Le Mumbai Mirror annonce la présentation d’un papier « scientifique » lors du congrès en cours à l’université de Myosore en Inde : le 103e Indian Science Congress devait entendre aujourd’hui une conférence sur le dieu Shiva. Lord Shiva as a great environmentalist in the world (« Seigneur Shiva en tant que grand environnementaliste dans le monde »), tel est le titre de ce papier qui est censé avoir reçu l’agrément des autorités organisatrices du congrès, et à ce titre il est supposé apporter une nouveauté approuvé par les pairs de son auteur. La présentation s’inscrit, selon le journal, dans une recherche en vue du « développement durable ».
« A l’heure où les leaders mondiaux font furieusement pression en faveur de l’utilisation de la science et de la technologie afin de contrer le changement climatique, une certaine partie des universitaires se tourne vers la mythologie indienne afin de répandre le message du développement durable », écrit l’auteur, Mihika Basu.
Shiva, dieu du « développement durable » ?
Selon le Mumbai Mirror qui affirme avoir eu accès à l’« abstract » de l’article dû à la plume d’Akhilesh K. Pandey, il s’agira de montrer que les hindous ont compris depuis fort longtemps, bien avant que le monde ne s’agite autour du développement durable, l’importance d’un environnement « propre ».
Le papier sera présenté au cours d’un symposium sur la propreté de l’air et les polluants, organiques ou non, dans les grandes villes. Il tire son inspiration du chapelet rudraksha porté en collier par Shiva : « Le mot rudra signifie “strict” ou “sans compromissions”, et aksha désigne l’œil. Cela illustre le fait que Shiva est ferme par rapport à ses lois cosmiques. Ainsi pouvons-nous dire que les Indiens de jadis étaient très conscients de l’écologie et de la durabilité. L’objectif de l’article est donc de susciter la conscience à propos de la conservation de l’environnement sans causer de dommage à autrui. »
Si la communauté scientifique en Inde est loin d’être unanime à propos de l’invocation de la mythologie indienne dans le domaine de la science, qui est celui de l’expérience et de la vérification, l’appel à Shiva est loin d’être aberrant dans le petit monde de la conservation et de la conscience écologique.
En Inde comme à New York, la mythologie fait bon ménage avec le monde scientifique
On se souviendra que la projection d’espèces menacées sur l’Empire State Building par la société « Fiat Lux » comportait des images de déités païennes, parmi lesquelles la cruelle déesse hindoue Kali.
Shiva, ou « le Seigneur Shiva », dieu « aux trois yeux », dieu de la connaissance, de la création, de la transformation, mais aussi de la dissimulation et de la destruction, est représenté comme un yogi, son symbole, le lingam, a de fortes connotations sexuelles. Il est aussi le dieu du passage d’un cycle cosmique à un autre. Tout cela ramène à la gnose et au New Age.
On peut bien se gausser de son intrusion dans un congrès scientifique mais ce serait méconnaître la dimension religieuse et proprement païenne du mouvement pour la préservation de la « Terre mère » qui s’accommode fort bien de ces religiosités exotiques. Il y est même explicitement fait référence dans l’accord signé lors de la COP21.