“Homo naledi”, vraiment ? Une approche critique

Homo naledi approche critique vraiment
 
C’est un homme, un ancêtre, un grand cousin, un « chaînon manquant » ! Les évolutionnistes de tout poil ne sont sans doute pas d’accord sur tout mais pour ce qui est de la presse profane, le message est clair et même lancinant : la quinzaine de squelette mis au jour dans une caverne en Afrique du Sud appartiennent à un hominidé inconnu jusqu’à présent. Homo naledi a fait une entrée tonitruante dans l’« arbre généalogique » qui présente l’homme comme le lointain descendant d’un grand singe. On a même son portrait, rides et barbe comprises. Mais l’Homo naledi est-il vraiment un homme ?
 
C’est ce que voudraient ses inventeurs : une impressionnante équipe de scientifiques liés à des dizaines d’universités du monde entier, des Etats-Unis à la Chine en passant bien sûr par celle du Cap en Afrique du Sud. Ils ont fait le choix de publier, non dans une publication scientifique comme Nature ou Science, observe David Namias de BFMTV, mais sur le site eLife, et au moyen d’une mise en scène savamment orchestrée. Sans attendre, le grand public a été confrontée à des reconstitutions et à un flot d’affirmations qui restent pourtant à vérifier, et dont la presse, allant gaiement au-delà des assertions des chercheurs, fait une présentation encore plus sensationnelle.
 

“Homo naledi” au secours du dogme évolutionniste

 
L’évolutionnisme est un dogme, tout fait qui semble en confirmer… la théorie, est aussitôt exploité pour faire oublier l’absence de certitude scientifique en la matière.
 
Les découvreurs d’Homo naledi veulent « marquer l’histoire ». Ils parlent d’un hominidé debout, muni de pieds et de mains semblables aux nôtres mais d’un cerveau tendance pois-chiche, primitif mais capable de rassembler et de déposer délibérément ses morts dans un lieu protégé puisque les 1.500 ossements trouvés se situent dans une caverne difficile et dangereuse d’accès, et représentent tous les âges, depuis le fœtus jusqu’au vieillard. Enterrer les morts est une caractéristique de l’homme conscient et raisonnable. Homo naledi ressemble davantage à un grand singe que les autres fossiles mis au jour au cours de ces derniers siècles. Mais c’est une sorte homme qui possède même un cerveau doté d’un centre du langage (si, si !), présentant un mélange des caractéristiques des australopithèques, d’Homo erectus et de l’homme moderne. Les chercheurs évaluent son âge à quelque 2 millions d’années. Histoire de bien le placer sur l’arbre de l’évolution…
 
Comme toujours, les affirmations entourant de telles découvertes passent rapidement sur les objections possibles. On veut bien croire que les ossements découverts dans cette caverne au bout d’un boyau qui fait moins de 18 cm de diamètre à un endroit (mais en a-t-il toujours été ainsi ?) n’y ont pas été déposés par des prédateurs – ils auraient présenté de marques de cassures et auraient été plus dispersés, note John Hawks, l’un des paléontologues qui ont conduit les recherches. Mais d’autres chercheurs notent qu’un groupe d’individus qui ont rejoint la caverne pour une quelconque raison a bien pu y rester piégé, trouvant ainsi la mort.
 

“Homo naledi” a-t-il vraiment 2,5 millions d’années ?

 
L’âge des ossements est également incertain. Si le groupe de chercheurs, et à leur tête Lee Berger qui a largement participé à la médiatisation de la découverte, avance un âge en quelque sorte « logique » de 2,5 à 2,8 millions d’années, il reconnaît lui-même que cela peut concerner les individus mis au jour ou bien les individus d’« origine » du groupe, les ossements trouvés pouvant avoir « 100.000 ans », guère plus.
 
Divers paléontologues et anthropologues avancent des théories bien différentes : « variante précoce d’Homo erectus, une espèce bien connue dans la région », affirme William Jungers qui y voit plutôt une « curiosité ». Tim White, autre paléontologue, y voit aussi « une forme primitive d’Homo erectus, une espèce identifiée dans les années 1800 ».
 
Rick Potts, du Smithsonian Institute, estime pour sa part qu’« il n’y a aucun moyen qui nous permette de juger de l’importance significative de cette découverte sur le plan de l’évolution », affirmant même que si les spécimens trouvés sont nettement plus jeunes qu’annoncé ils pourraient bien avoir retrouvé en « ré-évoluant » des éléments corporels primitifs.
 
Une bombe ! L’évolution n’est-elle pas censée aller du moins vers le plus par la « sélection naturelle » ? Ces « hominidés » auraient-ils donc perdu de leur « hominitude » – pour se prendre un peu moins la tête, peut-être ? L’existence d’une évolution régressive confirmée par un évolutionniste, voilà qui aurait plu à Georges Salet et Louis Lafont, les ingénieurs qui se sont interrogés sur les possibles effets du péché originel sur la Création, condamnée à un déclin général.
 

Les paléontologues étrangers à l’étude adoptent une approche plus critique

 
Yves Coppens, évolutionniste s’il en est, affiche un scepticisme un peu moins iconoclaste. « L’Homo en question n’est, bien sûr, pas un Homo, avec la petite tête qu’il a, mais un australopithèque de plus, de même qu’il y a eu de nombreuses espèces différentes de cochons, d’éléphants, d’antilopes, en fonction des variations du climat et des niches écologiques. »
 
D’autres encore s’amusent de la différence des fragments de crânes trouvés, qui semblent indiquer l’existence de deux espèces d’individus sur le même site – ce qui remet en question l’apparente coexistence de caractéristiques des australopithèques et de l’homme dans un seul individu.
 
Ce que révèle l’opération médiatique de grande envergure qui a entouré la découverte de Lee Berger et de son équipe (largement composée au départ de scientifiques maigres, recrutés pour pouvoir accéder à la caverne de Dinaledi), c’est l’empressement avec lequel on présente comme certaines des assertions très discutées pour alimenter la croyance populaire en l’évolution.
 
Manipulation ? En regardant la « reconstitution » du visage d’Homo naledi – encore que le nom lui-même soit sujet à controverse – publiée par The National Geographic aussitôt les travaux des chercheurs rendus publics, on peut se le demander. Un luxe de détails soutient l’idée d’un être mi-homme, mi-singe, soucieux microcéphale, alors que de son apparence, on ne sait rien.
 

Anne Dolhein