Menée dans le cadre d’un travail d’enquête de la BBC, un gigantesque sondage en Angleterre révèle que les jeunes sont beaucoup moins fiers que leurs aînés d’être anglais, et qu’ils le sont d’autant moins qu’ils habitent à proximité de la capitale. C’est à Londres que ce sentiment de fierté est le plus ténu pour l’ensemble de la population. Et cette fierté est fortement liée, par les enquêteurs, à la perception de l’identité et à l’appréciation des qualités proprement « anglaises ».
Signe du cosmopolitisme promu par le mondialisme ? Le sondage mené par YouGov auprès de 20.081 personnes montre une évolution plutôt qu’un instantané : s’il révèle que près de 8 personnes sur 10 s’identifient fortement comme « anglaises », la fierté nationale qui devrait naturellement accompagner ce sentiment atteint les 72 % chez les plus de 65 ans mais chute à moins de la moitié chez les 18-24 ans qui ne sont que 45 % à affirmer cette fierté. Les 25-49 ans sont à peine plus d’un sur deux (51 %) à l’éprouver, et probablement d’autant moins qu’ils sont dans la catégorie la plus jeune pour cette tranche d’âge.
Les jeunes Anglais aiment-ils encore l’Angleterre ?
Cet état de fait s’accompagne d’un pessimisme de plus en plus répandu, une personne sur deux estimant que les plus beaux jours de l’Angleterre sont derrière elle. Seule une personne sur dix pense que les plus beaux jours sont encore à venir. S’il est vrai que ce sentiment est le plus répandu parmi la population plus âgée, il n’y a pas de tranche d’âge où il ne soit pas majoritaire, contrairement à ce qui se passe aux Pays de Galles ou en Ecosse. Pour John Denham, directeur du Centre pour l’identité anglaise et la politique de l’université de Winchester, cela s’explique par les questions posées aux populations à propos de la décentralisation : en somme, que veulent-elles être au XXIe siècle ?
En Angleterre, juge-t-il, ceux qui vivent loin de la capitale ont le sentiment que personne ne s’intéresse à ce qui se passe en dehors de Londres.
Un sondage révèle la déliquescence de l’Angleterre
Le patriotisme est logiquement également en recul, spécialement chez les jeunes dont le cosmopolitisme, et la « diversité raciale » sont plus poussés. Ceux-ci s’identifient comme britanniques plutôt que comme anglais, le concept recouvrant des attitudes de plus en plus diverses.
Les caractéristiques anglaises les plus citées sont autant de qualités : l’humour, la tradition et les bonnes manières – et la capacité à traverser les épreuves sans battre un sourcil. Mais y aura-t-il encore des héros pour y faire appel le jour où cette patrie verdoyante, mais trop oubliée, sera en péril ?