« Fratello sole » : le pape François bâtit une centrale agrivoltaïque

Fratello sole François agrivoltaïque
 

Le pape François se serait-il trompé de jour ? Le 21 juin dernier, il apposait sa signature sous un nouveau Motu proprio publié cinq jours plus tard : Fratello sole (Frère soleil), mais le solstice d’été s’était produit la veille, le jeudi 20 juin. La proximité des deux dates est assez frappante pour que la référence à cet événement astronomique ne puisse être fortuite. Il s’agissait pour le pape d’annoncer la construction d’un « centre agrivoltaïque » dans la zone extraterritoriale de Santa Maria di Galeria au nord-ouest de Rome. En clair : l’installation de panneaux solaires pour assurer la « neutralité carbone » de la Cité du Vatican.

Le Motu proprio de François invoque d’emblée son encyclique Laudato si’ du 24 mai 2015, ainsi que l’adhésion du Saint-Siège à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le 6 juillet 2022, au service de la « maison commune » plusieurs fois nommées. Il faut toujours rappeler que cette expression a été installée dans le domaine public par Mikhaïl Gorbatchev…

« Il faut passer à un modèle de développement durable qui réduise les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, avec pour objectif la neutralité climatique. L’humanité dispose de moyens technologiques pour faire face à cette transformation environnementale et à ses conséquences éthiques, sociales, économiques et politiques pernicieuses, et parmi ceux-ci, l’énergie solaire joue un rôle clef », déclare le pape dans Fratello sole.

 

Fratello sole, une conséquence de Laudato si’

Ainsi donc, les vertes prairies de Santa Maria di Galeria, dont Pie XII avait obtenu en 1951 l’extra-territorialité afin d’implanter sur leurs 424 hectares désormais sous la souveraineté du Saint-Siège un nouveau centre d’émission et de transmission de Radio Vatican, aux portes du Grand Rome, vont-elles se couvrir de panneaux solaires productrices d’énergie intermittente. L’Osservatore romano illustre d’ailleurs sa publication de la Lettre apostolique sous forme de Motu proprio d’une photo montrant une grande étendue de ces panneaux pas forcément très écolos, par beau temps et de jour.

Va-t-on donc vers des coupures de courant au Vatican ? Comme rien ne permet d’affirmer que l’électricité produite à Santa Maria di Galeria sera directement acheminée à la Cité du Vatican qui en dépendrait exclusivement, on peut supposer que non, et que le territoire souverain continuera de se fournir en « jus » comme avant. Ce sont les calculs et les compensations qui prouveront sans doute la nouvelle vertu de neutralité des lieux.

Gageons que cette vertu-là figurera un jour dans les procès en canonisation, toutes choses étant égales par ailleurs !

 

François promeut l’énergie agrivoltaïque au nom de l’amour de la planète

Le pape précise en effet aux destinataires de la Lettre, le cardinal Fernando Vérgez Alzaga, président du gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, et Mgr Giordano Piccinotti, président de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique, ses « chers confrères », que cette centrale qu’il leur demande de construire « assurera non seulement l’alimentation électrique de la station de radio qui s’y trouve, mais aussi la subsistance énergétique complète de l’Etat de la Cité du Vatican ».

Mieux vaut faire une telle annonce lors du solstice d’été, en effet (lorsque les journées sont longues dans l’hémisphère nord) qu’au cœur de l’hiver…

On apprend sur le site de l’Etat du Vatican que la construction de la centrale correspond à « l’adoption de modes de vie durables et à la promotion de la sobriété dans l’utilisation des ressources et de l’énergie, comme un acte d’amour envers la planète et envers nos frères » voulue par Laudato si’. Amour de nos frères, de la planète et de Frère soleil, en somme c’est tout un. Et c’est bien le problème : s’appuyer sur l’accusation de l’homme comme responsable du « changement climatique » pour promouvoir ce type de choix sous-tendu par une sorte de personnification de la nature aux relents païens.

 

Des panneaux solaires pour le pape François

On apprend aussi dans le projet pontifical que :

« Les panneaux solaires sont positionnés sur des supports surélevés qui permettent la culture du terrain sous-jacent, offrant un minimum d’ombrage et garantissant les conditions de croissance des plantes. Dans le même temps, ils offrent une protection contre les événements climatiques extrêmes [ce n’est pas sûr, NDLR] et contribuent à stabiliser les conditions environnementales. De cette manière, les terres peuvent être utilisées à la fois à des fins agricoles et d’élevage, ainsi qu’à la production d’énergie.

« De plus, l’installation d’un système photovoltaïque produit de l’énergie verte à faibles émissions de carbone, puisqu’aucune combustion n’est nécessaire pour la produire. Il faut également considérer que la durée de vie d’un système solaire est estimée à environ 25-30 ans et qu’à la fin, il peut être complètement démantelé. En revanche, l’impact sur la pollution est minime, car le silicium, composant utilisé dans la technologie photovoltaïque, est produit à partir de sable, abondant sur la planète. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la production d’énergie solaire n’a aucun impact sur les aquifères ou les eaux de surface des terrains sur lesquels elle est installée. De plus, il s’agit d’une technologie silencieuse, contrairement à l’énergie éolienne. »

A quand une condamnation pontificale de l’éolien ? Ce serait drôle…

Le communique de l’Etat du Vatican conclut : « Un élément important à souligner est que l’électricité produite est réintroduite dans le réseau électrique. »

Encore heureux ! Qu’en faire d’autre ?

 

Anne Dolhein