L’éruption sous-marine du Hunga-Tonga en 2022 entre les 14 et 15 janvier 2022 dans le Pacifique pourrait avoir eu un effet de réchauffement bien supérieur à celui estimé au départ, en raison de l’injection d’une quantité plus importante d’eau dans la stratosphère que celle envisagée par les scientifiques. C’est ce qu’affirme Ryan Maue, contributeur au site climaterealism.com au vu de nouvelles recherches évoquées par la revue Science.
Les estimations initiales faisaient état de 50 millions de tonnes métriques d’eau propulsées dans la stratosphère, mais il pourrait s’agir, selon de nouvelles données, du triple, soit 150 millions de tonnes métriques dont une part importante « flotte » encore dans les hauteurs – une quantité inédite par rapport aux éruptions volcaniques pour lesquelles il existe des données.
On évoque souvent l’effet refroidissant des éruptions volcaniques ; ainsi le Pinatubo, dont l’éruption remonte à 1991, a créé une chape rafraîchissante dont les effets ont pu se faire sentir pendant un à deux ans, en raison de la composition du nuage expédié dans la stratosphère : principalement constitué de SO2 (dioxyde de soufre), c’est une matière qui réfléchit la lumière du soleil et empêche l’emmagasinement de la chaleur dans l’atmosphère terrestre.
La vapeur d’eau créée par l’explosion du Hunga-Tonga, facteur de réchauffement
Le Hunga-Tonga, au contraire, a explosé sous l’océan : son panache, dans lequel le SO2 représentait 2 % de celui craché par le Pinatubo, comportait des « quantités gargantuesques de vapeur d’eau », selon Ryan Maue. Or la vapeur d’eau est bien plus présente dans l’atmosphère que le CO2 et représente largement la partie la plus importante des gaz à effet de serre.
Selon l’étude citée par Ryan Maue, la seule éruption du Hunga-Tonga a fait augmenter la masse de vapeur d’eau dans la stratosphère de 13 % et devrait y rester pendant « de longues années ». Le panache a atteint les 58 km d’altitude et s’est répandu dans l’ensemble de l’atmosphère en l’espace d’une semaine, selon des études.
« La nature unique et l’ampleur de la perturbation stratosphérique globale provoquée par l’éruption du Hunga-Tonga la classent parmi les événements climatiques les plus remarquables de l’ère d’observation moderne », assure ainsi un article de Nature.
13 % de vapeur d’eau en plus dans la stratosphère
Il y a quelques mois, en mars 2023, des scientifiques ont annoncé que cette injection volcanique de vapeur d’eau dans la stratosphère allait rapprocher la terre des « 1,5 °C » de réchauffement visés par l’accord de Paris. Il est vrai que le Hunga-Tonga n’avait rien signé… Avec les nouvelles données sur la quantité de vapeur d’eau qui a réellement été projetée un peu plus près des étoiles, on peut tout imaginer – ce que certains ne se priveront pas de faire en utilisant des modèles qui ne sauraient, de toute façon, tenir compte de toutes les variables et toutes les interactions entre celles-ci.
Est-ce ainsi le Hunga-Tonga qui fait crever de chaud en ce moment dans certaines zones d’Europe, de la Méditerranée, d’Asie et des Etats-Unis ? (Pendant ce temps, cependant, on ne sort pas sans petite laine en Bretagne, en Savoie ou en Normandie, tout est relatif !) Est-ce lui qui fait disserter sur d’hypothétiques « records de température globale », sur « 100.000 ans » puisque le ridicule ne tue plus ?
Allez savoir. Mais pas de doute, même en me passant d’un barbecue (glissé entre deux épisodes pluvieux) ou en prenant mon vélo pour aller faire les courses, je ne ferai – pas plus que l’humanité tout entière – pas le poids face à un volcan qui d’un seul coup d’un seul, modifie aussi fortement la composition de la stratosphère. Nous ne sommes décidément que de petits joueurs ; qu’on nous laisse donc en paix.