La France et l’Autriche réservent le plat – c’est ce qu’on appelle du réchauffé… – du projet de taxe sur les transactions financières, en proposant à neuf de leurs partenaires européens, qui en ont accepté le principe, la mise en place en 2016 de la taxe sur les transactions financières dont ils parlent depuis si longtemps. Mais en précisant que l’assiette en serait large et les taux faibles. Reposer une nouvelle fois la question prouve que, en réalité, James Tobin n’est pas mort…
Apparemment, le projet n’a toujours pas progressé depuis que ces (déjà) onze pays s’interrogeaient, à la fin de l’été dernier, sur les modalités d’une mise en place d’une telle taxe à l’horizon 2016. Aussi Vienne et Paris proposent-elles que l’un des onze (soit, en plus d’eux, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Portugal, la Grèce, la Slovaquie, l’Estonie et la Slovénie) soit désigné pour mener les indispensables travaux de réflexion.
Car il faut faire vite, faute d’aller, une nouvelle fois, à l’échec. Reprise des travaux souhaitée dès la semaine prochaine, en marge des réunions de l’Ecofin et de l’Eurogroupe, a déclaré mercredi le ministre français des Finances, Michel Sapin.
« Dès lundi prochain, dès mardi prochain, nous allons travailler avec nos collègues des Finances parce qu’il faut une taxe large, une base large, un taux peut-être faible, mais que l’on engage enfin et que cette belle idée devienne une réalité », a-t-il déclaré devant l’Assemblée nationale.
Taxe Tobin : l’impôt mondial qui ne dit pas son nom
Il paraît vraisemblablement saugrenu à tout homme normalement constitué de qualifier une taxe de « belle idée » ; et sans doute plus encore lorsqu’il s’agit ici d’une taxe qui, pour débuter à onze, soit petitement, a vocation à devenir mondiale. Là encore, le mondialisme, avec la mise en place d’un gouvernement mondial (dont la forme reste toujours vague, semble-t-il), est à la manœuvre. Prélevé sur l’utilisation d’un « bien commun », l’espace électronique international nécessaire aux transactions financières internationales, la taxe Tobin aurait vocation à se transformer en impôt mondial finançant l’ONU.
Dans une lettre adressée à leurs collègues européens des neuf pays prêts à s’y engager, Michel Sapin et son homologue autrichien Hans-Jörg Schelling estiment donc qu’il faut accélérer le mouvement. Avoir jusqu’à présent fondé la discussion sur la sélection des produits à taxer, expliquent-ils, a « amené chacun de nos onze pays à mettre en avant le souhait d’exempter telle ou telle catégorie d’actifs (…) et donc à vider au fur et à mesure de son sens l’assiette même de la taxe ».
C’est humain ! Encore et toujours cette néfaste préférence nationale, dans le domaine économique du moins, qui prétend s’opposer à la marche de l’histoire.
Aussi proposent-ils de « partir du principe que la taxe sur les transactions financières devra reposer sur une assiette la plus large possible, associée à des taux faibles ». En réduisant ainsi la portée de la taxe, ils espèrent que chacun l’admettra dans un nombre plus grand de domaines. Une fois le système entré en vigueur, ce ne sera évidemment plus qu’un jeu d’enfant de changer les taux, comme ceci fut fait pour l’impôt sur le revenu…
Les professionnels ne souhaitent pas que l’on touche aux transactions financières
Reste que le projet ne fait vraiment pas sourire les professionnels de la finance. Reçus la semaine dernière à Bercy, les acteurs financiers de la Place de Paris ont réitéré « leur opposition totale et leur incompréhension face à une telle initiative ». La Fédération bancaire française estime en effet que cette taxe serait « contraire aux intérêts de l’économie française, des entreprises, des investisseurs et de la Place de Paris ».
On attend avec curiosité de savoir comment les politiques vont leur expliquer le contraire…