C’est le lieu préféré des Français issus de la diversité pour y porter des coups de couteau, à en croire notre presse, régionale ou nationale. Le 26 juillet 2016 un terroriste tuait en pleine église le père Hamel. Pour le diocèse de Rouen, comme pour Wikipédia, il a été « assassiné », tandis que, des années après, La Croix et l’INA osent le dire « égorgé ». Les autorités françaises n’eurent pas ce courage après la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame le 24 mars 2018, de sorte que le public a d’abord pensé, en lisant la presse ou regardant la télévision, qu’il avait été atteint d’une balle au cou. Quand enfin fut publié le rapport d’autopsie, on découvrit qu’il avait reçu une « plaie gravissime de la trachée et du larynx ayant entrainé une détresse respiratoire ». Le jargon médical est un moyen comme un autre d’éviter les mots qui fâchent. Le dix mai 2022, le radiologue Alain Gervaise, raccompagnant ses enfants à l’école dans les quartiers nord de Marseille était attaqué par un Français de 23 ans, Mohamed L., d’une « dizaine de coups de canif à la gorge ». Il devait décéder seize jours plus tard. Le 14 août à Béziers un adolescent de 16 ans était « poignardé », touché « à la carotide, une blessure fatale » par un « jeune homme de 19 ans ». En fait, la majorité des « blessures mortelles » reçues dans « les rixes » en France, et bien sûr des « attaques au couteau terroristes » sont des égorgements, pratique traditionnelle que l’on nommait durant la guerre d’Algérie le sourire kabyle, de façon restrictive et abusive. On en voit la trace bien vivace dans le geste de menace qui trace avec l’index un trait horizontal à la hauteur de la glotte.