Depuis les années 1990, cette lubie a la dent dure, et aujourd’hui, on la fait subir aux enfants : les jeunes Britanniques âgés de 11 à 14 ans ont récemment découvert dans un de leurs manuels scolaires que Jeanne d’Arc, parce qu’elle s’était coupé les cheveux et avait porté des vêtements masculins, était « considérée par certains comme non binaire ».
Ou comment vouloir raccrocher à l’immonde modernité, en contre-sens historique total, en méconnaissance absolue de la réalité, celle qui mourut, à 19 ans, sur un bûcher pour la France et surtout pour son Dieu… Certes, le port de vêtements qui n’étaient pas de son sexe avait pour l’époque quelque chose de plus ou moins scandaleux et cela a d’ailleurs été un argument pour sa condamnation. Mais Jeanne n’en a jamais revendiqué le port parce qu’ils révélaient une quelconque identité, mais parce qu’ils avaient, pour elle, une utilité pratique et même quasi sacrée, la mettant à l’abri du viol.
Ce « re-genrage » est une insulte à celle qui se plaisait justement à se faire appeler la Pucelle, parce qu’elle a toujours revendiqué et sa féminité et sa virginité, dans l’offrande même qu’elle en faisait à Dieu.
Au-delà de l’ineptie idéologique, le geste donne aussi à voir à quel point celui qui veut défier la loi naturelle et transgresser les normes établies aime à trouver une sorte de parrainage justificatif à travers de grandes figures qui ont aussi paru, dans l’histoire, hors des normes. Mais ces modèles ont souvent maille à partir avec Dieu… Le caractère extra-ordinaire de Jeanne ne tient qu’au fait qu’elle a laissé Dieu visiter son humain ordinaire et le transcender. Le mouvement transgenre veut au contraire Le défier, en sortant les siens des normes.
La récupération est cruellement ironique.
Sur Jeanne d’Arc, la théorie du genre délivre sa « science bidon »
« C’est encore un exemple ridicule de tentative de réécriture de l’histoire et d’effacement des personnages féminins forts et rebelles de notre passé », commente à ce sujet la psychologue Carolyn Brown, membre du réseau des Droits des femmes : « C’est insultant de prétendre que les femmes non conformistes ne sont pas des femmes. Non-binaire est un terme absurde – d’ailleurs, la Cour suprême du Royaume-Uni a récemment statué en défaveur de son ajout comme option dans les passeports. C’est aussi un nouvel exemple de la science bidon de la théorie queer qui est imposée aux enfants. Elle n’apporte rien sur le plan psychologique pour le développement des enfants, et a de fortes chances de provoquer confusion et anxiété. »
A l’origine : une anthologie intitulée Who We Are publiée chez Collins, qui a même été finaliste pour le prix des Ressources Educatives 2024. Composée de « textes contemporains représentatifs et inclusifs », elle aborde à travers Jeanne d’Arc l’identité sexuelle de la figure médiévale, dans un plus grand ensemble conçu autour de la biographie de la drag queen britannique Amrou al-Kadhi.
« Pour fournir un contexte utile, les enseignants peuvent expliquer aux élèves qu’il existe des références à des personnes non binaires dans l’ancienne Mésopotamie (il y a 4.000 ans) ; qu’en Inde et au Pakistan, “hijra” est un troisième genre légalement reconnu (les hijra sont généralement assignés à un sexe masculin à la naissance mais se présentent comme des femmes) ; et que Jeanne d’Arc (1412-31) est aujourd’hui considérée par certains comme ayant été non binaire. Ces références historiques et mondiales peuvent préparer les élèves qui ne sont pas familiers avec les identités LGBTQ+ à comprendre le contenu de l’extrait », y lit-on.
Les préparer à être complètement retournés, plutôt.
Il s’agit d’une tentative ridicule de « réécrire l’histoire » : « Jeanne d’Arc s’est battue en tant que femme et est morte en tant que femme », rappelle Robert Tombs, professeur émérite d’histoire française à l’université de Cambridge, qui y voit une insulte pour toutes les femmes, « comme si elles n’étaient pas capables d’héroïsme ». Mais comme le disait un enseignant cité par The Telegraph, les enfants sont « vulnérables à ce genre d’absurdités qui nient la réalité, lorsqu’elles sont présentées de manière sérieuse ».
C’est là, le pire – et évidemment, ce qui est recherché. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose.
Le terme « non-binaire » a fait son apparition il y a trois décennies
Cette histoire du genre de Jeanne d’Arc, on en entend parler depuis l’étude choc de la lesbienne communiste américaine, Leslie Feinberg, publiée en 1996 et intitulée Transgender Warriors: Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman : Jeanne y est décrite comme une « brillante adolescente paysanne transgenre » qui « a subi la douleur atroce d’être brûlée vive plutôt que de renoncer à son identité ». Depuis, tout est prétexte à le rappeler. Même Madonna en a fait un clip odieux, en 2019, avec « Dark Ballet ». Et en 2022, le Shakespeare’s Globe mettait en scène Moi, Jeanne, qui la dépeignait comme une martyre non binaire, en employant les articles « they/them » au lieu de « she/her ».
Du pillage en règle de l’histoire pour une légitimation a posteriori. Un fantasme projeté pour une requalification à l’envers. C’est aussi, quelque part, un dévoiement public de son sacrifice et de son martyre. Un viol, en somme, celui, justement, qu’elle n’a pas subi de son vivant parce que ses vêtements l’en préservaient !
Le costume masculin de l’époque, pourpoint et chausses reliés par une vingtaine de cordons, constituait en effet la meilleure protection contre toute avance sexuelle (et bien lui en a pris, puisqu’à plusieurs reprises, elle a dû en repousser). C’est ce qu’elle a répondu à ses détracteurs lors de son procès, alors qu’ils voulaient utiliser cet argument pour la qualifier de sorcière contre nature qui transgresse les lois divines : « Les vêtements sont une petite affaire, la moindre de toutes. »
Personne, d’ailleurs, ne fut étonné lorsqu’elle les demanda pour la première fois à l’écuyer Jean de Novelonpont, nous raconte Régine Pernoud dans son Jeanne d’Arc : elle devait mener des hommes et assurer une stature masculine liée à sa fonction. « Je n’ai jamais mis ces vêtements et je n’ai rien fait, sauf sur l’ordre de Dieu et de Son ange », déclara-t-elle à ses interrogateurs lors du procès. Malgré tout, ceux-ci s’en servirent pour la condamner.
Au Royaume-Uni, les enfants sont directement visés par l’idéologie LGBT
Qu’elle est loin de l’anticonformiste rêvée par le mouvement transgenre ! Qu’elle est loin de l’icône transgressive s’autoproclamant par son propre martyre ! Jeanne d’Arc est tout au contraire une jeune fille de son temps qui eut préféré rester après de ses parents, garder ses moutons. Elle est surtout l’éminente figure de l’obéissance à la Loi suprême qui dépasse celle des hommes. Et qui fut, pour cette raison, inspirée par le Ciel, cent jours de procès durant, pour répondre avec une habileté désarmante à ses juges, alors qu’elle ne savait ni lire ni écrire…
La sainte patronne de la France qui fut brûlée pour hérésie en 1431 est l’antithèse de ceux-là mêmes qui veulent la récupérer, niant la réalité biologique et stigmatisant une construction sociale dans la distinction des sexes. Depuis le récit de la Genèse, la religion chrétienne prône une dualité incarnée de l’homme et de la femme. Comme le rapporte Régine Pernoud, Jeanne s’était effarée d’apprendre qu’elle allait brûler vive, préférant être « sept fois décapitée » que de voir son corps réduit en poussière : pas parce qu’elle nourrissait une crainte personnelle mais bien parce que ce corps féminin, éminemment respectable en tant que tel et appartenant à Son Créateur, allait disparaître par une main humaine.
Alors qu’on ne touche pas à Jeanne ! Et qu’on ne touche pas aux enfants !
Cette polémique intervient quelques jours après seulement qu’on a appris, par MailOnline, qu’un enfant de trois ou quatre ans avait été renvoyé d’une crèche pour transphobie… Jeanne d’Arc ou une drag queen du XXIe, tous les moyens sont bons pour l’endoctrinement, et personne ne doit rester sur le bord de la route.