John Kerry promeut le mondialisme climatique en Chine

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L’envoyé spécial du président Joe Biden pour le climat, John Kerry, était en Chine en début de semaine pour promouvoir l’entente entre Pékin et Washington pour la lutte contre le « changement climatique » et la réduction des gaz à effet de serre (le CO2, comme toujours, auquel on ajoute aujourd’hui le méthane, avec les vaches et l’agriculture dans le viseur). Kerry, secrétaire d’Etat de l’administration Obama de 2013 à 2017, conserve d’excellentes relations avec la Chine malgré les tensions en cours entre celle-ci et les Etats-Unis, exacerbées par la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la chambre des représentants, à Taiwan. La Chine en avait été si courroucée que les pourparlers sur le climat avaient cessé entre les deux pays. Mais ça y est, la tragi-comédie a pris fin et Kerry a pu reprendre le discours obligé sur le règlement de la « crise climatique » par un « leadership global ». La Chine n’est pas contre, pourvu qu’elle reste maîtresse chez elle.

John Kerry a en tout cas pu s’entretenir pendant quatre heures avec son homologue chinois, Xie Zhenhua, lundi, selon la Télévision centrale de la Chine. Avant la rencontre, le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan annonçait que le haut fonctionnaire ferait pression sur Pékin afin que la Chine cesse d’utiliser le prétexte d’être un « pays en développement » pour retarder ses efforts pour réduire ses émissions.

En même temps que les pays développés se soumettent à des contraintes décidées au niveau supranational par les conférences sur le climat et autres instances comme l’ONU et l’Union européenne, perdant ainsi en compétitivité et acceptant de lourdes charges liées à la coûteuse mise en place d’énergies « vertes », mais incertaines, la Chine continue en effet de profiter de l’aubaine qui l’exempte de ces obligations. C’est tout bénéfice pour ses productions et ses exportations…

 

John Kerry n’est pas mécontent, puisqu’il a prêché le mondialisme climatique

« Je pense que le monde devrait agir pour encourager la Chine à prendre des mesures beaucoup plus radicales pour réduire ses émissions, voire faire pression sur elle », a déclaré le conseiller. Nul ne sait si Kerry a effectivement pris le taureau par les cornes en exigeant une sorte de réciprocité en matière de réduction de gaz à effet de serre, mais comme rien ne garantit sa réelle croyance en l’origine humaine d’un « réchauffement » hypothétique, l’important n’est en fait pas là. Il s’agit plutôt de montrer que l’on parle, et fermement avec ça, pendant que les choses suivent leur cours et que l’on fait augmenter le crédit de l’ONU et autres COP.

Mardi, John Kerry a ainsi pu converser avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, pour marteler que le réchauffement climatique représente « une menace pour l’ensemble de l’humanité » qui nécessite un « leadership mondial ». « Le climat, comme vous le savez, est une question mondiale, pas une question bilatérale », a-t-il insisté.

Le même jour, il a rencontré le Premier ministre chinois, Li Qiang, qui a en quelque sorte réitéré le propos en affirmant : « Il incombe à la Chine, aux Etats-Unis et à tous les pays du monde de renforcer la coordination, de dégager un consensus et d’accélérer les actions. » Li a appelé les deux parties à s’en tenir aux engagements climatiques pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de l’accord de Paris.

 

La Chine veut bien du globalisme climatique qui l’avantage

Même ton pour le communiqué officiel du gouvernement (ou plutôt du parti communiste) chinois marquant la fin de la visite de Kerry : Pékin a souligné que « le changement climatique est un défi commun auquel l’humanité tout entière est confrontée ».

Le mondialisme a ainsi marqué des points – but de l’opération – tandis que sur le terrain, la Chine continue tranquillement son chemin.

Du point de vue des réchauffistes qui prêchent le caractère peccamineux des émissions de CO2, les Etats-Unis et la Chine sont en tête de peloton, cette dernière envoyant dans l’atmosphère plus du double de ce qu’émettent les USA, en termes absolus. A elle seule, elle représentait 32,9 % des émissions mondiales de CO2 en 2021 contre 12,6 % pour les Etats-Unis.

Et la situation n’est pas près de changer, puisque la Chine, que Xi Jinping promet d’amener à son pic d’émissions en 2030 et à la « neutralité carbone totale » d’ici à 2060, continue de construire des centrales à charbon. Et les chiffres ne cessent d’augmenter : le premier trimestre de 2023 y a vu une hausse de 4 % par rapport aux niveaux de 2022, et les émissions du premier trimestre ont atteint un record absolu.

La satisfaction de John Kerry au terme de ses pourparlers apparaît quelque peu surfaite, car en fait de « négociations pour le climat » la Chine peut tranquillement dire une chose et faire son contraire en invoquant ses besoins énergétiques. En 2021, Xi avait annoncé vouloir étroitement contrôler la consommation de charbon, en particulier, mais lorsque ses sources d’énergie renouvelables, affichées comme assurant 15 % de ses besoins, ont commencé à dysfonctionner en raison de températures élevées, la Chine a bien vite relancé l’utilisation massive d’« énergies fossiles ». Vaine promesse, donc, et Xi défend le choix de créer encore davantage de centrales à charbon par sa volonté d’assurer la sécurité énergétique nationale. En tant que deuxième économie mondiale, il veut décidément asseoir sa domination. Tout au plus s’est-il engagé à ne plus construire de centrales charbon à l’étranger…

 

Le mondialisme climatique favorise la Chine en entravant l’Occident

C’est un luxe que les pays développés ne peuvent plus s’offrir sous la pression des « environnementalistes » qui ont braqué leurs regards de leur côté, quitte à démanteler encore un peu plus leurs économies, ce à quoi les exigences climatiques servent fort bien.

Quant à Xi Jinping, qui assistait à une conférence nationale sur l’écologie et la protection de l’environnement, entouré des sept membres du Politburo et d’un large éventail d’organes du parti – pendant que Kerry se contentait de ses subordonnés – il a déclaré que la voie à suivre par la Chine pour réduire les émissions de carbone devrait être déterminée par la Chine et non contrôlée par quelqu’un d’autre.

« Les engagements de la Chine sont inébranlables, mais la voie vers les objectifs ainsi que la manière, le rythme et l’intensité des efforts pour les atteindre devraient et doivent être déterminés par le pays lui-même, plutôt que d’être influencés par d’autres », a ajouté Xi Jinping.

Le discours sur le climat, il l’adopte sans réserve, mais pour les autres. Ou l’art de gagner sur tous les tableaux.

 

Anne Dolhein