Polémique
Journée mondiale des femmes : l’égalité dangereuse (et ridicule)

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C’est parti pour vingt quatre heures. A l’occasion de la journée mondiale des femmes, les médias promeuvent bruyamment ce qu’ils nomment l’égalité hommes femmes. Or, derrière le ridicule de la célébration se cache une idée dangereuse.
 
Depuis hier soir on promène sur les radios et télévision un assortiment de femmes tantôt revendicatrices tantôt propres sur elles et férues de statistiques pour dénoncer les injustices résiduelles censément dues à la société patriarcale dont elles seraient les victimes et réclamer l’égalité dans la vie politique, dans l’entreprise, dans l’intégralité du champ social. C’est bruyant, et cela se donne pour un impératif indiscutable, mais ce n’est pas très malin.
 

Entre la journée mondiale du pop corn et celle de la plomberie

 
Cette idée de journée mondiale des femmes, d’abord, me navre, elle me choque même profondément. Pire, elle me fatigue. Mercredi dernier, j’ai déjà fêté la journée mondiale du compliment, vendredi la journée jaune, samedi celle du tennis, je prévois samedi prochain de célébrer dignement la journée mondiale de la plomberie et dimanche celle de la courtoisie au volant. Qu’on me permette donc de souffler pour me préparer en vue de samedi en huit et la journée mondiale du sommeil. Il faut savoir qu’il y a 460 journées mondiales par an. Je ne vais pas vous les détailler mais Rabelais s’en réjouirait. Rien que pour janvier il y a la journée du braille, de la Corse, sans pantalon, des migrants et des réfugiés, du pop corn, des câlins, de la douane, pour février la journée des zones humides, sans téléphone mobile, de la baleine, de l’ours polaire, de la justice sociale. Et pour la suite de l’année du moineau, du macaron, de la trisomie 21, du fromage, de la visibilité trans, du cirque, de l’hémophilie, du rire, du soleil, du lait, de la mer, de la mini jupe, du tricot, du baiser, du tigre, de la frite, du chat, du chien, du rhinocéros, de la non violence, de la poste, du lavage des mains, de l’ostéoporose, de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes, de l’orgasme, du climat, de l’égalité des chances, du bégaiement, des stagiaires. Perdre les femmes dans ce grand fourre-tout ridicule ne paraît pas très flatteur.
 

Soumettre les femmes à l’égalité, pire qu’un crime, une faute

 
Je sais bien que les filles sérieuses qui hantent le Huffington Post et les Inrockuptibles vont me juger dangereuse à force d’être futile, mais il me semble que derrière cette agitation ridicule se cache une idée fausse, celle que l’égalité est nécessaire entre les êtres humains. De l’égalité devant la loi, progrès capital que postule toute la civilisation européenne et chrétienne on est passé à l’égalité tout court, ce qui est une terrible régression dont donne une idée le vieux supplice de Procuste, qui étirait les uns et raccourcissait les autres pour les faire entrer dans le même lit.
 
Sans doute des femmes très renseignées se répandent-elles dans le Monde et sur France Info pour nous apprendre que seuls 24 % des managers dans le monde sont des managères, et d’autres catastrophes de même acabit, mais qu’est-ce qu’elles veulent que cela me fasse ? On pourrait observer que 100 % des bébés sont mis au monde par des femmes, et qu’est-ce que la controverse y gagnerait ? Peut-être de montrer que la nature des êtres est diverse, et qu’il y a une différence de nature entre les femmes et les hommes. Et que si un certain modèle récent dans l’Occident du Nord préfère soumettre les femmes au travail rémunéré, ce n’est qu’un modèle parmi d’autres, dont les inconvénients ne sont pas minces.
 

L’idéologie ridicule et dangereuse des imbéciles

 
Certaines féministes découvrent ainsi bien tard l’aliénation des femmes à un modèle masculin. Autre terrain de réflexion : puisque on aime à nous abreuver de statistiques et compter les milliards que coûteraient les inégalités entre les hommes et les femmes face à l’emploi, pourquoi n’évaluerait-on pas ce que coûte l’abandon du rôle traditionnel des femmes au profit de tâches mercenaires, en matière de formation des jeunes et de prévention des délits notamment ?
 
Mais le plus ridicule et le plus pervers demeure cette tension apprise, cette ardeur artificielle et toute puissante vers l’égalité. On ne saurait égaler, et d’ailleurs comparer, que des quantités homogènes : cinq pommes plus deux pieds ne donneront jamais sept pompiers. Dieu créa chacun unique, et la simple idée d’égalité me fait dresser les cheveux la tête, mes ongles rentrent à l’intérieur des doigts. Il semble que toutes ces donzelles et damoiseaux vieillis dans l’opprimant réduit de leur idéologie ne perçoivent plus les réalités les plus simples de la vie. Clemenceau disait, je crois, de Raymond Poincaré : « Sait tout et ne comprend rien ». Et l’on connaît, sur ce point, ajouterait La Fontaine, bon nombre d’hommes (et de femmes) qui sont Poincaré.
 

Pauline Mille