« Je suis entré dans la politique en étant catholique… je suis catholique d’abord, homme politique ensuite ; je suis d’abord père de famille, puis homme politique. » La phrase est de José Antonio Kast, élu président du Chili, dimanche, avec plus de 58 % des voix face à son adversaire communiste, Jeannette Jara (41,8 %). Il dirigera un Chili qui n’aura jamais été autant à droite depuis 35 ans – et quelle droite ! Outre les thématiques propres aux droites nationales – Kast a promis de lutter contre la criminalité qui augmente et qui fait de la sécurité un des premiers sujets de préoccupation des électeurs, et contre l’immigration clandestine – il porte un programme fortement pro-famille et pro-patrie.
Il a d’ailleurs rebaptisé son mouvement, fondé en 2016 après sa rupture avec les conservateurs de l’Union démocrate indépendante qu’il jugeait trop politiquement corrects, « Parti Républicain » en 2019. Avec, pour Kast, une devise claire : « Dieu, patrie, famille ».
José Antonio Kast, nouveau président du Chili
José Antonio Kast, 59 ans, est le dernier des dix enfants d’une famille catholique d’origine allemande marquée par une pratique religieuse assidue et profonde. C’est la raison pour laquelle il se considère comme catholique d’abord, l’engagement politique n’étant venu que plus tard, même s’il a tôt été élu à divers niveaux pour finir député au Congrès du Chili où, en 2004 déjà, il s’est montré l’un des opposants les plus fermes à la loi introduisant le divorce dans le pays. Il fait partie du Mouvement apostolique de Schoenstatt.
Lors de l’entretien cité plus haut, en 2023, il dénonçait tout particulièrement le « sécularisation » prônée par la gauche, qui revient, disait Kast, « à éloigner ce qu’on a de plus intime, de plus personnel, sa foi, de son action publique »… « Pourquoi moi, en tant qu’homme politique, devrais-je cacher que je suis pratiquant de la religion catholique ? C’est ce que voudrait la gauche », ajoutait-il.
Le peuple chilien a donné sa réponse.
José-Antonio Kast est marié depuis plus de trente ans avec María Pía Adriasola ; le couple a neuf enfants. Il a publiquement exprimé la dimension « vitale » de cette expérience, qui a donné corps à ses convictions sur l’engagement, la responsabilité et le service.
Dieu, patrie, famille : la devise d’un catholique cohérent
Lors de son premier discours en tant que président élu, il a au demeurant remercié sa famille, ce qui est classique, mais en recommandant publiquement son mandat à Dieu, demandant les grâces de « la sagesse, la tempérance et de la force pour être à la hauteur de ce défi ». Il prendra ses fonctions le 11 mars 2026, marquant un moment important pour le continent : désormais, hormis la Colombie, la moitié occidentale de l’Amérique du Sud, depuis l’Equateur jusqu’à l’Argentine en passant par le Pérou, la Bolivie, et le Paraguay a basculé à droite. Et on vote en 2026, laissant prévoir d’autres retours à droite au Brésil et en Colombie, sans compter le Venezuela où le socialo-marxiste Maduro pourrait être contraint de lâcher son pouvoir sous pression états-unienne.
La victoire de Kast a notamment été facilitée par le marasme économique qu’a connu le Chili sous son prédécesseur Gabriel Boric, élu contre lui en 2022 sur un programme de mise en place d’Etat-nounou et une réforme « progressiste » de la fiscalité, sans parvenir à faire adopter toutes ses propositions par le Congrès.
Kast, lui, a été élu sur un programme qui rappelle celui de Trump, présentant son projet comme celui d’un « gouvernement d’urgence » axé sur les questions économiques, sociales et de sécurité. Alors que le Chili compte quelque 350.000 étrangers en situation irrégulière (trois fois plus qu’en décembre 2021, tandis qu’en 2018, ils n’étaient que 10.375 officiellement répertoriés), le président-élu a promis d’agir contre l’arrivée croissante de ces migrants clandestins. Le média chilien Ex-Ante, qui regroupe de nombreux journalistes professionnels et d’anciens responsables politiques et qui donne ces chiffres, note :
« Selon les données de la gendarmerie, au 30/11/2024, le nombre d’étrangers dans les prisons chiliennes a augmenté de manière constante, passant de 7,1 % à la fin de 2019 à 15,2 % en 2024.
« Ces données reflètent non seulement une crise migratoire, mais aussi un manque d’expulsions dans le cadre de la convention de Strasbourg pour cette population et la présence croissante du crime organisé transnational.
« La concentration de migrants dans certaines régions entraîne des déséquilibres dans le développement régional et des tensions au sein des communautés locales. »
Kast promet de protéger les frontières du Chili
José Antonio Kast a promis de construire des murs aux frontières – et aussi de mettre en place des tranchées, des drones avec reconnaissance faciale et des radars thermiques – d’éliminer le narco-trafic, et d’expulser massivement les migrants en situation irrégulière dans le pays. Les employeurs de clandestins seront sanctionnés ainsi que ceux qui leur louent des logements.
Sur le plan économique, il veut baisser les impôts et réduire les dépenses publiques de 6.000 millions de dollars en 18 mois. Interpellé à ce sujet par le président actuel, Gabriel Boric, qui l’accusait en octobre de vouloir s’en prendre à des prestations sociales pour les plus pauvres, Kast réagissait :
« Non, Monsieur le Président. Nous allons réduire les dépenses politiques de 6 milliards de dollars sans affecter les prestations sociales telles que la PGU [pension universelle garantie]. Et nous allons nous débarrasser de tous les fonctionnaires corrompus que vous avez fait entrer au gouvernement et qui, au cours des quatre dernières années, ont volé l’argent des Chiliens les plus pauvres. »
Il avait annoncé son programme d’économies lors d’un séminaire au Centre latino-américain de politiques économiques et sociales de l’Université pontificale catholique du Chili, déclarant qu’il prévoyait un ajustement de 3 milliards de dollars par voie administrative et 3 milliards de dollars supplémentaires par le biais du Congrès. Il avait lancé : « Vous pourrez me juger dans 18 mois et me demander alors de démissionner. Ce sont les citoyens et les parlementaires qui me jugeront. » A l’époque, Kast était à la traîne derrière Jeannette Jara dans les sondages… Il a su convaincre.
La famille doit retrouver ses droits
Kast s’est également engagé à limiter l’influence de l’idéologie dans les salles de classe, à garantir des crèches grâce à une collaboration entre les secteurs public et privé, et à transférer vers le secteur privé les longues listes d’attente du nouveau plan de santé, qui comprend le renforcement du plan national de santé mentale et des soins de santé primaires.
En matière d’éducation, les principales mesures de Kast consistent à rétablir le « droit des parents à éduquer leurs enfants », limitant et réduisant ainsi le pouvoir des enseignants et des éducateurs, et à lutter contre l’absentéisme scolaire.
Enfin, en matière de logement, l’Opération Sitio 3.0, nom qu’il a donné à son programme, se concentre sur les subventions pour l’acquisition de terrains ou la construction de logements.











