Arnaud Montebourg voudrait faire baisser l’euro, qui handicape l’économie française. Mais il n’a pas les moyens d’imposer une politique qui relève de l’incantation.
L’euro trop fort nuit à l’économie française : c’est le constat que fait le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans le quotidien Les Echos du 10 février, en souhaitant « faire baisser l’euro », autrement dit obtenir un « réajustement », c’est-à-dire en français une dévaluation.
Si l’analyse du ministre est juste, on peut regretter qu’il ne montre pas le même réalisme dans les solutions qu’il préconise. La politique monétaire de l’Union européenne ne dépend pas d’un Etat, mais de la BCE, qui est statutairement indépendante. Peut-on faire pression sur elle ?
« Nous avons à mener la bataille politique contre les tenants, peu nombreux, de l’euro trop cher », explique Arnaud Montebourg. Belles paroles, mais si nombreux soient-ils, ces tenants de l’euro fort possèdent aussi les économies les plus solides de la zone euro.
Et leurs intérêts, à commencer par ceux de l’Allemagne, qui exportent essentiellement au sein de la zone euro, diffèrent de ceux des pays qui, comme la France, exportent à l’extérieur de la zone : eux trouvent avantage à l’euro fort.
Alors le pauvre Montebourg se trouve réduit à chanter tous les ans la même litanie. En janvier 2013, il déclarait déjà : « L’euro est trop haut par rapport à ce que l’économie européenne, pas seulement française, est en droit d’attendre ».
Rien n’a changé depuis lors. Et si la seule façon de faire baisser l’euro était d’en sortir ?