvoirs publics assurent l’équipement de tout le pays en soins palliatifs, auxquels, aujourd’hui, la moitié de la population n’a pas accès. » C’est particulièrement net chez les jeunes. Deux tiers des 18-24 ans et plus de la moitié des moins de 35 ans estiment que l’accompagnement médical et humain doit primer sur toute forme d’aide à mourir. Ils ont notamment peur des dérives constatées à l’étranger, en Belgique ou aux Pays-Bas, où euthanasie et suicide assisté ont été étendus aux mineurs et aux personnes souffrant de troubles psychiatriques, sans toujours de contrôle strict. 52 % des 18-24 ans et 55 % des 25-34 ans craignent l’extension aux mineurs et aux personnes en situation de handicap intellectuel, tandis que 64 % des 18-24 ans et 62 % des 25-34 ans s’inquiètent du recours accru des populations fragiles, y compris les plus pauvres. Au Canada en effet, on recourt plus à l’euthanasie des plus pauvres à cause du coût des traitements médicaux.
Suicide assisté et euthanasie immoraux et antisociaux
Les résultats selon les croyances religieuses et les convictions politiques montrent la même unité. Bien sûr, catholiques pratiquants et musulmans montrent une opposition décidée à l’euthanasie et au suicide assisté. C’est le cas aussi des LR, Reconquête, RN, mais, c’est la surprise, c’est aussi le cas aussi du PC, du PS, de LFI et du Modem. Seuls les écologistes (50 %) et Renaissance (49 %), c’est à dire le macronisme arc-en-ciel, se distinguent. Selon Dominique Reynié, « les personnes qui se disent proches de l’extrême gauche, de LFI ou du PC constituent l’un des blocs les plus franchement hostiles à la proposition de loi et à ses principales dispositions », parce qu’ils la regardent comme antisociale : « L’instauration de la mort administrée pour des patients malades, fragiles, âgés, handicapés ou dépressifs est la négation absolue de l’Etat‑providence. » Cependant les plus de 64 ans sont contre la proposition de loi aussi, et toutes les tranches d’âge craignent qu’elle n’engendre de graves désaccords dans les familles (70 %). En outre 73 % estiment obligatoire un avis psychiatrique, et 77 %, en sus, l’avis du médecin traitant.
Les Français gavés d’un débat truqué
L’un des aspects intéressants de l’étude de Fondapol est de prouver sans conteste possible que le débat public sur l’euthanasie et le suicide assisté est truqué en France, ce que Dominique Reynié évoque aussi sur X, toujours par comparaison avec l’étranger : « On laisse souvent entendre que de nombreux pays auraient légalisé l’euthanasie et le suicide assisté. Or, sur les 193 États de l’ONU, 10 seulement ont légalisé l’euthanasie et le suicide assisté, soit 5,1 % des Etats et 2,2 % de l’humanité. » De ce point de vue-là, c’est la Fondation Lejeune, avec sa pétition en ligne intitulée « Euthanasie : ne nous laissons pas abattre » qui dit le plus clairement les choses. Elle dénonce un débat « confisqué » et « verrouillé » par un « unanimisme fabriqué ». Elle met en cause « les médias publics, financés par nos impôts », qui « servent de caisse de résonance à un militantisme pro-euthanasie sans pluralisme ». Plus grave encore, « des personnalités censées garantes de neutralité institutionnelle » prennent position publiquement, « comme Alain Juppé, membre du Conseil constitutionnel, donnant une quasi consigne de vote aux parlementaires ». Une étude à lire et une pétition à signer avant qu’il ne soit trop tard.











