François Hollande : sa démocratie « revisitée » n’est qu’un constat d’échec

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Les effets d’annonce, à défaut de candidature officielle, ne lui suffisant plus, François Hollande prétend désormais revisiter la démocratie. C’est du moins ce que le président de la République a déclaré au cours d’un discours prononcé jeudi à l’hôtel de Lassay, qui est la résidence du président de l’Assemblée nationale. Il n’est pourtant, à sept mois de la présidentielle, que de dresser le bilan de son quinquennat pour noter qu’il fut un lamentable échec. Un constat qui devrait, si nous vivions une époque normale, le disqualifier définitivement, quelle que soit désormais sa prétention politique.
 
Le président Hollande ne l’ignore pas tout à fait qui a défendu, dans son propos, des institutions françaises « solides et adaptées ». Faudrait tout de même savoir… Pourquoi alors les revisiter, sinon parce que notre déchéance actuelle porte la marque manifeste de son incompétence ? Et celle de quelques autres…
 
François Hollande a noté des élus « jugés toujours plus loin des citoyens », et « des procédures trop lentes », raisons – parmi d’autres – qui explique, selon lui, le « silence assourdissant » de l’abstention.
 

François Hollande propose une démocratie « revisitée »

 
Que propose François Hollande ? Un débat à l’Assemblée sur la base d’une pétition de 500.000 signatures, une consultation nationale sur plusieurs questions à la fois, un allègement de la procédure d’organisation du referendum d’initiative populaire, le non-cumul dans le temps à trois mandats successifs pour les parlementaires et les exécutifs locaux, etc.
 
Il va de soi que de telles propositions, si elles venaient à être présentées d’abord, adoptées ensuite, ne pourrait pas l’être avant le prochain quinquennat. Alors, qui les présente ? Le président de la République ? Ou le candidat qui se dissimule mal derrière lui ?
 
François Hollande oscille mal entre les deux. Le président, c’est son rôle, entend conserver intactes les institutions dont il est le garant. Le candidat, c’est son espoir, voudrait bien cependant les assaisonner à sa façon, histoire de promettre plus qu’il n’a réalisé jusqu’ici et, pourquoi pas ?, marquer l’histoire de son époque.
 
Le chemin de la mémoire des générations à venir est pourtant délicat. De Gaulle avait eu sa Ve République, et d’aucuns, aujourd’hui, rêvent de lui faire succéder une VIe. Une peu comme, dans certaines entreprises, on dépose le bilan pour, en se déchargeant du passif, prétendre repartir du bon pied. Encore faut-il avoir un projet.
 
Hollande n’a qu’un bilan médiocre. Et la sauce dont il prétend accommoder l’avenir ressemble trop au brouet quelconque dont on arrose d’ordinaire les mauvais plats…
 
Qu’on en juge !
 

La courbe mauvaise du chômage

 
François Hollande n’a cessé de nous promettre une correction de la courbe du chômage. Quelques légères améliorations survenues enfin ces derniers mois ont été anéanties par un bond au mois d’août 50.200 chômeurs supplémentaires !
 
Catastrophe ! Mais comme la gauche n’envisage apparemment pas de meilleur candidat que l’actuel locataire de l’Elysée – faut-il qu’elle soit tombée bas ! – on commence à trouver des formules. Ainsi, le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, n’a pas hésité à déclarer : « Je ne crois pas qu’on puisse décider d’une candidature à l’élection présidentielle sur ce seul critère. » Pourquoi l’avoir fait en ce cas ?
 
Il y a pire cependant. Le ministère du Travail n’a voulu voir dans ce chiffre qu’un « trou d’air conjoncturel » !
 
On ne pouvait, certes, guère s’attendre à autre chose de l’équipe de Myriam El Khomri. Cependant, si les Français sont encore des hommes debout, on peut affirmer que la gauche vient ainsi de perdre 50.200 voix, et celles de tous ceux qui auront été indignés par une telle déclaration.
 
De l’air ? Oui, et vite !
 

Les calculs de Bercy

 
Autre exemple : Michel Sapin, ministre de l’Economie et des Finances depuis qu’Emmanuel Macron a quitté le radeau gouvernemental, a déclaré « sérieux » son projet de budget pour 2017, et confirmé ses objectifs de baisse du déficit public.
 
Le ministre a tout de même été obligé d’admettre que, sur les 50 milliards d’économies budgétaires que le gouvernement s’était engagé à mettre en œuvre sur les trois dernières années du quinquennat, il n’en ferait en définitive que 46, du fait notamment de l’impératif sécuritaire.
 
Admettons ! Mais en réalité le gouvernement a eu un coup de chance énorme, parce que 6 de ces 46 milliards d’économies sont le produit mécanique de la baisse des taux d’intérêts, grâce auxquels le montant des remboursements de la dette publique a diminué. En réalité, l’action du gouvernement n’aura donc produit que 40 milliards d’économies réelles.
 

Les postes de Najat

 
Dernier exemple, celui des 60.000 postes créés dans le domaine de l’éducation au cours du quinquennat. On n’évoquera pas ici la pertinence de ceux-ci. Mais il y a tout de même de quoi doucher les déclarations enthousiastes du ministre de tutelle, Najat Vallaud-Belkacem.
 
Certes, les postes apparaissent, par le biais des crédits, dans les lois de finances de ces dernières années. Mais, si l’on en croit notamment le rapport du comité de suivi de la loi sur l’école publié en début d’année, les plaintes sur le manque d’enseignants n’ont pas changé.
 
Alors ?
 
Alors le ministère inclut dans son calcul les stagiaires (26.000 tout de même), des personnels non-enseignants : administratifs, médicaux, sociaux, et autres contractuels divers. Bref, ledit comptage a fait bondir les syndicats, qui ont dénoncé un changement opportuniste de mode de calcul.
 
Au final, il ne reste que 20.600 postes d’enseignants titulaires, quand, affirment encore les syndicats, dans le même temps, soit depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir, les écoles primaires, à elles seules, ont scolarisé 66.000 élèves supplémentaires. Quant aux collèges et lycées, on dénombre 39.000 élèves de plus à la rentrée 2015, et 53.000 cette année…
 

Constat d’échecs successifs

 
On arrêtera là cette énumération des échecs de la politique hollandienne. On notera que jeudi, dans son discours, François Hollande affirmait, en pensant à certains de ses futurs vraisemblables adversaires et aux projets qu’ils défendent : « Ils se disent qu’en contournant le Parlement pour mettre en cause le modèle social, ils pourraient contourner le peuple, mais ils vont le retrouver dans la rue. »
 
Et d’ajouter : « On n’échappe pas à ce contrôle du peuple. »
 
Ce qui vaut pour les projets vaut plus encore pour un bilan.
 
On ne sait si François Hollande y a songé. On espère en tout cas que le peuple tant évoqué en aura pris conscience…
 

Hubert Cordat