La globalisation va aggraver le « réchauffement climatique », selon des analystes

globalisation aggraver réchauffement climatique
 
Laissons de côté la question de savoir si le réchauffement climatique est une menace réelle ou une vaste fumisterie aux relents politiques (qu’il est pourtant facile de constater) : la nouvelle du jour, c’est que des universitaires spécialistes du « changement climatique » prévoient une aggravation du phénomène en raison précisément des nouvelles tendances de la globalisation. Le problème vient, disent-ils, du basculement de la production mondiale vers des pays aux salaires encore plus bas que ceux de la Chine et de l’Inde, mais également lourdement dépendants du charbon, énergies fossiles réputées contribuer largement au réchauffement par émission de gaz à effet de serre.
 
Après avoir fait de la Chine « l’atelier du monde », la marche forcée vers la mondialisation, propulsée par la recherche de coûts de fabrication toujours plus bas, entraîne déjà les industries du textile et de l’habillement, de l’électronique simple et d’autres produits ne nécessitant pas une haute technologie vers le Vietnam, l’Indonésie et d’autres pays. Faisant déjà largement appel aux énergies fossiles, ils ont en commun d’avoir à cette fin prévu d’augmenter leurs capacités énergétiques en construisant de nouvelles usines à charbon.
 

Le réchauffement climatique, conséquence de la globalisation ?

 
Dabo Guan, professeur de l’économie du changement climatique à l’université d’East Anglia Royaume-Uni, assure dans un article paru dans Nature Communications que cette tendance pourrait « sérieusement entraver les efforts internationaux en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre ». Tout dépendra, pense-t-il, de la manière dont se déroulera la prochaine phase du « développement économique global ».
 
Aux termes de l’étude qu’il a menée avec Jing Meng de l’université de Cambridge, la nouvelle mondialisation s’installe de manière spectaculaire. Entre 2005 et 2015, les échanges entre pays en voie de développement ont progressé trois fois plus vite que l’augmentation de 50 % enregistrée dans le commerce international global. En 2014, les échanges « Sud-Sud » représentaient déjà 7.800 milliards d’euros, « signe d’une fragmentation des voies d’approvisionnement globales », affirme Dabo Guang.
 
Il appartient selon lui aux pays du « Sud » de « coopérer » pour éviter un scénario catastrophe. Et ce d’autant qu’une autre étude montre que les projets de développement des usines énergétiques au charbon en Turquie, en Indonésie, au Vietnam et d’autres économies émergentes de deuxième génération devraient annuler les efforts réalisés en Chine et en Inde pour diminuer le recours à ces formes d’énergie. La Chine, rappelons-le, représente actuellement 30 % des émissions de CO2 dans le monde. Et si elle affiche des efforts sur le plan domestique, elle investit de plus en plus dans la construction d’usines à charbon à l’étranger.
 
L’Egypte, en particulier, a multiplié depuis 2016 son budget prévisionnel pour le charbon par huit ; au Pakistan, il est prévu de le doubler.
 

Aggraver la globalisation pour augmenter les mesures mondialistes contre le réchauffement climatique

 
Jan Steckel du Mercator Research Institute de Londres reconnaît en substance que cela est inéluctable. « Bien que les coûts des renouvelables aient chuté récemment, ils ne sont toujours pas concurrentiels par rapport au charbon bon marché dans de nombreuses régions du monde », souligne-t-il.
 
Il y a fort à parier qu’au nom de « l’équité » Nord-Sud, ces investissements et ces émissions supplémentaires seront « excusés » par les instances internationales qui demanderont un petit effort de plus aux nations développées – au détriment de leurs économies pourtant nettement plus « propres ».
 
Ce ne serait jamais que le renouvellement d’un scénario qui s’est déjà produit : pendant que l’Europe et les Etats-Unis et l’Occident en général se débarrassaient des énergies les plus polluantes (vraiment polluantes, pour le coup), la Chine était artificiellement propulsée sur le devant de la scène industrielle, bénéficiant notamment de l’avantage de l’absence de normes coûteuses pour asseoir sa domination.
 
Aujourd’hui, on crie au réchauffement climatique pour justifier de nouvelles normes encore plus coûteuses, mais à supposer qu’il existe, il a été largement causé par cette politique dont il est difficile de croire qu’elle n’a pas été délibérée. L’art de gouverner à la fois les causes et les effets, et vice versa.
 

Anne Dolhein