François Hollande a déclaré lundi vouloir faire en sorte de doper la croissance économique – « je prendrai tous les risques » (sic !) –, de sorte qu’elle dépasse 1% en 2015 – taux qui constitue la prévision officielle – et en 2016. Avec, à la clef, une amélioration de l’emploi. Et, bien sûr, « audace » et « confiance » encore…
Invité dans les studios de France Inter – puisqu’il semble que, dorénavant, un président de la République s’y rende comme tout un chacun… –, François Hollande a ainsi déclaré : « Je fais tout pour que la croissance soit la plus haute possible en 2015 et en 2016, pour que nous ayons plus de 1% de croissance. (…) Et si nous avons plus de croissance, nous aurons moins de chômage. »
François Hollande et la croissance
A ce propos, le président de la République a donné une explication à la hausse du chômage, qui a été à l’encontre de ses promesses, voire de ses prédictions. « Nous avons moins de départs à la retraite que de jeunes qui arrivent sur le marché du travail, ça veut dire qu’il y a une montée continue des demandeurs d’emploi », a-t-il affirmé. Pour achever par cette affirmation corollaire : « Il faut créer de l’activité. »
François Hollande est bien bon. Se plaindrait-il, par hasard, d’un nombre grandissant de jeunes qui arrivent sur le marché du travail ? Et a-t-il réfléchi que, pour créer de l’activité en France, il faut peut-être commencer par ne pas céder des pans entiers de notre industrie, de nos entreprises à l’étranger ?
On a un peu l’impression que tous les problèmes sont la conséquence d’une mécanique contre laquelle le petit Poucet Hollande lutte de son mieux…
Mais il n’est donc pour rien dans la hausse du chômage ? Si le nombre de demandeurs d’emploi atteint désormais les 3.488.300 (!), c’est sans doute de la faute à la droite ? Enfin, il déclare tout de même en assumer la responsabilité.
Doper les recettes
En attendant, si son espérance quant à la croissance se réalise, les recettes supplémentaires iront en priorité à la baisse des déficits, déclare-t-il. Plutôt donc qu’à une baisse des prélèvements, qui n’est manifestement pas sa priorité : « Si la croissance est un peu supérieure, ça ira à la réduction des déficits parce que nous avons besoin de nous désendetter. Si ça se confirmait en 2016 et en 2017, (…) nous verrions ce que nous pourrions faire en terme de baisse de prélèvements. »
Dont acte…
Ceux-ci, cependant, ne devraient pas augmenter encore : « Maintenant que nous avons rétabli une partie de nos finances publiques, que nous avons lancé un plan d’économies de 50 milliards qui va s’appliquer cette année à hauteur de 21 milliards, il n’y a pas de raison de demander des prélèvements supplémentaires aux Français. » Encore heureux !
François Hollande, qui a parlé près de deux heures, a tenté de répondre sur tous les sujets. Sur un ton qui provoque manifestement de moins en moins l’enthousiasme. Mais sans jamais se remettre en cause. Ainsi, lorsqu’on lui demande s’il a pris « le bon chemin » pour redresser la France, il répond sans sourciller : « Nous le verrons à la fin, parce qu’un chemin, c’est là où il conduit, et je fais tout pour que la France soit plus forte et plus juste à la fin de mon quinquennat. » Et ce chemin, précise-t-il, vise à renforcer l’économie « sans mettre en cause les valeurs républicaines et le modèle social ». Toujours donc cette vieille inquiétude de l’homme de gauche vis-à-vis de l’économie…
En tout cas, ce n’est pas l’heure du bilan. Il ne pense pas même à la prochaine élection présidentielle de 2017. « je suis président de la République, je suis à mi-mandat, l’élection présidentielle c’est donc dans deux ans et demi, déclare-t-il. Eh bien, pour l’instant, je ne me préoccupe pas, croyez-moi, de l’élection présidentielle, je me préoccupe essentiellement des Français. »
Il n’y a sans doute pas que la femme de gauche Clémentine Autain à s’être étouffer avec sa cracotte en écoutant, ce matin, le chef de l’Etat. Heureusement pour lui, il ne pense pas à la prochaine présidentielle…
En avant dans la culture de mort…
Gardons pour la fin sa déclaration sur la fin de vie, parce que, en témoignant d’une volonté d’aller plus loin encore, François Hollande nous prépare, à défaut de sa réélection, des lendemains qui ne vont pas chanter. Il déclare :
« Décider de la mort est une question lourde, grave. J’ai pris un engagement. J’ai voulu qu’une réflexion soit engagée, qu’une solution de rassemblement soit trouvée. J’en suis arrivé à la position suivante : nous ne pouvons pas en rester à la loi actuelle. Nous devons faire deux avancées majeures. Que la volonté des malades soit respectée : toute personne pourra exprimer des directives sur ce qui doit être fait. Deuxième chose, même s’il n’y a pas eu de directive anticipée, il sera possible, dans certaines conditions, de faire entrer le patient en sédation profonde, puis d’arrêter les traitements. Apaisement des souffrances, respect des décisions des malades, ce sont deux grandes avancées. C’est la bonne position. »
Nouvelle progression de la culture de mort, donc. Avec une inquiétude grandissante quant aux « certaines conditions » évoquées : qui en décidera ? Et sous quelles raisons subjectives ?