Sans vouloir nous prononcer sur la dangerosité ou non du glyphosate, ce désherbant chimique qu’Emmanuel Macron s’est engagé à combattre au risque de se mettre à dos de nombreux agriculteurs, cette histoire de protection de la nature, de l’écologie et même de l’homme oblige à poser un certain nombre de questions. Un rapport publié en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer le donne pour « cancérogène probable ». Les écologistes en demandent l’interdiction pure et simple, et s’étranglent devant la décision récente de l’Union européenne de lui accorder un moratoire de cinq ans. Macron, lui, veut programmer l’interdiction pour dans trois ans, contrairement à ce qui était annoncé pendant sa campagne électorale. Et si tout cela était au fond décidé au détriment de l’homme ?
Le fait que la polémique ait pris une telle ampleur s’explique sans aucun doute par le fait que les agriculteurs estiment en avoir besoin pour assurer des récoltes saines et suffisantes. Ainsi la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, plaidait-elle dimanche, à la veille de l’ouverture du salon de l’agriculture, pour la recherche de solutions alternatives avant de passer à l’interdiction pure et dure.
« La suppression du glyphosate en trois ans n’est pas réalisable », assurait la représentante du principal syndicat d’agriculteurs français, réclamant proposant de mettre plutôt en place un « contrat de solutions » visant à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires de manière générale, à supprimer le glyphosate, mais à une date plus réaliste, et à donner le temps aux instituts de recherche tel l’INRA : « Notre objectif est de proposer une trajectoire de solutions, et non d’interdictions, en se donnant le temps pour mettre en place des actions concrètes. »
L’interdiction du glyphosate, une attaque contre l’homme ?
A défaut, il faut croire que la FNSEA estime que l’interdiction aura pour corollaire une baisse des rendements agricoles. Cette baisse semble à la mode : n’y a-t-il pas des études climato-alarmistes qui l’annoncent comme devant accompagner le « réchauffement climatique » (alors même que l’effet de serre en soi-même devrait en toute logique faciliter la croissance végétale !) ? Mais pourquoi un Macron y serait-il favorable ?
Au plan global, une baisse des rendements agricoles aurait pour conséquence une baisse de la quantité de nourriture disponible pour nourrir la population mondiale, pour la maintenir en bonne santé et pour assurer sa longévité. C’est donc un facteur potentiellement désastreux – mais qui ce conçoit bien dans le contexte de l’objectif recherché par des organismes et des personnalités aussi divers que le club de Rome, les grandes organisations écologistes, la conférence du Caire de l’ONU sur la population, Jacques-Yves Cousteau et autres Al Gore : l’arrêt de la croissance de la population mondiale voire sa limitation sévère. Cousteau, lui, rêvait d’un monde ne comptant pas davantage de 700 millions d’âmes…
Cet objectif correspond à l’opinion médiatiquement répandue et donc largement partagée selon laquelle la planète se trouverait en état de surpopulation, croissant à un rythme « insoutenable » et représentant un poids beaucoup trop important par rapport aux ressources naturelles réputées en voie d’épuisement.
Le fait que les ressources agricoles – grâce notamment, et quoi qu’on en pense, aux progrès spectaculaires réalisés dans l’agriculture dont les rendements n’ont jamais été aussi élevés – se soient développées bien plus vite que la croissance de la population fait partie de ces choses dont les médias ne parlent guère. Aujourd’hui, la nourriture disponible pour l’humanité (mais pas toujours bien acheminée pour des raisons politiques par exemple) est amplement suffisante, comme le démontrait un rapport du Fonds des Nations unies pour la population en 1990. Celui-ci estimait à l’époque que les terres des pays en développement, à l’exclusion de la Chine, « seraient capable en théorie d’alimenter à elles seules une population de 33.000 millions d’habitants » : oui, 33 milliards d’hommes. Soit entre quatre et cinq fois plus d’êtres humains que la Terre n’en nourrit aujourd’hui, grâce à l’ingéniosité humaine.
Le glyphosate aujourd’hui nécessaire aux bons rendements
S’il n’y a jamais eu aussi peu de mal nourris – beaucoup de pays souffrent au contraire de surnutrition ! – on le doit à cette véritable explosion de la production agricole. La hausse de la population est d’ailleurs largement imputable au fait que les hommes ne meurent plus comme des mouches, puisque la fécondité, elle, a baissé – souvent de manière dramatique – dans la plupart des régions du monde.
L’écologisme ne s’en satisfait pas : est-ce ce qui explique la propension des écologistes à prôner des interdictions et des lois de planification générale qui auront pour effet de rendre plus difficile l’alimentation suffisante de l’humanité – parfois en évitant des substances effectivement dangereuses, mais parfois aussi en éliminant un moyen indispensable à la production agricole ?
Il y a eu par le passé un exemple similaire et spectaculaire : celui de l’interdiction du DDT, pesticide terriblement efficace sur le moustique, qui n’a pas été convenablement remplacé. Le paludisme en Afrique peut continuer de faire des ravages – mais au moins, ce sont des ravages « propres »…
L’interdiction glyphosate, comme celle du DDT ?
A qui trouverait saugrenue cette idée d’une volonté mortifère à l’égard de l’homme, il suffit d’opposer le chiffre terrifiant des 40 à 50 millions d’avortements par an, la diffusion des contraceptifs et des campagnes de stérilisation à travers le monde, notamment sous l’égide de et des grandes fondations dites « philanthropiques », la politique de l’enfant unique, où aujourd’hui des deux enfants, toujours aussi coercitive, en Chine, la présentation de l’homme occidental comme une catastrophe pour la planète, la dénonciation de l’homme en général comme nuisible pour la nature, l’insistance sur la réduction de la natalité par tous les moyens.
Une telle haine de l’homme ne saurait être qu’infernale, et à ce titre, mise en œuvre au moyen du mensonge et de la manipulation.
Ainsi, nous voilà tous embringués dans la dénonciation du « chimique » quel qu’il soit, bon ou mauvais – interdit de raisonner sur les faits – et tant pis pour les victimes collatérales qui en feraient les frais.