Hôtels, restaurants, vols… les JO 2024 feraient-ils du mal à Paris ?

Hôtels restaurants JO Paris
 

Les Jeux ne sont pas faits, mais rien ne va plus quand même… Le moral est en berne dans la capitale française qui espérait tant de profit des JO 2024. Seulement, les hôtels ne se remplissent pas autant que prévu, les restaurants appréhendent les zones fermées, et surtout les compagnies aériennes se préparent à voir leur chiffre d’affaires se rétrécir… La grande foire moderne du sport semble avoir perdu des adeptes, surtout à l’étranger. Et puis les Jeux ont fait fuir les touristes habituels de l’été, venus simplement visiter la Ville Lumière.

Londres, elle, se frotte les mains et ouvre les bras aux déçus…

 

La saison touristique 2024 ne va pas bénéficier de l’effet JO à Paris

La compagnie aérienne nationale française se prépare à une lourde perte, ainsi que l’a révélé Air France, lundi : « les marchés internationaux montrent un évitement significatif de Paris, avec le trafic à destination et en provenance de la capitale française en retard par rapport aux autres grandes villes européennes, a indiqué l’entreprise. Les voyages devraient revenir à la normale après les Jeux Olympiques, avec des niveaux de demande encourageants prévus pour la fin août. »

Cet état de fait devrait effacer, pour la compagnie aérienne officielle de l’événement, jusqu’à 180 millions d’euros des ventes du groupe au cours de la période juin-août.

La situation est similaire pour les hôtels. Les chiffres des réservations du mois de juin publiés par l’Office du tourisme de Paris révèlent également une tendance à l’évitement parisien des visiteurs. Mais le taux d’occupation des hôtels de la capitale pour la semaine du 28 juillet, celle du lancement des JO, atteint désormais 81 %, selon les dernières données Forward STAR de CoStar. Ce qu’on dit moins, c’est qu’il leur a fallu, pour cela, accepter de baisser les prix…

15,3 millions de visiteurs sont pourtant toujours attendus dans la capitale française. Mais il s’agit d’une majorité de Français (92 % du visitorat) dont 43 % de Franciliens, comme le rapportait une communication de Paris Je t’aime, (72 % pour les Jeux Paralympiques). Concernant les seuls JO (11,3 millions de visiteurs), il y aura donc une majorité de visiteurs excursionnistes.

 

Hôtels, restaurants… les vrais touristes fuient Paris

Seulement 8 % des visiteurs des JO (soit 1,2 million) viendraient de l’étranger. On parle d’un chiffre comparable à celui des touristes classiques d’un été normal. Mais ces personnes ne viennent pas visiter ou faire du shopping. Et beaucoup d’entre elles n’envisagent pas de rester longtemps, compte tenu des foules, des ennuis de circulation, et de l’insécurité potentielle.

Et puis, même, depuis mai, on observe un net recul de la clientèle étrangère dans la capitale, et la tendance se confirmerait sur le mois de juillet. Paris Je t’aime prévoit une chute de -14,8 % d’arrivées internationales par rapport à 2023 sur la période pré-JO, soit jusqu’au 25 juillet, avec « un retrait presque généralisé des marchés », note l’office de tourisme parisien.

Lignes de métro coupée, voies stratégiques fermées, QR codes pour accéder à certaines zones… La ville n’est guère accueillante. Des quartiers entiers vont être bouclés, tellement qu’il est d’ores et déjà prévu une « indemnisation économique liée aux Jeux olympiques » pour les restaurants qui seraient pénalisés. Les grands magasins, comme les Galeries Lafayette, prévoient d’eux-mêmes une baisse de 5 à 10 % de leur chiffre d’affaires. LVMH est peut-être ravi d’avoir réalisé les torches olympiques et les étuis à médailles destinés aux Jeux, mais le monde du luxe dans son ensemble appréhende l’été des Jeux. On ne pourra pas, par exemple, descendre l’avenue Montaigne, les 615 mètres les plus chers de Paris en termes d’enseignes, pendant plusieurs semaines d’affilée…

 

« Je m’attends à ce que nous passions un très bel été avec les Jeux olympiques français »

Petit détail : Eurostar prédit que la période de pointe des voyages de cet été – qui coïncide avec les Jeux – sera la plus chargée jamais enregistrée : les billets pour les trains Londres-Paris se sont vendus trois fois plus vite que la normale lors de leur première mise en vente… Cela voudrait signifier qu’un certain nombre de touristes à destination des Jeux olympiques choisissent de s’installer à Londres et de se rendre en France pour des événements choisis !

En tout cas, les touristes allergiques aux JO, c’est certain, iront ailleurs. Le directeur général de Harrods a déclaré en avril que le grand magasin britannique s’attendait à un coup de pouce de la part des touristes découragés par la perspective des foules olympiques, avec « tous les visiteurs qui seraient normalement allés à Paris venant à Londres » : « Les acheteurs de produits de luxe n’aiment pas le chaos, ils viendront à Londres pour un service parfait et d’excellents restaurants. »

Londres et Milan devraient ainsi récolter les fruits de l’opération parisienne des JO pourtant « durables », pendant que la capitale française se vide de ses vrais touristes. Quel succès…

 

Clémentine Jallais