Jour de la Terre 2025 : d’Ira Einhorn à Guterres et l’ONU

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C’est dans une relative discrétion qu’a été célébrée, mardi, le Jour de la Terre : on n’en trouve que peu de traces dans les grands médias francophones, ce qui est remarquable par les temps que nous vivons. Né dans le contexte du mouvement hippie aux Etats-Unis, doté d’un parrain plus que discutable, Ira Einhorn, assassin particulièrement brutal de son ex-compagne, repris à son compte par l’ONU sous le vocable « Journée internationale de la Terre nourricière », « Earth Day » a connu des éditions plus flamboyantes en France. Mais il semblerait que celle-ci se lasse…

Un sondage IPSOS paru le 22 avril, justement, assure pourtant que 75 % des Français se disent préoccupés par les effets du changement climatique dans le pays, c’est 8 points de plus qu’en 2022 : la propagande n’a pas chômé. Mais 54 % sont persuadés que la transition vers des « énergies renouvelables » entraînera une hausse du coût de l’énergie pour les ménages, ce qui prouve que la réalité les rattrape. Et si les Français sont particulièrement nombreux à penser que « le changement climatique est la plus grande menace sanitaire que pèse sur l’humanité » (55 % contre 49 % au niveau mondial), ils sont aussi 39 % à juger qu’« il n’y a pas de consensus parmi les climatologues sur les effets du changement climatique », à comparer avec la moyenne mondiale de 29 %.

 

En 2025, le Jour de la Terre fait plutôt pschitt

Dans le même temps, ils sont en moyenne plus critiques que les personnes interrogées dans 29 autres pays à l’égard de certaines « solutions » imposées autoritairement par les alarmistes du climat : « Les Français sont les plus nombreux à considérer que les véhicules électriques sont aussi mauvais pour la planète que les véhicules thermiques avec près de six Français sur 10 (58 %), en première position du classement des 30 pays interrogés. De même, les Français se trouvent en deuxième position des populations considérant que les fermes éoliennes offshore détruisent les écosystèmes avec 37 % d’entre eux l’affirmant juste derrière les Indiens à 38 % », rapporte IPSOS, qui a réalisé ce sondage en collaboration avec l’école d’ingénieurs CESI.

Les Français sont plus nombreux à penser que la « transition énergétique » aura des effets négatifs sur l’emploi, la sécurité alimentaire, la pauvreté dans le monde et même en matière d’épidémies mondiales, que l’inverse.

Autrement dit, le matraquage idéologique fonctionne mieux tant qu’il n’est pas question de mesures qui frappent au portefeuille ou de réalités constatées d’expérience.

L’ONU, elle, reste mobilisée pour cette journée du 22 avril qui s’appelle carrément, en anglais, « International Mother Earth Day » – la Terre Mère est un concept encore plus radical que la Terre nourricière, et renvoie vers les divinités des sociétés panthéistes. Pachamama ou Terre Mère, c’est tout comme.

 

Jour de la Terre 2025 : Antonio Guterres au chevet d’Argan

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui déplorait « l’ébullition climatique » en juillet 2023, se veut désormais au chevet de la « Terre nourricière… prise de fièvre ». « Nous savons la cause de cette maladie : les émissions de gaz à effet de serre que l’humanité rejette dans l’atmosphère, et qui proviennent essentiellement des combustibles fossiles. Nous en connaissons les symptômes : les incendies de forêt, les inondations et les chaleurs, qui font des ravages, des vies perdues et des moyens de subsistance anéantis. Et nous connaissons le remède : réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et accélérer l’adaptation pour nous protéger – et protéger la nature – des catastrophes climatiques », ajoute-t-il dans son message.

Contrairement à ce que pensent beaucoup de Français, il veut (faire) croire que « les énergies renouvelables sont moins chères, plus saines et plus sûres que les combustibles fossiles » et que « les mesures d’adaptation sont essentielles pour créer des économies solides et des sociétés plus sûres, aujourd’hui et demain ».

Mais le discours, tout comme l’adhésion à ce discours, s’essouffle. C’est peut-être bien ce phénomène qui a conduit à mettre en sourdine les animations du Jour de la Terre… La pratique religieuse n’est-elle pas dramatiquement en berne dans nos pays occidentaux ? Eh bien, le culte à la Terre Mère subit peut-être un sort semblable, comme le regrettaient il y a deux ans dans Time deux apôtres qui réclamaient de voir célébré de manière plus rituelle et religieuse le Jour de la Terre. Ne croyons pas que ses sectateurs fassent marche arrière, cependant ; quand le quidam montre des signes d’agacement, lui laisser un peu de repos, un peu de mou peut se révéler être une politique habile. Un petit coup de canicule et hop, ça repartira !

 

D’Einhorn à l’ONU en passant par Time

Un mot, pour finir, sur Ira Einhorn, l’homme qui a longtemps affirmé avoir fait partie des fondateurs d’Earth Day. Le site conservateur américain Daily Wire publie avec délectation les mugshots d’Ira Einhorn, condamné à la prison à vie pour avoir sauvagement assassiné en 1977 Holly Maddux, son ex-concubine qui, lasse de son amant colérique et manipulateur, venait de le quitter quelques mois plus tôt. Einhorn conserva le corps momifié de la jeune femme dans une malle pendant 18 mois à quelques mètres de son lit avant d’être pris, mais réussit à se faire libérer sous caution et en profita pour filer en Europe, où il accusa la CIA d’un montage à son encontre, trouva une nouvelle compagne, suédoise celle-là et fortunée, avant de se faire arrêter 17 ans plus tard en France où le couple s’était installé. Celle-ci, risque de peine de mort aux USA oblige, refusé de l’extrader pour qu’il puisse être jugé après une première condamnation par contumace dans l’Ohio en 1993. Car l’idéologie est partout, dans les affaires du climat comme dans les procédures judiciaires… Finalement, la France l’a rendu aux Etats-Unis et un jury local n’eut besoin que de deux heures pour le déclarer coupable et le condamner à vie. Il est mort en 2020.

En attendant, Einhorn avait bel et bien affirmé qu’il était à l’origine du Jour de la Terre, chose rendue très plausible par le fait que lors de la première édition à Philadelphie en 1970, il avait harangué la foule pendant une heure depuis le podium. Le voisinage est devenu encombrant lorsqu’il a été poursuivi, puis condamné pour assassinat, et on explique aujourd’hui qu’il n’était pas au nombre des fondateurs, qu’il avait pu s’insinuer sur le plateau et que son discours de Philadelphie avait retardé celui du sénateur Edmund Muskie pour l’occasion. En 1997, le magazine Time était encore persuadé du lien entre Einhorn et le Jour de la Terre. Il en a fallu, du temps, pour changer le récit !

 

Ira Einhorn, chouchou de « l’établissement » et assassin

L’histoire du futur assassin résume bien des folies de notre temps. Pendant les années 1960 et 1970, il était professeur d’université, spécialiste de la « contre-culture ». A l’université de Pennsylvanie, il recommandait en cours la consommation de LSD et de cannabis, se dénudant même à une occasion pour distribuer des joints ; dans le même temps, il prêchait la conscience écologique, rejoignant le discours du New Age et militant contre la guerre du Vietnam. Cela ne l’empêcha pas d’être invité à faire des conférences dans des environnements officiels.

Viré de l’université de Pennsylvanie pour ses écarts, son activisme lui valut tout de même une récompense prestigieuse : il enseigna pendant un semestre à l’Institut politique de la Kennedy School of Government en 1978. Il est bien possible que sa notoriété publique ait permis que la police ne s’intéresse pas à lui en tant que dernière personne connue à avoir vu Holly Maddux vivante : un environnementaliste aussi apprécié et dans le vent saurait-il être soupçonné de meurtre ? La famille Maddux dut finalement faire appel à des détectives privés pour résoudre l’affaire, ce qui fut fait sans trop de difficulté, et la police finit par arrêter son suspect.

Einhorn eut recours aux services d’un avocat de premier plan, Specter Arlen, plus tard sénateur démocrate de Pennsylvanie, qui obtint que sa caution soit minime à l’aune américaine – 40.000 dollars. Les 10 % de la somme à régler pour pouvoir prendre le large, soit 4.000 dollars, furent réglés par un membre de la haute société canadienne.

Tout ce petit monde a cru que l’on ne saurait être en même temps ami de la planète et ennemi de l’homme (et encore plus de la femme). Mais si on y réfléchit bien, ce sont les deux côtés d’une même médaille – l’homme n’est-il pas communément présenté comme l’ennemi de la planète ?

 

Anne Dolhein