Austérité : la Grèce dit « non » à l’Union européenne et au FMI

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Face à un peuple en colère et qui appelle à la « fin de la pauvreté », le gouvernement grec a rejeté un nouvel alourdissement de sa fiscalité et des baisses de revenus, en clair un renforcement de l’austérité demandé par l’Union européenne et le FMI, afin de permettre à la Grèce de sortir, avant la fin de l’année, soit plus tôt que prévu, du programme d’aide international qu’elle subit depuis de trop longs mois, de trop longues années. Ce sera donc « non », a annoncé mardi le Premier ministre Antonis Samaras, qui a estimé que l’adoption de nouvelles mesures en ce sens aurait un impact désastreux sur son pays qui émerge d’une profonde récession : « Alors que nous négocions notre dernière évaluation, nos créanciers ont fixé des conditions comprenant des hausses d’impôts et des baisses de revenus mais nous les avons rejetées. »
 
Voilà qui ne va pas faciliter les négociations, déjà délicates, avec les bailleurs de fonds internationaux. D’ores et déjà, ceux-ci ont fait savoir à Athènes qu’ils n’enverraient pas, dans ces prochains jours, la mission d’inspection initialement prévue. Inspecter quoi, en effet, si le gouvernement et les institutions internationales ne parviennent pas à se mettre d’accord avant la date-butoir du 8 décembre ? Un désaccord qui porte notamment sur le montant du déficit budgétaire prévu pour l’année prochaine… même si les dirigeants du pays acceptent encore de discuter sur des mesures connexes, jugées largement insuffisantes par les créanciers internationaux, comme la réforme des retraites ou la TVA dans le secteur de l’hôtellerie.
 
 

Le « non » de la Grèce à l’austérité

 
« Je ne peux pas accepter des pressions illogiques. (…) La Grèce a déjà beaucoup fait », a rétorqué, en mettant une sorte de point final à la discussion, le Premier ministre lors d’une conférence économique devant la chambre de commerce gréco-américaine.
 
Pour ne pas braquer totalement ses interlocuteurs, il a néanmoins ajouté que, si son gouvernement ne parvenait pas à équilibrer son budget en 2015, il prendrait de nouvelles mesures supplémentaires. Mais, a-t-il expliqué, l’incertitude politique est telle en ce moment qu’accepter de nouvelles mesures d’austérité serait mettre le feu aux poudres.
 
 

Tant pis pour l’Union européenne, tant pis pour le FMI…

 
Il est vrai que les Grecs n’en peuvent plus, et qu’ils font porter la responsabilité d’une situation délétère au gouvernement d’Antonis Samaras, même si celui-ci n’a guère eu le choix, jusqu’ici, de refuser le plan d’aide international.
 
Désormais, c’est différent : il veut en sortir au plus vite, et coûte que coûte – sans attendre, en tout cas, l’échéance prévue de 2016. C’est-à-dire avant l’échéance de l’élection présidentielle de février, qui risquerait, autrement, de tourner au jeu de massacre. Avec, en filigrane, le risque pour lui mortel d’élections législatives anticipées. Différent donc, mais en pire !
 
Face à ce danger, on comprend qu’Antonis Samaras se soit présenté comme « le gardien de la dignité nationale », demandant à ses interlocuteurs de « respecter sincèrement cette dignité ».
 
Mais, avant de se demander si les représentants des institutions internationales avec lesquelles il est en discussions lui gardent quelque crédit, il lui reste d’abord à savoir si les Grecs y croient encore…