Au micro des médias, le général Piquemal se désolidarise de « Pegida »

général Piquemal Pegida
Le général Piquemal lors de la manifestation de Pegida à Calais, devenu un homme sous forte pression.

 
La comparution immédiate du général Christian Piquemal, arrêté samedi pour « participation à un attroupement qui ne s’est pas dissous après sommation », s’est soldée, lundi, par un report. Il manifestait à Calais aux côtés du mouvement « Pegida » contre l’islamisation et l’invasion migratoire – manifestation interdite par les autorités.
 
Si son courage est foncièrement à saluer, il n’en faut pas moins souligner la force de persuasion-contrainte des politiques : dès lundi soir, au micro de RTL, il disait « regretter » sa participation et plaidait une relative ignorance.
 

Report du procès au 12 mai

 
Le tribunal de Boulogne-sur-Mer ne se penchera donc que le 12 mai sur son cas. Et pour cause : le général Piquemal a été tant malmené et éprouvé par cette violence injustifiée – à 75 ans – qu’il en a a fait un malaise et a dû être transféré à l’hôpital pour analyses. Son avocat, Me Denis Tailly-Eschenlohr, souligne avec aigreur « que Mme Danièle Mitterrand a participé, par le passé, à des manifestations interdites, sans être maltraitée » de la sorte…
 
Mais la « faute » n’est assurément pas la même.
 
Plusieurs peines de prison ferme, d’ailleurs, ont été prononcées contre les autres prévenus arrêtés par les forces de l’ordre, allant de deux à trois mois. Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer a dénoncé « le rôle principal » joué par le général – il encourt un an de prison ferme.
 

Scandaleuse répression

 
Évidemment que la réaction policière et politique a été largement, scandaleusement disproportionnée – il fallait un exemple. Elle a été prévue et orchestrée par les pouvoirs régionaux, du sénateur maire de Calais, Natacha Bouchard, au directeur de cabinet du préfet du Pas-de-Calais, sans doute même aussi par le « président » de la région Nord-Pas-de-Calais, Xavier Bertrand.
 
Ils sont allés jusqu’à engager des policiers municipaux dans la répression de la manifestation, ce qui est scrupuleusement interdit par la loi – le Syndicat de défense des policiers municipaux a d’ailleurs porté plainte. Pas assez de policiers ou de CRS, sans doute, occupés qu’ils sont tous, dans l’immense et violemment illégale, celle-là, jungle de Calais, située à moins de 500 mètres de leur petite manifestation pacifique de 150 personnes…
 
Et on inflige de la prison ferme pour des gens qui n’ont utilisé aucune arme de résistance ou d’offensive (comme le leur avait recommandé le général). Quand les « No Borders », ce groupe d’anarchistes gauchistes, cette association non déclarée qui manipule, met en scène et exacerbe la violence des migrants dans des manifestations houleuses et des opérations dangereuses (comme celle du 23 janvier dernier) restent impunis et même tolérés…
 
Le message de la justice française flirte avec celui de la loi de la jungle. Elle choisit ses contrevenants, rapport à l’idéologie que la République veut véhiculer – le général Tazin a dénoncé « une démonstration de force à l’égard des généraux ».
 

« Pegida » : « Personnellement, je n’aurais pas voulu les voir sur place »

 
Reste que la pression des autorités semble déjà faire son effet. Dès lundi soir, l’avocat du général Piquemal est passé au micro de RTL, puis son client lui-même. Le général a axé sa « défense » sur son « regret » d’avoir participé, non pas tellement à une manifestation interdite, mais à une manifestation organisée par « Pegida », avec qui il a affirmé ne partager « aucun lien ».
 
« Cette manifestation, ce n’est pas moi qui l’ai organisée (…), elle avait commencé bien avant que j’arrive ». Il avance pour preuve que c’est le président de « Pegida » qui avait déposé l’avis de manifestation en préfecture, le premier. Lui-même, en tant que président d’un « cercle de citoyens patriotes », voulait simplement « reconnaître les lieux et voir s’il n’y avait pas des solutions pérennes à mettre en place » – pour la jungle.
 
« J’aurais préféré qu’on soit seuls car ça ne se serait pas passé comme ça. On n’est pas racistes, islamophobes ou xénophobes. J’ai commandé la Légion étrangère pendant 5 ans, il y a 140 nationalités dedans. Donc s’il y a bien quelqu’un à qui on ne peut pas reprocher d’être raciste, c’est bien moi ».
 
Au procès, le 12 mai prochain, « je dirai pourquoi, à mon avis, ce qui a été dit sur mon compte ne correspond pas à la réalité. On a été au même endroit que « Pegida », mais c’est une rencontre qui est fortuite et ne correspond pas à l’intention que nous avions ».
 

La drôle de défense du général Piquemal

 
Volte-face ? Rétropédalage ?
 
On ne peut mettre en doute le courage du général Piquemal dans cette prise de risque assumée que constituait sa participation à cette manifestation. Clairement engagé contre « le déclin et la décadence de la France », à tous niveaux, cet ancien chef de la Légion étrangère, ancien de Bosnie et du Tchad, a d’ailleurs reçu un nombre de soutiens considérable – encore que les hauts gradés se partagent, fatalement.
 
Mais force est de reconnaître que le pouvoir semble avoir eu gain de cause en le mettant en porte-à-faux avec « Pegida ». Lundi soir, le général a concentré sa défense sur sa désolidarisation d’avec ce mouvement « xénophobe, voire fasciste ». Alors que ce mouvement du 6 février, n’était organisé qu’entre autres par « Pegida », porté aussi qu’il était par l’initiative européenne « English Defense League Tommy Robinson » regroupant quatorze pays sur le thème : « Sauvons notre pays, sauvons notre culture, sauvons notre futur ».
 
Étonnamment, il n’a pas cité cette dernière. Les raisons profondes de son geste sont médiatiquement passées à la trappe – le piège a fonctionné.
 
Il faut prendre garde. Si « Pegida » porte certaines aspirations bien légitimes et très compréhensibles dans la réalité de l’actualité, il en véhicule d’autres aussi, très tendancieuses – son fondateur, Lutz Bachmann, déjà condamné pour braquage et trafic de drogue, demeure un drôle de personnage – et ce fonds idéologique est largement utilisé, peut-être même entretenu de l’intérieur, par ses propres opposants : il faut aux gouvernants une « extrême-droite » radicale, aisément condamnable… de laquelle les idées nationales patriotiques véritables ne puissent sortir que désespérément entachées.
 

Clémentine Jallais