Des supporteurs de l’équipe de football de Chelsea qui empêche un homme noir de monter avec eux dans le métro ont été filmés mercredi soir, en marge du match de Ligue des champions contre le PSG. Le racisme, qui frappe plus souvent qu’à son tour les milieux du ballon rond, a provoqué une indignation généralisée – et politique, avec notamment la réaction du premier ministre qui s’est dit « touché et indigné ».
Trois supporteurs de Chelsea interdits de stade
Les trois supporteurs britanniques concernés ont été temporairement interdits de stade, a indiqué jeudi le club de Chelsea, qui envisage une exclusion définitive : « S’il s’avère qu’il y a suffisamment de preuves de leur implication dans l’incident, le club prononcera une interdiction à vie à leur encontre. »
Pour sa part, la victime a porté plainte, au lendemain des évènements. L’homme, Souleymane S., un Franco-Mauritanien de 33 ans, a témoigné jeudi dans Le Parisien. Alors qu’il rentrait chez lui, dans le Val-d’Oise, il a voulu entrer dans une rame de métro, mais, déclare-t-il, « un groupe de supporteurs anglais me bloquait et me repoussait ». Et d’ajouter : « J’ai bien compris (…) qu’ils s’en prenaient à moi à cause de la couleur de ma peau. »
Une enquête ouverte par le parquet de Paris mentionne des « violences volontaires en raison de la race dans un moyen de transport collectif de voyageurs ».
Une émotion internationale
Il est vrai que, diffusée par le quotidien britannique The Guardian, la vidéo, prise à la station Richelieu-Drouot, a rapidement fait le tour d’internet, provoquant la réaction du Premier ministre britannique. David Cameron a dénoncé « un acte extrêmement dérangeant et inquiétant », « des faits très graves », « un crime potentiel ».
L’enregistrement, qui dure cinquante-sept secondes, montre les mêmes supporteurs chantant ensuite : « Nous sommes racistes, nous sommes racistes, et on aime ça ».
Les investigations ont été confiées au service transversal d’agglomération des événements (Stade), une unité de la préfecture de police de Paris spécialisée dans les débordements à l’occasion d’événements sportifs. Scotland Yard, qui tient un fichier des hooligans, a proposé sa collaboration à la France. Mercredi en fin d’après-midi, l’identité de l’un des individus avait déjà été établie.
L’anti-racisme et l’éthique moderne
Jeudi soir, le premier ministre Manuel Valls s’est dit « touché et indigné ». « Sur le terrain ou en dehors des stades, le racisme et l’intolérance n’ont pas leur place », a-t-il affirmé.
Effectivement, ce procédé est ignoble, et c’est à bon droit que l’on s’en indigne. Mais on ne peut s’empêcher de remarquer que ce type de délit fait beaucoup plus de bruit, et voit les autorités judicaires et politiques faire preuve d’une diligence qu’on aimerait retrouver dans d’autres délits moins médiatisées.
Il est vrai que, avec le racisme, on entre en plein dans l’éthique moderne, défendue par des lobbies qui, devenus les maîtres à penser de notre époque, sont aussi les premiers à s’en prendre à l’idée d’une morale religieuse…