A quoi sert l’EIIL, le califat islamique, avec ses horreurs ? En Occident, à cimenter la coalition du bien. En Irak, à justifier et officialiser la partition en marche depuis la chute de Saddam, semant un chaos durable dans la région pour mieux la gouverner. Et accessoirement à faire oublier Gaza. C’est l’ennemi utile idéal.
La barbarie de l’EIIL soude l’Occident, la coalition du Bien a besoin de toutes les bonnes volontés, à tel point que l’Allemagne, qui était tenue à l’écart des opérations militaires depuis 1945 se sent « obligée » d’envoyer des armes. Les bonnes vieilles croix de fer font leur réapparition sur les visuels du ministère de la Défense à Berlin.
L’EIIL repoussoir idéal de l’Occident
Ainsi l’EIIL aide-t-il l’Occident à perdre ses complexes. David Cameron arme ses bobbies et confisque les passeports des suspects : déjà le 11 septembre avait réveillé les pulsions policières de nos démocraties.
A plus long terme le califat discrédite toutes les religions qu’on déclarera extrémistes, au profit de l’alliance des modérés et des humanistes maçons. Ce n’est pas pour rien que Henry Kissinger presse Obama de fonder un Nouvel Ordre Mondial ni que John Kerry appelle toutes les puissances à vaincre ensemble le terrorisme : l’EIIL aide les Etats-Unis à lancer la gouvernance globale. Elle seule permettra de vaincre le mal terroriste et défendre les valeurs « démocratiques ».
En Irak, l’EIIL a chassé les Chrétiens, l’Europe arme les Kurdes pour limiter ses débordements, et l’aviation US évite aux Chiites, qui jusque-là avaient fait preuve de leur nullité bien que majoritaires, d’être balayés.
En Irak aussi, le califat est un ennemi utile
Cela confirme la partition de fait commencée en 2003, en finit avec toute tentative de cohabitation des communautés, et amorce une guerre indéfinie entre trois ensembles bien distincts, Kurdes, Sunnites du centre, et Chiites soutenus par l’Iran. Les maçons anglo-saxons ont toujours gouverné à moindre prix par le chaos.
L’EIIL est donc l’ennemi utile idéal, et en prime, il arrange les affaires d’Israël et des Etats-Unis : de même que la shoah a relativisé Dresde ou Hiroshima, de même la barbarie absolue des massacres et des humiliations qu’ont subi les victimes du califat rend-elle moins sombres les bombes de Donetsk ou de Gaza.