Elections législatives en Iran : les sanctions en moins, mais les réformateurs dehors !

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Le président Hassan Rohani a réagi aux invalidations massives des candidats aux législatives et a promis, « en tant que chef du pouvoir exécutif », d’utiliser tous ses pouvoirs pour régler ce problème.

 
Dans le contexte libérateur du relèvement des sanctions en Iran, le président Rohani espérait bien obtenir une majorité plus conciliante au Parlement, avec les élections législatives du 26 février prochain. Mais la Commission centrale de surveillance, dominée par les conservateurs, s’est débrouillé pour rejeter 99% des candidats du camp des réformateurs.
 
Point trop n’en faut du vent occidental – la Révolution islamiste doit persister.
 

1% des réformateurs agréé seulement…

 
C’était la promesse électorale principale du candidat Hassan Rohani, en 2013 : la levée des sanctions, et avec elle, la porte grande ouverte aux échanges commerciaux, au déblocage des avoir iraniens, à une vie plus aisée, peut-être même plus « occidentalisée »…
 
Mais le clan conservateur ne compte pas doubler la mise par l’arrivée de réformes impromptues. Et cherche à retirer au président tout espoir d’emporter la majorité des 290 sièges du Parlement.
 
Ainsi, la Commission centrale de surveillance des élections qui dépend du Conseil des Gardiens de la constitution – tout sauf réformateur – a rejeté la candidature de plus d’un candidat sur deux : environ 60% ont été rejetés, soit 7.300. La partie adverse étant, bien évidemment, la plus sanctionnée : sur 3.000 candidats réformateurs ou critiques du pouvoir, sur l’ensemble du pays, seuls trente ont été approuvés, soit 1% seulement !
 
A Téhéran, où une liste de trente noms est nécessaire, ils n’en ont que quatre…
 

Elections : la Révolution islamique d’abord

 
Moins de candidats, moins d ‘élus potentiels… Les motifs de la Commission sont plutôt flous : ils se raccrochent à d’anciennes condamnations pénales ou à des dossiers déclarés « incomplets ».
 
Un rejet « choquant » pour certains journaux qui fait monter l’inquiétude. Rohani lui-même a déclaré qu’il utiliserait ses pouvoirs en tant que président pour tenter de faire changer la position du Conseil des Gardiens, en poussant à un réexamen. Mais le Conseil qui doit sa rendre sa liste finale le 4 février, fera en définitive ce qu’il voudra.
 
Flagrant bras de fer : les Gardiens de la Révolution indiquent par-là qui dirige, surtout dans ce nouveau contexte qui ne doit pas faire perdre des yeux le principe de la Révolution islamique.
 

+18% pour sa production de pétrole et 32 milliards d’avoir débloqués

 
Car les perspectives de profit sont déjà là – une bouffée d’air venant d’un Occident pourtant honni. L’Iran a annoncé, lundi, une augmentation majeure de sa production pétrolière après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire : il peut aller jusqu’à 500.000 barils supplémentaires, soit 18% d’augmentation de sa production.
 
Ce retour du brut iranien a d’ailleurs déjà fait repartir à la baisse, lundi matin, les cours pétroliers – le prix du baril de Brent est passé sous la barre des 28 dollars, un nouveau record depuis 12 ans. Mais l’Iran doit prendre sa part de marché dès que possible, sous peine de voir les autres, en particulier l’Arabie Saoudite, la lui prendre – une guerre de l’offre est inévitable.
 
Pour ce qui est des avoirs bloqués dans les banques internationales depuis plus de treize ans, l’Iran va récupérer la coquette somme de 32 milliards de dollars, a déclaré mardi le président de la banque centrale – argent qui sera peut être utilisé pour importer des biens nécessaires, mais pas forcément ramené en Iran. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a annoncé de son côté le remboursement au pays de 1,7 milliard de dollars de dette et d’intérêts remontant à la Révolution islamique de 1979…
 

Nouvelle phase de coopération avec l’AIEA après la levée des sanctions

 
De son côté, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est arrivé lundi à Téhéran pour entamer « une nouvelle phase de coopération, marquée par la mise en application du protocole additionnel au Traité de non prolifération (TNP) qui permet – en théorie – à l’AIEA d’avoir un contrôle plus approfondi du programme nucléaire iranien…
 
Téhéran va tout faire pour réduire la durée de la première étape de l’accord nucléaire qui prévoit une limitation de ses possibilités pendant huit ans. Si bonne conduite avérée, l’AIEA peut en effet l’écourter et lever plus rapidement certaines autres sanctions américaines et européennes qui pèsent encore sur le pays, comme celles sur les softwares ou les armes…
 

Jeu ambigu des Etats-Unis avec l’Iran

 
L’Iran y a tout intérêt. Et qu’importe si les Etats-Unis, partagés entre la volonté de l’administration Obama et une opinion congressiste et populaire aux antipodes, trouvent encore à redire sur son programme de missiles balistiques.
 
Hassan Rohani a fait savoir lundi que son pays n’avait pas l’intention de rétablir intégralement les relations économiques avec les États-Unis et que pour les questions politiques régionales, nul n’était besoin de dialoguer avec eux.
 
Une réponse politique au jeu ambigu d’Obama, qui semble vouloir le beurre et l’argent du beurre. Téhéran a même déclaré qu’il accélérerait a contrario son programme balistique légal et augmenterait ses capacités de défense…
 

Clémentine Jallais