On connaît enfin les résultats du premier concours de beauté jugée par un algorithme d’« intelligence artificielle ». Au-delà du gadget, ce concours organisé par Youth Laboratories sous le titre Beauty.AI 2.0 pourrait se révéler utile pour le secteur de la santé et de la lutte contre le vieillissement, comme l’a expliqué un « tuteur de robots », Nastya Georgievskaya. En attendant ces développements hypothétiques, on peut aller voir les photos des gagnants : reines mais aussi rois de beauté. Le résultat n’est guère convaincant.
Pour concourir, il suffisait d’envoyer un selfie au site du concours. La photo était automatiquement soumise à différents programmes d’intelligence artificielle qui classaient les participants selon plusieurs caractéristiques de leur visage : nombre de rides par rapport à l’âge réel, boutons, pigmentation, ressemblance avec des mannequins ou des acteurs du même âge et du même groupe ethnique, symétrie faciale, différence entre l’âge perçu et l’âge réel.
Reines et rois de beauté… vus par les robots
Autant dire que cette « intelligence artificielle » n’exprime pas le moindre goût personnel mais simplement le résultat de paramètres plus ou moins habilement introduits par les scientifiques responsables de l’expérience. Au bout du chemin, une évaluation « impartiale » de la beauté d’un visage humain. Un des concurrents a réagi au vu des résultats en demandant, furieux : « Que vaut votre robot ? Une simple promenade dans un centre commercial… et je verrai des gens bien plus attrayants que ceux qui ont gagné votre concours de beauté. »
On peine à lui donner tort, même si Alex Zhavoronkov, consultant pour l’expérience, a trouvé les résultats « bons en général ».
Les photos des gagnants ont été mises en ligne par TechSpot. On y cherche en vain le charme, l’éblouissement, l’attirance d’une beauté de rêve. Certaines photos – celles des hommes en particulier – ne dépareraient pas une galerie de portraits de criminels. Si les spécialistes de l’intelligence artificielle n’étaient pas des pédants et des satisfaits, on oserait croire au canular.
Un concours de beauté jugé par l’intelligence artificielle
Mais vu l’objectif mercantile de l’opération, il faut écarter cette explication bienveillante. L’idée est bien de comprendre comment reconnaître et offrir de la jeunesse artificielle par le biais de l’industrie des produits et des interventions « anti-âge », marché lucratif s’il en est. On s’oriente vers des applications permettant de vérifier personnellement l’efficacité de la poudre de perlimpinpin ou de la crème miracle qu’on se tartine sur le visage. Pour cela, il fallait des instruments de mesure « objectifs ».
Ainsi l’algorithme RYNKL, qui mesure les rides (« wrinkles », en anglais) sera bientôt à la disposition du grand public afin de pouvoir mesurer les effets de tel ou tel crème antirides. On peut imaginer que cela fonctionnera. Les photos désastreuses de femmes après chirurgie esthétique n’ont jamais empêché que de nouvelles clientes confient leur visage au médecin.
Sentiments robotiques et fautes de goût
Au-delà de cet objectif, les responsables du projet ne cachent pas vouloir apprendre aux robots à mieux « évaluer » les êtres humains : « Ce sera important pour que les robots agissent davantage comme nous, et comprennent notre manière d’agir », a expliqué Alex Zhavoronkov. « Vous aimez peut-être votre Tesla, mais aimeriez-vous que votre Tesla vous aime ? », dit quant à lui Alex Shevtsov.
En attendant qu’elle tombe amoureuse d’une autre Tesla… ou d’une Alfa Romeo ?
Quoi qu’il en soit, l’expérience poursuit. On peut soumettre son selfie sur le site Beauty AI où les robots assureront des concours semestriels. Chouette ! J’aurai enfin une chance…