Emanuel Brünisholz a le tort de ne pas être d’extrême gauche. Ce Suisse, réparateur d’instruments à vent à Berthoud, dans le Canton de Berne, a écrit en décembre 2022, en réponse à une publication du député UDC (droite patriote fédérale) Andreas Glaner sur Facebook, les phrases suivantes : « Si vous déterrez des personnes LGBTQI dans 200 ans, vous ne trouverez que des hommes et des femmes, leurs squelettes le disent. Tout le reste n’est qu’une maladie mentale promue par le biais du programme scolaire. » Signalé par une dizaine d’utilisateurs du réseau social gagnés à l’arc-en-ciel, dont deux journalistes et un enseignant, le malheureux a été condamné à une amende de 500 francs suisses (534 euros) par un tribunal de Berne. Une folie qui montre à quel point est tombée la justice, en Suisse comme ailleurs.
La justice suisse piétine la liberté d’expression
Le jugement affirme en effet que « par son commentaire publié sur Facebook, [Brünisholz] a publiquement dénigré le groupe LGBT(Q)I en raison de son orientation sexuelle et d’une manière qui porte atteinte à la dignité humaine ». Le condamné a refusé de payer et le cas a été porté à l’échelon supérieur, au tribunal régional d’Emmental-Haute-Argovie, qui a confirmé la condamnation en y ajoutant 600 francs suisses de frais. L’amende étant transformable en peine de prison, Brünisholz a préféré être incarcéré (ce sera le 2 décembre prochain), estimant lésé son droit à exposer une « vérité scientifique ». L’association Verein-Wir, attachée à la liberté d’expression et aux droits civiques, le soutient et demande aux Suisses d’adresser une lettre de protestation au procureur chargé de l’affaire.
La folie arc-en-ciel nie la réalité de l’homme et de la femme
Une remarque : si la première phrase de Brünisholz est conforme à la vérité scientifique, la seconde est imprécise : que faut-il entendre par « tout le reste » ? Il serait plus exact de dire que la théorie existentialiste lancée par Judith Butler selon laquelle on choisirait son sexe n’est qu’une absurdité qui engendre le désordre social et la folie. Cependant la pensée de Brünisholz est dans l’ensemble compréhensible et juste, et en le condamnant la justice suisse est sortie de son rôle. Si le juge a eu un doute sur l’interprétation de « tout le reste », il ne devait pas condamner pour cela : c’est un principe du droit que le doute doit profiter à l’accusé. En outre, en aucun cas l’interprétation que le jugement fait de la phrase de Brünisholz n’est acceptable : il n’a pas parlé d’orientation sexuelle mais de forme du squelette. Si quelqu’un a porté atteinte à la dignité humaine, c’est le tribunal, par son jugement absurde qui bafoue et la logique et le droit. Il est invraisemblable que le tribunal régional ait confirmé cette ineptie. Invraisemblable mais vrai. En Suisse pas plus qu’en France la justice ne semble intéressée à dire le droit, préférant imaginer un nouveau droit pour faire advenir l’utopie arc-en-ciel. Un nouveau monde où il n’y a plus ni homme ni femme, mais une multitude de caprices.