L’Italie regrette d’avoir rejoint la “Nouvelle Route de la Soie” : une « grave erreur »

Italie regrette Route Soie
 

L’Italie de Giorgia Meloni regrette d’avoir rejoint l’initiative chinoise de créer de nouvelles routes commerciales terrestres et maritimes, appelée en français « Nouvelle Route de la Soie », et considère aujourd’hui que c’était une « erreur », a indiqué dimanche le ministre de la défense Guido Crosetto dans un entretien avec Il Corriere della Sera. « Ce fut un acte improvisé et scélérat », a-t-il déclaré, alors que l’Italie se révèle la grande perdante de l’accord qui a permis l’arrivée du « triple » d’importations chinoises alors que les exportations italiennes n’ont augmenté qu’à la marge.

L’Italie aura été la première nation occidentale à adhérer à l’initiative Belt and Road ou « Nouvelle Route de la Soie » selon les termes d’un accord signé en 2019 par le Premier ministre d’alors, Giuseppe Conte, Matteo Salvini de la Lega Nord étant vice-Premier ministre. Xi Jinping s’était rendu en Italie pour la cérémonie.

 

« Route de la Soie » : une erreur que l’Italie paie dans sa balance commerciale

La Lega Nord de Matteo Salvini, en particulier, avait cultivé les attaches avec la Russie et par conséquent avec l’axe des BRICS. La source russe rt.com (contrôlée par le Kremlin) fait aujourd’hui le lien entre ce rapprochement entre l’Italie de Conte et Salvini avec la Russie de Poutine pour commenter la volonté de désengagement actuel de Giorgia Meloni à l’égard de la Chine, volonté attribuée à sa décision d’« alliance » avec les Etats-Unis de Biden et son soutien à l’Ukraine.

Le média en profite pour suggérer que Meloni n’est pas véritablement de « droite », comme s’il fallait s’aligner sur la Russie et sur la Chine communiste était un passage obligé pour mériter ce qualificatif. Cela s’inscrit dans la promotion de la « multipolarité » vantée aussi bien par Poutine que par l’idéologue ésotériste Alexandre Douguine, qui avait interviewé Salvini avec sympathie en 2016.

 

L’Italie, la Chine et en toile de fond, la Russie

Aux termes de l’accord de 2019, les barrières tarifaires entre l’Italie et la Chine ont été abaissées, en échange de quoi la Chine promettait d’investir dans les ports italiens et le rail.

Pour autant l’Italie apparaît d’ores et déjà perdante, et souhaite annuler l’accord, mais « sans dégâts » pour l’Italie, la Chine étant certes un concurrent mais aussi un partenaire commercial.

Crosetto ajoutait : « Pékin a une attitude de plus en plus affirmée. Autrefois, la Chine avait pour objectif de devenir le plus grand acteur commercial du monde. Aujourd’hui, elle annonce qu’elle sera le plus grand acteur militaire du monde. Les Chinois s’étendent. En Afrique, ils ont également entamé une expansion culturelle : les bandes dessinées présentent les Chinois comme des libérateurs et les Occidentaux comme des exploiteurs à chasser. Ils ne cachent pas leurs objectifs, ils les explicitent. »

Giorgia Meloni a indiqué qu’elle prendrait sa décision au sujet de la Nouvelle Route de la Soie d’ici à la fin de l’année.

 

Jeanne Smits