Le pape François a taxé d’hypocrisie ceux qui l’ont critiqué au sujet de Fiducia supplicans, la déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la foi autorisant la bénédiction des couples en situation irrégulière ou de même sexe. Dans un entretien paru ce jeudi dans la revue Credere des éditions Paulines, il a déclaré au directeur de la revue, le P. Vincenzo Vitale : « Je ne bénis pas un “mariage homosexuel”, je bénis deux personnes qui s’aiment et je leur demande aussi de prier pour moi. »
S’il fallait une confirmation de ce que ces bénédiction ne visent pas les personnes individuelles mais bien les couples en tant que tels, la voici : il s’agit bien de bénir deux « personnes qui s’aiment », et de les bénir ensemble parce qu’ils s’aiment. Or c’est ainsi que la modernité voit et décrit sinon le mariage, du moins la vie commune, en couple : deux personnes qui partagent non pas une maison ou un appartement comme amis ou colocataires, mais qui partagent un même lit.
Et pour être encore plus clair, le pape a ajouté : « Toujours lors de la confession, quand ces situations se présentent, des personnes homosexuelles ou remariées, je prie toujours et je bénis. La bénédiction ne doit être refusée à personne. Tout le monde, tout le monde. Attention, je parle de personnes : celles qui sont capables de recevoir le baptême. »
Fiducia supplicans et la confession : quel rapport ?
Voilà une formulation ambiguë. La bénédiction propre au sacrement de confession est celle d’absolution, or celle-ci est soumise à la condition du repentir et de la conversion : à tout le moins tenter de ne pas retomber dans le même péché. L’Eglise sait bien que les fidèles, dans leur faiblesse, rechutent bien souvent, quel que soit le péché accusé. Mais se confesser tout en faisant le choix de rester dans une situation durable, publique et objectivement désordonnée contredit radicalement le principe de la conversion. Le pape François passe-t-il outre à cette exigence ? On ne peut pas être sûr qu’il ne le fasse pas.
Il ajoute, au cours de l’entretien : « Les péchés les plus graves sont ceux qui se déguisent sous une apparence plus “angélique”. Personne ne se scandalise si je donne une bénédiction à un entrepreneur qui exploite peut-être les gens : c’est un péché très grave. Alors qu’ils sont scandalisés si je la donne à un homosexuel… C’est de l’hypocrisie ! Nous devons tous nous respecter. Tout le monde ! Le cœur du document est l’accueil. »
L’entourloupe du pape François
Il y a ici une entourloupe. Bénir une personne qui cherche à se rapprocher de Dieu n’a jamais posé de problème. L’Eglise bénit le pêcheur et non le péché. Le problème vient bien de la bénédiction donnée au couple. Par la confusion des mots et des situations, François a encore augmenté le chaos. Et on finit par se poser cette question : le prêtre ne peut-il « respecter » l’autre – le couple « autre », notamment – qu’en le bénissant ?
Finalement, cet entretien jette de l’huile sur le feu et il y a fort à parier qu’il renforce les différents évêques et conférences épiscopales qui ont rejeté l’idée de bénir des couples irréguliers ou homosexuels, comme le suggère Fiducia supplicans, dans leur opposition à François.
Notons cependant que des propos tenus de manière informelle devant un journaliste, fût-il prêtre et l’interlocuteur fût-il pape, ne relèvent en rien du Magistère.