Le président de la Commission européenne se fout intégralement d’être critiqué pour avoir lancé un avertissement catastrophiste aux partisans du Brexit à l’approche du referendum du 23 juin. Jean-Claude Juncker, qui s’exprimait devant l’Association de la presse présidentielle française à Paris, marque bien ainsi que l’expression démocratique n’est que de peu de poids, dans l’Union européenne, face à l’idéologie.
« A chaque fois que je m’exprime sur des débats intérieurs, on me dit que je n’aurais pas dû le faire, et à chaque fois que je ne m’exprime pas sur les grands sujets européens lorsqu’ils sont devenus nationaux, on me critique de n’avoir rien dit », a déclaré Jean-Claude Juncker pour justifier son choix de faire comme bon lui semble. Et d’ajouter : « A vrai dire, je m’en fous intégralement ! »
Le président de la Commission européenne se fout intégralement d’être critiqué sur la question du Brexit
« Cela reflète non seulement la position de la Commission mais d’autres gouvernements », a-t-il poursuivi.
Ainsi se fout-il qu’on n’apprécie ou non les menaces qu’il a adressé, par exemple, il n’y a pas deux semaines, aux partisans du Brexit, auxquels il a promis que l’Union européenne mènerait la vie dure au Royaume-Uni s’il venait à la quitter.
Mais pour qui se prend ce sinistre olibrius ? Se croit-il vraiment au-dessus tout à la fois des lois et de la démocratie ?
Pour justifier son arrogante démarche, Jean-Claude Juncker évoque l’idée d’une Europe utile, efficace. Dans cette perspective – un peu tardive, n’est-ce pas ? –, le président de la Commission européenne essaye de caresser la France dans le sens du poil. L’évoquant comme « un acteur exemplaire », il lui suggère de se démarquer de Berlin, à l’heure où, justement, Angela Merkel et François Hollande semblent vouloir relancer le moteur franco-allemand. « Pourquoi faudrait-il une initiative franco-allemande ? Pourquoi une initiative française ne serait pas la bienvenue ? », s’est-il interrogé. « Si la France agissait seule, elle pourrait dire tout ce qu’elle pense… »
La démarche est pour le moins curieuse. Juncker, qui reproche aux Etats-membres, leur repli nationaliste, invite néanmoins Paris à une démarche singulière. Peut-être parce que, quoi qu’on en pense par ailleurs, le moteur franco-allemand pourrait prendre trop d’importance. La communauté des pays vise en effet diminuer leur singularité nationale ; pas à renforcer leur emprise.
La schizophrénie de Jean-Claude Juncker
Mais ce n’est pas le seul aspect étrange du discours de Jean-Claude Juncker. Qu’on en juge ! Evoquant le désamour des Européens dans leur ensemble pour Bruxelles, le président de la Commission affirme : « Si les Européens se sont éloignés de l’Europe, c’est parce que nous n’avons pas su répondre à leurs principales préoccupations, alors qu’ils ont payé un lourd tribut à la pire crise financière, économique et sociale que l’Europe a connue depuis la Deuxième Guerre mondiale. »
C’est vrai. Mais qui en porte la responsabilité ? Juncker serait-il schizophrène ?
De fait, les belles paroles lancées aux maires de France ne sauraient compenser une politique bruxellois qui ruine, peu à peu, l’ensemble des Français – pour ne parler que de nous.
L’homme n’en a cure. Il poursuit : « Il est devenu urgent de recréer un lien de confiance entre l’Europe et ses citoyens. Et pour cela de belles paroles ne suffiront plus. »
Se rend-il compte que, en s’exprimant ainsi, il se condamne lui-même ?