François Hollande n’entend être jugé que par l’avenir

Hollande jugé avenir
 
Lundi, à l’occasion de la sixième conférence de presse de son quinquennat, François Hollande s’est engagé à agir jusqu’au bout de son mandat, « sans calcul, ni répit », même s’il entend être « à la hauteur » en 2017. Pour cette même raison, il n’entend être jugé que par les générations à venir, c’est-à-dire par l’avenir.
 
Evoquant d’abord la politique internationale – dans laquelle la position de la France, il faut bien le reconnaître, est parfois délicate… – le président a annoncé sa décision que des « vols de reconnaissance » français au-dessus de la Syrie puissent conduire à des « frappes » contre l’Etat islamique.
 
Quant à l’autre versant de cette situation catastrophique, à savoir la question des migrants, François Hollande a déclaré que la France accueillerait 24.000 réfugiés syriens supplémentaires sur deux ans dans le cadre d’une répartition européenne des candidats. Et donc, a priori, dans l’esprit des quotas mis en place par la Commission européenne.
 

Le président de la République n’entend être jugé que par l’avenir

 
Face aux réactions diverses que suscitent ces arrivées, le chef de l’Etat a convoqué « l’Histoire », pour évoquer « responsabilité » et « humanité ». « On est jugé par ses enfants et ses petits-enfants », a-t-il précisé, invitant chacun à « être à la hauteur des choix que nous aurons à faire » pour résoudre ce défi.
 
Convoquer l’Histoire peut être cependant risqué. D’abord parce qu’à mépriser la démocratie, sous prétexte d’ignorer le jugement de ses contemporains et de ses électeurs, on risque de connaître d’importantes déconvenues.
 
Ensuite, parce que la politique française n’est pas le temple d’Artémis. On ne peut la brutaliser dans l’espoir de laisser son nom à la postérité.
 
Or, alors même qu’il prétend agir sans calcul, François Hollande donne l’exacte impression contraire. « Faire des choix, c’est ce que je ferai avec le gouvernement de Manuel Valls. C’est ce que je ferai jusqu’au bout de mon mandat, sans calcul ni répit, affirme-t-il. La situation de 2017 sera celle qu’on aura construite. »
 
Le président entend donc ne pas agir en candidat. Mais que fait-il en annonçant pour 2016 « plus de deux milliards d’euros » de baisse d’impôts ?
 

François Hollande aujourd’hui. Et demain ?

 
Il en d’ailleurs bien conscience, puisqu’il explique que lier un éventuel second mandat à une diminution du chômage est « une évidence », « presque une évidence morale ».
 
Or, alors même que cette question relève d’une promesse de la précédente campagne électorale, ce n’est certainement pas l’avenir, l’Histoire, qui jugera de cette évidence, mais bien ses contemporains.
 
Interrogé ensuite sur ses éventuelles erreurs, le président a déclaré n’avoir qu’un seul « regret », celui de ne pas « avoir assez dit aux Français » combien la situation économique du pays en 2012 était « très difficile ». Et pour cause puisque, à l’époque, il niait quasiment la réalité de la crise pour mieux saper le bilan de son prédécesseur…
 
Ajoutant, avec une certaine impudence de ce fait : « Je ne me détermine pas par rapport à ce qu’ont pu faire mes prédécesseurs. » Et affirmant aussi refuser de prendre un « miroir » pour jauger son action.
 
« Ma seule priorité, mon seul devoir, c’est d’agir », affirme-t-il, quel que soit le sujet.
 
Agir ? C’est pourtant bien là que les critiques se font les plus nombreuses vis-à-vis de l’actuel quinquennat…
 

François le Luc