Les lois sur la sécurité incendie des années 1960 sont obsolètes : il faut les modifier. Un nouveau rapport publié outre-Manche conforte les inquiétudes à propos des incendies soudains des batteries des voitures électriques. Non pas qu’elles s’enflamment davantage que les thermiques, mais les occurrences s’avèrent dramatiques, augmentant de manière exponentielle les risques de propagation. Plusieurs accidents récents l’ont démontré. La question des parkings publics se pose de manière particulièrement cruciale : il faudrait au moins, selon le rapport, élargir les places pour que les voitures ne se soient pas trop proches les unes des autres. Sans oublier le fait que les voitures électriques en feu nécessitent beaucoup d’eau : jusqu’à 30.000 litres !
Changer les voitures ? Changer les lois de sécurité
Pour le cabinet de conseil Arup, auteur du rapport commandé par le gouvernement britannique, c’est très clair : il existe un « degré élevé d’incertitude » quant aux données sur les risques d’incendie des voitures électriques. Et la vétusté des batteries pourrait jouer un rôle dans l’augmentation de ce risque, sans qu’on sache vraiment encore à quel niveau. Il faut donc ajuster les normes.
Le rapport présente des solutions comme un espace accru entre les voitures garées ainsi qu’une plus grande distance dans et entre les parkings intérieurs pour gérer le risque de propagation du feu entre les voitures et les bâtiments. Les parkings publics couverts devraient adopter des aires de stationnement plus grandes pour aider les pompiers à atteindre les véhicules en feu, par exemple un espace de 90 cm à 1,2 mètre entre les véhicules.
Des habitants d’un quartier de Londres se battent actuellement pour bloquer le projet de construction d’un garage pour bus électriques, sous plusieurs tours d’immeubles, craignant un « volcan ». L’incendie du parking de l’aéroport de Luton, survenu il y a quelques jours a brûlé 1.500 véhicules : bien que ce soit un SUV diesel en feu qui l’ait déclenché, il est fort probable que les voitures électriques forcément présentes aient accéléré le phénomène.
Des bains mobiles pour inonder les batteries des voitures électriques
Autre crainte du rapport : « l’impact écologique important ». Il détaille comment l’eau utilisée pour éteindre les voitures électriques en feu est contaminée par des produits chimiques toxiques contenus dans les batteries lithium-ion. Il a suggéré que dans certaines régions plus sensibles, l’eau utilisée pour lutter contre les incendies soit confinée et traitée dans une usine avant d’être rejetée dans les eaux usées.
Il pointe enfin du doigt ce qu’on appelle « l’emballement thermique », c’est-à-dire la réaction chimique incontrôlée qui a lieu dans des batteries endommagées et produit des nuages de vapeurs inflammables, pouvant provoquer des incendies éclair, des explosions et des jets enflammés.
Tout cela n’est gère écologico-compatible !
Alors, certes, les voitures électriques s’auto-enflamment beaucoup moins que les voitures thermiques, environ 5 à 9 fois moins, comme le démontrent les statistiques de compagnies d’assurance. Mais ces incendies sont, de loin, beaucoup plus difficiles à maîtriser : on éteint un feu de voiture thermique en 5 minutes, on met jusqu’à 49 minutes pour un véhicule électrique, indique le rapport. Et dans 13 cas sur 100, il se rallume, parfois des heures plus tard et plusieurs fois d’affilée !
Le mieux, et c’est recommandé par Tesla… c’est de plonger le véhicule embrasé durant 24 heures dans un container d’eau. Sic. On imagine sans peine la difficulté pour les pompiers de proposer à une voiture semblable traitement au fin fond d’un parking couvert… Pour ces derniers, l’heure est à l’étude de nouveaux équipements, mais le fait est qu’ils en sont encore aux balbutiements.
Maîtriser les incendies… mais inventer surtout de nouvelles taxes
« Je ne pense pas que nous comprenions pleinement [que] la technologie évolue » a déclaré le directeur de London Fire Consultants, un évaluateur des risques en matière de sécurité incendie. En mai dernier, la société de transports parisiens a mis hors service 149 bus électriques de la société Bluebus du groupe Bolloré, après que deux d’entre eux se sont enflammés à plusieurs reprises.
D’où les nombreux rappels réguliers des constructeurs automobiles pour vérifier les logiciels de contrôle et certains modules jugés potentiellement défectueux. Jaguar, par exemple, vient d’annoncer un rappel de près de 6.400 SUV électriques I-Pace à travers le monde en raison de risques d’incendie de batterie.
Mais la technologie intéresse-t-elle tant que ça l’Etat ?
Il regarde surtout, pour le moment, vers le déficit crucial que va immanquablement générer la perte des taxes liées à la vente de carburant : 10 milliards de livres sterling d’ici 2030, selon la Resolution Foundation, soit plus de 2 % des recettes fiscales totales, si le gouvernement britannique n’introduit pas de nouvelles taxes sur les véhicules électriques. Les ministres ont évoqué une taxe routière de 6 pence par kilomètre, qui serait mesurée grâce aux données GPS ! Elle permettrait également au gouvernement de facturer davantage aux automobilistes pour la conduite dans les zones encombrées afin de réduire le trafic…
A tout prendre, le goût de la liberté fait préférer les taxes sur le carburant !