Brexit – Les immigrants de l’UE qui arriveront au Royaume-Uni d’ici à mars 2019 pourront rester !

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Candidats à l’émigration vers le Royaume-Uni, dépêchez-vous ! Le Telegraph vient d’apprendre de sources gouvernementales que la décision est désormais prise à Londres : tous les immigrants de l’UE qui arriveront au Royaume-Uni dans les 18 prochains mois pourront y rester définitivement ! Voilà sans doute une annonce qui sera entendue, notamment dans les pays de l’ancienne Europe de l’Est. Cela ne fera en revanche probablement pas plaisir aux Britanniques – et ils sont nombreux – qui ont voté pour la sortie de l’UE parce qu’ils ne voulaient plus de la concurrence ni surtout de la pression à la baisse exercée sur les salaires par les millions de travailleurs de l’UE présents dans leur pays. Les employeurs, eux, seront contents.
 
Seule limitation, le regroupement familial ne sera plus accordé automatiquement aux citoyens des pays de l’UE et il répondra au contraire à un critère de revenus, comme c’est déjà le cas pour les citoyens britanniques qui veulent faire venir des membres de leur famille citoyens de pays non membres de l’UE.
 
Cette nouvelle divulguée par le Telegraph surprend. Il était jusqu’ici question en effet d’accorder un droit de séjour uniquement aux citoyens de l’UE arrivés au Royaume-Uni avant la fin mars 2017, pour ne pas créer un appel d’air. Cette nouvelle concession du gouvernement britannique devrait permettre par exemple aux Croates, derniers arrivés dans l’Union européenne, de profiter de l’ouverture du marché du travail britannique auquel ils n’ont pas encore accès aujourd’hui.
 

Si le Royaume-Uni accepte de conserver tous les immigrants de l’UE arrivés avant la date du Brexit, cela va créer un puissant appel d’air

 
Il n’est pas sûr, toutefois, qu’une concession de cette importance permette à Londres de débloquer les négociations avec l’Union européenne. Les négociateurs de l’UE refusent toujours de négocier un accord tant que Londres n’aura pas accepté de régler la « facture » du Brexit qui pourrait être comprise, selon les estimations de Bruxelles, entre 60 et 100 milliards d’euros. Cette « facture » couvrirait les engagements pris par le Royaume-Uni au titre du budget pluriannuel 2014-2020, la part britannique des garanties sur les prêts accordés par l’UE, la part britannique des pensions de retraite des fonctionnaires de l’UE employés alors que le Royaume-Uni était un Etat membre ainsi que des dépenses comme celles liées au déménagement d’agences de l’UE actuellement basées à Londres. Dans ce contexte, il semble que les propositions formulées par Theresa May à Florence soient considérées à Bruxelles comme nettement insuffisantes pour débloquer les négociations.
 
Du coup, l’éventualité d’un Brexit sans accord, c’est-à-dire aux conditions de l’OMC, est prise de plus en plus au sérieux outre-Manche. Mais alors dans ce cas, pourquoi annoncer que l’on permettra aux citoyens de l’UE d’affluer pendant encore 18 mois avec la promesse de pouvoir rester définitivement ? Est-ce le fruit des dissensions au sein-même du gouvernement britannique entre pro-Brexit et pro-UE ?
 

Olivier Bault