La semaine dernière s’est tenue une édition régionale du Forum économique mondial : bien des acteurs de Davos, Klaus Scwhab en tête, se sont rendus la à Buenos Aires en Argentine pour parler de développement et de productivité régionale en Amérique latine. Et sans surprise, le millier de participants issus du monde de la politique, des médias et des très grandes entreprises ont insisté sur une valeur clef – à leur sens – pour le progrès : ouverture à l’immigration !
Le 7 avril était la journée consacrée aux solutions aux problèmes latino-américains, alors que le continent fait face depuis deux ans à une récession qui fait suite à une décennie de croissance. Il a été question d’éducation et d’amélioration des compétences. Mais pour Ricardo Hausmann, de l’université d’Harvard, le lien est beaucoup plus direct avec l’ouverture aux travailleurs immigrés.
Une tenue du Forum économique mondial à Buenos Aires
« L’une des raisons pour lesquelles le Panama a connu une croissance si importante c’est parce qu’à l’aune latino-américaine, le pays a une politique d’immigration relativement ouverte. Nous avons réalisé des études montrant que la productivité des gens du cru affiche une augmentation spectaculaire parce qu’ils travaillent avec des étrangers. » Comparée avec celle du Canada ou l’Australie, a-t-il affirmé, cette politique d’immigration panaméenne est pourtant « désastreuse ». Encore un effort, en somme.
Le Panama affiche une croissance exceptionnelle : elle a été deux fois plus rapide que la moyenne latino-américaine entre 2001 et 2013 et le pays continue dans le peloton de tête de la croissance mondiale. « Le Panama montre au reste de l’Amérique latine que pour atteindre une croissance significative, il faut importer du talent », avait déjà martelé le professeur Hausman lors d’une intervention précédente au cours du Forum.
Pas de développement sans immigration : c’est l’idéologie de Davos
« Aux Etats-Unis, 40 % de la population est née à l’étranger et 30 % des entreprises sont étrangers. La plupart des professeurs d’Harvard sont des étrangers. Au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, 25 % de la population est née à l’étranger. Au Singapour, 40 % de la population est constituée d’étrangers », a-t-il souligné, avant d’insister lors d’une session ultérieure : « Il est très difficile de créer des institutions de classe mondiale et de parvenir à innover en s’appuyant exclusivement sur les talents nés localement. Si elle s’appuyait sur des talents nés localement, la Silicon Valley n’existerait pas. »
D’ailleurs, a-t-il ajouté, « les entreprises qui existent en Amérique latine sont celles qui ont été fondées par les migrants d’il y a trois générations », alors qu’aujourd’hui la plupart des pays de la région ont un taux d’immigration extrêmement bas. Il y a trois générations, c’était un continent largement sous-peuplé… et les nouveaux arrivants étaient Européens. Mais passons.
Suffirait-il donc que l’on traverse les frontières, dans un sens comme dans l’autre, pour créer tout d’un coup une force de travail exceptionnelle ? Certes, Ricardo Hausman semble prôner avant tout l’importation de talents : « Si nous voulons construire le pays, nous devons être en mesure d’absorber le talent du monde. » Quitte à vider le reste du monde de ses talents ?
L’immigration à la racine du développement latino-américain. La colonisation européenne saluée malgré elle !
A moins qu’il n’y ait quelque chose de profondément raciste dans les déclarations du professeur… Les Panaméens autochtones ne seraient-il donc pas capables de travailler dur en dehors d’une surveillance étrangère ?
Mais il s’agit avant tout d’un point de vue idéologiquement mondialiste, visant à faire croire que seul le brassage des populations permet l’éclosion de la richesse et de la croissance.
Parmi les autres solutions proposées à l’Amérique latine par les penseurs de Davos, il y a – on ne s’en étonnera pas non plus – les énergies renouvelables. Et toute une session ces journées a été consacrée aux Objectifs du développement durable de l’ONU. Tout cela va dans le même sens.