Gauche et droite se déchirent sur la prostitution

Gauche et droite se déchirent sur la prostitution
 
Majoritaire à l’Assemblée, la gauche entend supprimer le délit de racolage pour ne pénaliser que les « clients » des prostituées. Au Sénat, la droite, qui y tient majeure place cette fois, détricote le projet. Et les socialistes hurlent à la régression…
 
Le 4 décembre 2013, les députés avaient adopté en première lecture une proposition de loi du groupe socialiste qui supprimait le délit de racolage et sanctionnait les clients des prostituées d’une amende de 1.500 euros. Si on y adjoint le tarif de la professionnelle, la prestation devient un luxe…
 
Mais le Sénat, où la droite est redevenue majoritaire en septembre dernier, l’a votée mardi matin – quand on fait le trottoir, il faut savoir être patient – par 165 voix contre 44. Mais en rétablissant le racolage.
 
« Les efFronté-e-s » – dont personne ne s’étonnera d’apprendre qu’il s’agit d’une association féministe… – a aussitôt accusé le Sénat de vouloir « criminaliser les personnes prostituées via le délit de racolage passif et de déresponsabiliser totalement les clients prostitueurs ».
 
Le touchant Mouvement du Nid, qui prône l’abolition de la prostitution, a qualifié le choix du Sénat de « réac’, déshonorant et irresponsable ».
 

Gauche et droite se déchirent

 
Et ainsi de suite jusqu’au Parti socialiste, qui s’insurge contre une « régression scandaleuse », qui n’apporte aucune réponse aux problèmes de la prostitution.
 
Parce que faire payer les clients, mais pas les professionnelles, ça règle quelque chose ?
En attendant que l’Assemblée réétudie le cas – cet été, quand les bancs du Palais-Bourbon seront vides… – c’est-à-dire rétablisse son texte en l’état précédent, et ainsi de suite. Mais qu’importe la seconde lecture du Sénat, puisque, de toute façon, l’Assemblée aura le dernier mot ?
 
Précisons que, selon un rapport de la commission spéciale de l’Assemblée, quelque 20.000 personnes se prostituent en France, dont 85 % de femmes ; parmi celles-ci, le taux d’étrangères est désormais de 90 % – la plupart venant de Roumanie, de Bulgarie, du Nigeria et de Chine.
 

Quel statut pour la prostitution ?

 
On peut s’interroger sur la tactique de la gauche. En ne faisant plus payer la prostituée, les socialistes vont favoriser une immigration charnelle, les filles considérant qu’il peut être plus intéressant d’aller vendre ses charmes en France, plutôt qu’ailleurs.
 
Mais, si le but est de considérer ces professionnelles à l’égal des autres travailleurs pourquoi, dans ce cas, pénaliser – le cas du « prostitueur » étant mis à part – le client ? Ce qui, bien évidemment, le fera fuir. C’est un peu comme certains livres qui sont interdit à la vente, mais que l’on a le droit d’éditer…
 
En clair, si ces gens n’ont rien contre la prostitution – tout contre, pour plagier Sacha Guitry… –, qu’on ne pénalise personne. Mais si la prostitution est condamnable que l’on condamne tout le monde.
 
Car, si la loi venait à passer en l’état, de quoi ces dames vivraient-elles ? D’allocations ?