Le gouvernement britannique reconnaît désormais qu’il ne sera vraisemblablement pas en mesure de tenir sa promesse de réduire le solde migratoire annuel de la Grande-Bretagne à quelques « dizaines de milliers » de personnes comme les conservateurs espéraient y parvenir. C’est Theresa May, secrétaire à l’Intérieur du gouvernement de David Cameron qui en a fait l’aveu, dimanche, et, depuis lors, le sujet ne fait qu’enfler outre-Manche. D’autant que la question de l’immigration pourrait bien être l’un des principaux grains de sable – si l’on peu dire… – qui devrait conduire la prochaine campagne électorale du Parti conservateur à l’échec.
A l’heure actuelle, en effet, ce solde migratoire s’est au contraire accru de 243.000 sur une période d’un an s’achevant en mars dernier. Pire : de nouvelles données chiffrées attendues cette semaine devraient confirmer cette tendance mortifère pour le Premier ministre britannique.
Prochain discours sur l’immigration : aveu ou impuissance ?
La situation est d’autant plus délicate pour David Cameron, qu’il doit prononcer, ces prochains jours, un discours désormais très attendu sur le sujet de l’immigration. Un discours qui devrait annoncer des mesures visant à limiter le flux migratoire. D’ores et déjà, un club de réflexion – l’un de ces fameux think tank – libéral proche du Parti conservateur, Open Europe, a fait quelque bruit dans le Landerneau anglais, en proposant tout simplement de réduire les prestations des travailleurs européens, de l’Est notamment, afin de ne plus les inciter à venir travailler dans le pays.
Selon le directeur d’Open Europe, Mats Perrson, ces prestations constituent le cœur du problème, et non pas les accords de libre circulation en tant que tels. Sans doute, affirme-t-il, « ces changements nécessiteraient l’approbation des autres leaders européens, mais contrairement à une limitation du nombre d’immigrés, cela ne constituerait pas une modification des traités ».
Les cris d’Angela Merkel
Idée ingénieuse, puisqu’elle constitue une réponse légale aux menaces proférées à l’encontre de David Cameron, il y a un mois, par José Manuel Barroso, alors qu’il s’apprêtait à quitter la présidence de la Commission européenne, mais qui n’en a pas moins fait pousser les hauts cris en Europe.
C’est notamment le cas d’Angela Merkel qui a mis son homologue britannique en garde, estimant que David Cameron « pousse son pays vers un “point of no return” [point de non retour] sur la question de son appartenance à l’Union européenne », écrit l’hebdomadaire Der Spiegel dans son dernier numéro.
La question a effectivement son importance à l’heure où les Britanniques paraissent devenir de plus en plus eurosceptiques.
L’échec électoral annoncé de David Cameron
Et cela se confirme au sein même du Royaume Uni où les critiques ne manquent pas à l’encontre du Premier ministre, que d’aucuns accuseraient presque de mener la campagne électorale de l’UKIP. Gageons que ce mardi à Strasbourg, où il était venu entendre le Pape, Nigel Farage a dû en éprouver un sentiment certain de satisfaction…
Cela dit, David Cameron a-t-il réellement le choix ? Il est des moments où la politique de l’autruche n’est plus de mise : ceux, justement, où elle est rattrapée par la réalité !