On a souvent dit que les objectifs du développement durable (ODD) qui forment la trame du programme 2030 de l’ONU avaient pour objectif une redistribution socialiste de la richesse mondiale depuis les pays riches vers les pays pauvres. C’est une trame que l’on retrouve dans le discours woke aussi bien que dans les réclamations visant les torts supposés de la colonisation par les nations occidentales, ou encore dans le discours anti-européen fomenté et alimenté par la propagande russe dans des pays africains ou sud-américains. Cette recherche de transfert de richesse est également omniprésente dans les programmes de compensation pour « l’injustice climatique », où les pays « riches » sont invités à indemniser les torts causés par le réchauffement climatique dont ils sont tenus pour responsables et dont on nous dit qu’ils frapperont en priorité les pays en développement. Et ne parlons pas de l’inflation. Corollaire de tout cela : la marche vers l’appauvrissement dans les pays « bourreaux », étant entendu que ce dernier doit frapper d’abord les classes moyennes et pauvres, et les très riches ont le plus souvent de meilleures armes pour se défendre…
Pour ceux qui hésiteraient à croire en la réalité de cette politique, un article récemment paru dans le Telegraph de Londres en donne une illustration a posteriori fort intéressante.
Les classes moyennes s’appauvrissent en Europe occidentale
S’appuyant sur les données officielles, des instituts statistiques nationaux ainsi que de l’Union européenne, le National Institute of Economic and Social Research (NIESR) du Royaume-Uni assure que la Grande-Bretagne « n’est plus un pays riche » après 15 ans de stagnation qui ont fait « plonger le niveau de vie » dans le pays. Certaines parties du Royaume-Uni – comme la région de Birmingham et le Nord-Est de l’Angleterre – sont désormais en moins bonne forme que les zones les plus pauvres de pays comme la Slovénie ou la Lituanie.
Ainsi, un travailleur britannique moyen gagnerait 4.000 livres (4.750 euros) de plus par an en 2025 par rapport à ce qu’il touche effectivement si la productivité et les salaires avaient progressé de la même manière qu’aux Etats-Unis. Cette situation de quasi-stagnation des salaires en termes réels au cours des 10 dernières années, qui va de pair avec une baisse des aides sociales, est ainsi résumée par l’économiste Max Mosley du NIESR : « Nous ne créons ni la prospérité par des salaires élevés, ni la sécurité grâce à l’aide sociale. »
Et c’est logique : quel que soit le jugement que l’on porte sur l’aide sociale aux plus démunis, elle ne peut exister que si la population au travail la finance.
Le Royaume-Uni et la France voient les revenus réels chuter
Certains pays de l’ancien bloc soviétique, historiquement au bas de l’échelle, offrent désormais un niveau de vie moyen presque égal à celui que l’on peut trouver dans la puissante Albion. Au Royaume-Uni, les revenus réels moyens n’ont progressé que de 6,6 % depuis 2007, juste avant la grande crise financière. Ils avaient augmenté de près de 20 % sur les sept années précédentes.
Beaucoup de facteurs sont à l’œuvre. Au Royaume-Uni, les seuils d’imposition avant de passer dans une tranche plus lourdement imposée au titre de l’impôt sur le revenu ont été gelées jusqu’en avril 2028, dans un contexte qui reste inflationnaire. On ne connaît pas le concept de quotient familial et les allocations sont limitées aux deux premiers enfants (à moins pour la femme de prouver qu’elle n’avait pas eu l’intention de tomber enceinte d’un enfant ultérieur), ce qui expose tout particulièrement les familles à l’appauvrissement. Cela représente tout de même une économie de 2 milliards de livres par an en dépenses publique – ou plutôt sur le dos des familles.
Alors que la volonté d’augmenter des dépenses militaires est sur toutes les lèvres, voilà encore plus de revenus qui vont être prélevés sur le contribuable ordinaire.
Et à cela s’ajoutent les innombrables exigences liées à la transition énergétique qui pèsent si lourd dans les dépenses imposées au citoyen : sur ce chapitre, le Royaume-Uni est particulièrement exposé. Le « net zéro » gonfle les prix et la délocalisation de la production vers les pays en développement continue de peser sur l’emploi.
Les plus pauvres s’appauvrissent aussi
Un graphique réalisé par le NIESR et publié par le Telegraph est particulièrement révélateur. Il affiche l’évolution du revenu moyen réel des 10 % les moins fortunés de la population depuis 1996. Au Royaume-Uni il a grimpé fortement jusqu’en 2007, puis est retombé, perdant plus de 10 % de 2007 à 2009. La remontée subséquente a été modeste et heurtée, dépassant à peine la moyenne de 9.000 livres de revenus annuels pour cette catégorie atteints en 2007, et rechutant de manière plus rapide depuis 2018.
A titre de comparaison, la Finlande est passée pour ses 10 % les plus pauvres d’un peu plus de 6.500 livres par an à près de 12.000 en 2018 (cela baisse depuis lors). La France est partie d’encore plus bas après de 6.000 livres en 1996 (environ 7.150 euros) pour arriver à un peu plus de 11.000 livres (13.000 euros) en 2018, avant d’entamer une baisse très rapide (près de 12.250 euros de revenu moyen comptabilisés à l’aube de 2020). Des pays comme Malte ou la Slovénie, pour lesquels les données sont prises en compte depuis 2005, la progression a été rapide jusqu’à lors, et continue.
On dira qu’il s’agit là des plus pauvres. Mais les pauvres sont d’autant plus pauvres que les riches sont moins riches…