Les habitants de Kaufbeuren en Bavière mettent en échec un projet de mosquée turque appuyé par la municipalité

Kaufbeuren mosquée turque Bavière
 
La Bavière est aux avant-postes de la résistance à l’islamisation. Après l’obligation décrétée par le gouvernement de l’Etat libre d’apposer des crucifix dans tous les bâtiments publics, « signe des racines culturelles du Land », voici que les citoyens de Kaufbeuren viennent de rejeter par un référendum d’initiative populaire le projet de construction d’une mosquée sur un terrain municipal. Le bâtiment proposé aurait été financé par l’association musulmane turco-allemande Ditib, puissante organisation gouvernementale et islamique turque en Allemagne avec l’aide de la municipalité de droite. C’est elle qui prétend couvrir le pays de mosquées, souvent immenses comme celle d’Essen en Rhénanie-du-Nord-Wesphalie. Kaufbeuren comprend une minorité turque de quelques centaines de personnes.
 

A Kaufbeuren, les votants ont voté à 59,6% contre le projet de mosquée turque

 
Le vote sur la proposition référendaire intitulée « Renforcer Kaufbeuren plutôt que la diviser » s’est tenu ce dimanche 22 juillet dans cette petite ville de 43.000 habitants située au pied des Alpes, en Souabe, dans le sud-ouest de la Bavière. Son maire est Stefan Bosse, de l’Union chrétienne-sociale bavaroise CSU, par ailleurs au pouvoir au niveau régional et membre de la coalition fédérale. Le scrutin a connu une participation de 27%, dépassant le seuil de 20% fixé pour que son résultat ait force de loi. La décision est sans ambiguïté : 59,6% des votants a voté contre la mosquée, sur la construction de laquelle la municipalité avait commencé de négocier en novembre. Le projet comprenait la cession à la Ditib d’un terrain public de 5.000 m2 pour un bail de 99 ans afin d’y construire le bâtiment.
 
Le référendum d’initiative citoyenne a été organisé à l’initiative d’un groupe qui affirme que la Ditib est le bras armé politique du président-dictateur islamiste turc Recep Tayyip Erdogan et que ses imams prêchent un « islam politique ». L’islam étant une théocratie, il n’y a là rien de surprenant. Ce n’est pas la première accusation de cette nature contre la Ditib, qui a reconnu l’an dernier que plusieurs de ses imams servaient d’agents actifs de renseignement pour le gouvernement d’Erdogan.
 

En Autriche, voisine de la Bavière, le gouvernement a fait fermer sept mosquées, certaines turques

 
Depuis sa mairie, Stefan Bosse a commenté le résultat de la consultation par un truisme exemplaire : « Je crois que le débat local a été largement influencé par des sujets plus généraux, tels que la relation avec la Turquie et la question migratoire ». En Autriche voisine – Kaufbeuren n’est qu’à 45 km de la frontière entre Bavière et Tyrol – la coalition conservateurs-populistes au pouvoir a aussi mis en cause les associations islamiques turques. En juin, elle a annoncé la fermeture de sept mosquées, certaines en lien direct avec Ankara. De 40 à 60 imams liés à l’Atib, homologue autrichienne de la Ditib allemande (en France, c’est la Fransa Ditib), ont été expulsés après avoir été convaincus de violation de la loi fondamentale du pays.
 
Le président de l’antenne locale de la Ditib à Kaufbeuren, Osman Öztürk, s’est dit « choqué » par le résultat de la votation mais a confié qu’il avait reçu l’appui des Eglises locales. L’usage d’un terrain privé, et non plus public, reste une option pour le bras armé du gouvernement Erdogan et son projet de mosquée.
 

Matthieu Lenoir