Jean-Claude Juncker :
« Je suis le roi du monde » !

Jean Claude Juncker Roi Monde
 
Dans son discours sur l’état de l’Union prononcé hier au parlement européen à la face du monde, Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne a dessiné l’État central bruxellois qu’il appelle de ses vœux pour remplacer les nations et dont il se sent un peu le roi.
 
Il y a aujourd’hui dans le monde deux Jean-Claude célèbres par leurs petites phrases, grands mots, visions cosmiques et attitudes bizarres. L’un est belge, c’est l’acteur et sportif de combat Jean-Claude Vandamme, l’autre est luxembourgeois, ci-devant premier ministre, amateur d’Elbling (un étonnant blanc de la Moselle), navigateur intersidéral et présentement président de la commission européenne. Devant le parlement européen réuni à Strasbourg, il s’est livré à un exercice imité des États-Unis, un discours sur l’état de l’union européenne, où il a dessiné les contours qu’il souhaite lui voir prendre dans un proche avenir.
 

Jean-Claude Juncker défie les Anglais

 
Il s’est appuyé sur le Brexit pour recommander d’accélérer le processus qui doit mener à un État central européen, plus jacobin que fédéral, doté d’un exécutif fort. Et il n’a pas manqué de défier, à travers le Royaume-Uni, tous ceux qui seraient tentés de faire sécession. Selon lui les Anglais « vont vite regretter le Brexit » (voilà une bravade qui entre peut-être dans le processus de négociations).
 
Jean-Claude Juncker prévoit une réforme importante des institutions européennes, avec une refonte de la zone euro, un ministre des finances permanent, et la fusion des deux postes de président du conseil et de président de la commission, ce qui produirait un véritable président européen à la tête d’un véritable exécutif européen responsable devant le parlement européen. Comme l’a noté le brexiter Nigel Farrage, « On se demande à quoi pourrait servir dans ce cas les parlements nationaux ». Déjà qu’ils ne servent plus à grand-chose !
 

Jean-Claude Juncker connaît son monde

 
Mais Jean-Claude Juncker connaît son monde. Il sait que les peuples européens en ont soupé de l’Europe de Bruxelles, de ses ukases bizarres qui prétendent régenter la vie quotidienne jusqu’à la courbure des poires, et en même temps les laissent sans défense face au déferlement migratoire et à la concurrence sauvage de la Chine et des pays émergents. C’est pourquoi, tout en préconisant de renforcer les structures de la tyrannie bruxelloise, a-t-il annoncé des dispositions qui répondent à l’angoisse populaire et qui feraient de l’union européenne la protectrice des citoyens, en remplacement des nations. Dans le domaine social, par exemple, il a proposé de changer le régime des travailleurs détachés pour que la main d’œuvre à bas prix venue de l’Est ne puisse faire une concurrence déloyale aux travailleurs autochtones : « Dans une Union entre égaux, il ne peut y avoir (..) de travailleurs de deuxième classe. Ceux qui effectuent le même travail au même endroit doivent pouvoir obtenir le même salaire ». Et il a même annoncé une nouvelle usine à gaz pour surveiller la chose, une « nouvelle autorité européenne de contrôle et d’exécution de ces mesures ».
 

Jean-Claude Juncker contre l’argent-roi

 
La méthode est toujours la même : sous couleur de rendre un peu de démocratie aux peuples, on alourdit la bureaucratie qui les domine. Cependant, Jean-Claude Juncker a poursuivi son entreprise de séduction en s’opposant frontalement au pouvoir de l’argent-roi : « Nous ne sommes pas des partisans naïfs du libre-échange. L’Europe doit toujours défendre ses intérêts stratégiques. C’est la raison pour laquelle nous proposons aujourd’hui un nouveau cadre européen sur l’examen des investissements  », Une référence transparente aux récentes remarques d’Emmanuel Macron sur les investissements chinois au Pirée, port d’Athènes. Autrement dit : oui à l’ouverture qui permet l’échange et la prospérité, mais face aux délires du libre-échange intégral, l’Europe imposera sa règle et sa protection.
 

Jean-Claude Juncker contre le Grand Turc

 
Enfin, au moment où l’opinion publique reproche aux gouvernements nationaux et aux médias de ne pas être assez ferme face à l’islam et au terrorisme, Jean-Claude Juncker a lancé un mouvement de menton très mâle face au sultan Erdogan :   « J’adresse aujourd’hui un appel aux responsables en Turquie, libérez nos journalistes et pas seulement les nôtres, cessez d’insulter nos États membres, nos chefs d’État et de gouvernement en les traitant de fascistes et de nazis ». Et d’ajouter que son avis sur une éventuelle intégration de la Turquie à l’Union européenne était « négatif ».
 
Le message d’ensemble adressé aux peuples d’Europe et au monde est clair : une Union renforcée, transformé en État central, protégera mieux les peuples que des nations obsolètes et impuissantes. C’est ce qui se dit sur toutes les planètes de la galaxie. Et Jean-Claude Vandamme est bien d’accord.
 

Pauline Mille