Le Mot : Magna Carta

Le Mot Magna Carta
 

En 1215 fut signé un compromis entre le roi Plantagenêt Jean sans Terre et ses barons normands révoltés, par l’intercession d’une quinzaine de médiateurs souvent évêques, qui fut plus tard surnommé le grand traité, ou la Grande Charte, en latin, langue officielle de l’époque dans laquelle il fut rédigé, Magna Carta. Pourquoi grand ? Parce que, par rapport à d’autres semblables antérieurs, il était considérablement plus long, et aussi parce qu’à cause de certaines de ses dispositions, les Britanniques le considèrent comme la source de leur droit politique, et, par un expansionnisme qui leur est naturel, comme l’origine de l’Etat de droit et de la démocratie. Deux exemplaires d’époque (nul ne sait où est l’original) sont pieusement conservés à British Library de Londres où les enfants des écoles viennent en pèlerinage l’admirer. Or, le 10 mai 2024, deux vieilles dames, la révérende Sue Parfitt, ministre anglican, et Judy Bruce, prof de bio à la retraite, 167 ans à elles deux, ont brisé la vitre qui protégeait la Magna Carta à coups de marteau avant d’être ceinturées et emmenées par la police. Par ce geste symbolique, elles entendaient dénoncer le gouvernement qui brise, lui, la loi, selon elles. Selon Parfitt, « la Magna Carta est révérée à juste titre, elle a une grande importance dans notre histoire, notre liberté et nos lois, mais, il n’y aura ni liberté, ni légalité, ni droits, si nous permettons que l’effondrement climatique devienne la catastrophe dont nous sommes menacés ».

Les deux malfaiteurs militants et moralisateurs appartiennent à l’organisation de désobéissance civile Just Stop Oil, à qui l’on doit d’autres gestes « disruptifs », tels que la soupe sur la Joconde et La jeune fille à la perle de Vermeer, et de la purée sur les Meules de Monnet, ou encore de la teinture noire dans la fontaine Trevi à Rome. Une stratégie scolaire mais efficace qui consiste à faire parler de soi en s’attaquant à des monuments connus. Un peu comme les Talibans avec les Bouddhas de Bâmyiân. En beaucoup plus dangereux : car si leurs revendications étaient suivies d’effet, c’est l’économie mondiale qui s’effondrerait.