Après une marche très médiatisée, Jérôme Kerviel, le trader de la Générale condamné à de la prison, a été arrêté à Menton. Lui-même et ses soutiens partent en croisade contre le veau d’or en oubliant sa propre culpabilité. Ils se rendent tous coupables d’une grande confusion.
Tout le monde a un peu raison, ou tort, selon le point de vue. Sapin de dire que Kerviel est un escroc, il a été condamné pour cela à la prison ferme. Kerviel de dire qu’il porte un chapeau beaucoup trop grand pour lui : il est difficile de croire que le système financier ait laissé partir cinq milliards en fumée sans qu’on s’en soit soucié au plus haut niveau.
Violence financière, confusion ecclésiastique
Et en ce sens là, le ministre des finances vole au secours d’intérêts particuliers qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général, si l’on ose dire. Le pape a raison de mener campagne contre Mammon, mais le héraut qu’il donne l’impression d’avoir choisi n’est pas très fiable. Il est clair d’ailleurs que les soutiens que Kerviel a reçus de deux ecclésiastiques ne font pas de lui un porte-parole de l’Eglise, là aussi il y a abus, intention de mensonge. Le bon prêtre enfin qui regrette de ne pas avoir pu embarquer dans la voiture des policiers prononce à faux un mot juste : la loi s’est appliquée sans violence. En revanche, le système de prédation de la finance internationale exerce un pouvoir violent, même si la brutalité n’en est pas apparente : il jette des gens à la rue, les réduit au suicide. Tous coupables de naïveté ou d’hypocrisie, ils contribuent à la désinformation sur l’un des scandales les plus révélateurs des vraies formes nouvelles du pouvoir·