Il ne s’agit pas de celui qu’Elon Musk veut conquérir avec sa fusée Space X, mais de celui que la mairie écologiste de Strasbourg entend régenter : la cour de récréation des écoles primaires. Quand on a vraiment un grand appétit de « changer la vie », comme disait le slogan de feu François Mitterrand, on ne se contente pas de débaptiser le marché de Noël, on s’emploie à organiser partout « l’égalité » stricte entre les sexes, pardon, entre les « genres », puisque tel est devenu le vocabulaire obligatoire. D’ici à deux ans, la ville de Strasbourg souhaite que 65 % de ses écoles aient ainsi des espaces « plus végétalisés et égalitaires ». A cet effet elle a commandité une étude sociologique : on a muni les élèves de certains établissements de gilets équipés de GPS qu’ils glissent sous leur manteau à la récré. Ainsi les éthologues munissent-ils les grands mammifères de puces pour suivre leurs trajets et confirmer ainsi qu’ils ont des territoires et des frontières naturelles. Quant à l’étude strasbourgeoise, elle a révélé que « 20 % des garçons occupent 80 % de l’espace » durant la récréation. Ils joueraient au foot pendant que les filles se plairaient plus à des occupations moins spacivores sous le préau – on ignore ce que font les transgenres en puissance, que la mairie de Strasbourg oublie complètement. Pour le fonctionnaire qui s’occupe de tout ça, il est urgent d’agir : « Il y a des habitudes qui se créent très tôt, on a des groupes de gars qui prennent la place dans la cour et les filles vont très vite conscientiser le fait qu’elles sont reléguées en périphérie et d’éviter certains espaces. » Déjà architectes et entrepreneurs ont commencé à changer les choses, et Mme Lambert-Moche, directrice de l’école élémentaire de la Musau s’en félicite : « Ça a donné lieu à des espaces qui ne sont pas rectangulaires comme beaucoup de terrains de sport, donc c’est une belle perspective. Il y aussi des jardins partagés, potagers ou pédagogiques. » Voilà qui va sûrement faire remonter le niveau de l’Education nationale. Au moins, on sait où passe notre argent. En cour de récré, au moins, les enfants étaient tranquilles : c’était avant.