Une étude du World Economy Institute (HWWI) annonce la fin prochaine de la domination économique de l’Allemagne alors que le taux de natalité continue de s’effondrer : le pays entre de plain-pied dans son hiver démographique avec toutes les conséquences néfastes que cela entraîne. En 1995, sa population en âge de travailler avoisinait en 1995 les 105 % de ce qu’elle était en 2014 : en 2030, elle sera tombée à un peu plus de 85 % de ce chiffre selon les projections actuelles. Soit une perte nette de 6 millions de travailleurs d’ici à quinze ans. La population totale devrait tomber de 81 millions d’âmes aujourd’hui à 67 millions en 2060.
Le taux de natalité de l’Allemagne s’est effondré pour atteindre la plus forte baisse démographique au monde : le nombre de naissances pour 1.000 habitants est tombé à 8,2 en 2013. Chaque année d’« hiver » ne fait que multiplier les dangers de la situation, puisque ces enfants auront eux-mêmes moins d’enfants, entretenant un phénomène de décroissance exponentielle… L’Allemagne fait aujourd’hui moins bien que le Japon : dès 2020, la population active allemande devrait décroître plus vite que celle de l’Empire du Soleil levant.
La domination économique de l’Allemagne : danse au bord d’un volcan ?
« Aucun autre pays industrialisé ne se détériore à cette vitesse malgré un fort afflux de jeunes travailleurs migrants. L’Allemagne ne peut continuer d’être un centre d’affaires dynamique sur le long terme sans un fort marché de l’emploi », prévient le HWWI.
Le rapport accuse le « Pillenknick » : cette inflexion subite et importante de la courbe de la natalité qui coïncide avec l’arrivée de la pilule contraceptive en 1965 – « la pilule anti-bébé » comme disent les Allemands. Après le babyboom d’après-guerre, cet effondrement complique gravement la situation : l’explosion des naissances alors assure la présence d’une importante population âgée, et les jeunes ne sont pas au rendez-vous, que ce soit pour prendre leur relais ou pour prendre soin de leurs vieux jours. Le HWWI rappelle que selon les projections de l’ONU, la proportion des 20-65 ans en Allemagne, qui est aujourd’hui de quelque 61 %, sera tombée dès 2030 à 54 %. En clair : cela laisse un actif pour un dépendant.
« Conséquence inévitable : le coût du travail menacent de s’élever encore davantage », annonce un des auteurs du rapport, qui voit aussi poindre de nouveaux et plus âpres débats sur l’immigration dans un contexte où le recours à la main d’œuvre étrangère ne pourra être évité.
L’hiver démographique allemand entraîne une « spirale du déclin » vers la fin de la domination économique
L’hiver démographique annonce déjà une « spirale du déclin » dans certaines poches de l’ex-Allemagne de l’Est où des villes perdent leurs médecins, leurs magasins, leurs transports publics, poussant les « survivants » à déménager : la Poméranie, la Saxe, le Brandebourg prévoit déjà la « fermeture » pure et simple de certaines petites villes.
A en croire l’article du Telegraph qui rend compte du rapport, les leaders allemands eux-mêmes ont « une conscience aiguë du problème » : ils savent que « leur actuelle position d’hégémonie en Europe est pour la plus grande part un mirage, qui va certainement s’effacer à mesure que des courants historiques plus puissants font sentir leurs effets ». Conscients ? Peut-être. Mais on ne peut pas dire que la natalité soit soutenue en Allemagne. Son hiver démographique risque d’être une défaite bien plus lourde que celle qu’elle a subi en 1945…
Le rapport du HWWI dénonce le « danger fiscal » que constitue la situation actuelle, les rares actifs étant toujours plus imposés pour subvenir aux besoins des inactifs toujours plus nombreux, et le « danger à long terme pour la capacité des firmes allemandes à innover et à développer de nouveaux produits ». L’Allemagne vivra sur les acquis de sa créativité et de son capital intellectuels passés, mais cette réserve se videra à mesure de la progression de l’hiver démographique.
Le HWWI ne voit qu’une solution (on la voyait venir) : l’ouverture encore plus grande des frontières à l’immigration – une solution de plus en plus rejetée par les Allemands qui suppose qui plus est que les immigrants aient les mêmes compétences et la même faculté d’assimilation que les Allemands – et, comme le prône le Fonds monétaire international, davantage de dépenses aujourd’hui pour préparer le vieillissement de demain, alors que « des pans entiers du système des canaux, du rail et des infrastructures nationales s’écroulent » déjà.