Une étude des journalistes d’investigation du site Vocativ dévoile la localisation des unités de police qui ont acquis des IMSI-Catchers – des dispositifs de surveillance des téléphones portables qu’on appelle « stingray ». L’étude, qui s’appuie sur des données obtenues grâce à la Freedom of Information Act, révèle qu’il y en a au moins 471 en utilisation aux Etats-Unis aujourd’hui. Et ce alors que seuls quelques Etats exigent l’autorisation d’un juge pour les utiliser et qu’à ce jour aucune loi fédérale ne réglemente leur exploitation. Dans ces conditions, on peut légitimement s’inquiéter également de l’octroi par l’Office of Naval Research (ONR), bureau de recherche du Département de la Marine des Etats-Unis, d’un financement de 1,7 million de dollars pour la recherche sur la surveillance depuis des caméras fixes et mobiles, installées par exemple sur des drones et des robots.
Les IMSI-Catchers, ce sont ces dispositifs portatifs qui permettent de simuler une antenne-relais de téléphonie mobile et donc d’identifier tous les téléphones mobiles présents dans une zone donnée, ainsi que de mettre n’importe quel téléphone mobile sur écoutes en interceptant toutes ses communications. Le problème des IMSI-Catchers, outre leurs capacités d’écoute de masse, c’est qu’ils collectent des informations sur tous les téléphones mobiles, et donc leurs propriétaires, se trouvant dans le périmètre de la personne ciblée. C’est donc potentiellement un outil de surveillance puissant pour Big Brother et, dans un pays comme les Etats-Unis, ces collectes de données sans mandat judiciaire sont accusées de violer la Constitution. Utilisés à l’origine par l’armée américaine en Afghanistan et en Irak, ces dispositifs sont progressivement adoptés en toute discrétion par les forces de police au niveau fédéral et local, ce qui a de quoi inquiéter au regard de ce que l’on sait déjà des pratiques de surveillance de masse de la NSA.
Les IMSI-Catchers sont à la mode aux Etats-Unis : 471 poste d’écoute stingray identifiés
Pour ce qui est de la subvention de 1,7 million de dollars pour la recherche sur la surveillance, elle doit aider l’université Cornell de l’Etat de New-York à développer un système qui permettra à des équipes de robots, dont certains pourraient prendre une forme humanoïde, de collaborer entre eux pour constituer, avec éventuellement en sus des drones et un réseau de caméras fixes, un système de vidéo-surveillance unique muni de multiples yeux.
Un tel système, relié à Internet et à des bases de données pour les recherches d’informations facilitant l’identification des cibles (par exemple des personnes au comportement suspect dans une foule), sera capable d’apprendre à partir des données collectées et de planifier ses opérations de surveillance pour alimenter Big Brother en informations utiles. Les chercheurs de l’université de Cornell ont déjà, par le passé, travaillé sur des robots capables de chercher et identifier des cibles mouvantes en s’inspirant du jeu Marco Polo. D’autres applications que la surveillance des foules sont possibles, qui expliquent peut-être mieux l’intérêt de la marine américaine. Il s’agit par exemple de l’élimination des mines.
La vidéo-surveillance bientôt confiée à des robots « Big Brother » aux Etats-Unis
Néanmoins, il est évident que, comme pour les IMSI-Catchers, cette technologie trouvera forcément des usages civils plus inquiétants pour les libertés individuelles. Et que dire alors de l’idée d’implanter dans le corps des soldats des puces électroniques capables d’indiquer à tout moment leur position exacte grâce à la technologie GPS ? Toutes ces technologies, alliées au développement de l’intelligence artificielle, pourraient bien, si rien n’est fait, nous rapprocher à grande vitesse du règne d’un Big Brother dont on ne saura même plus trop s’il s’agit d’un homme ou d’une machine.