Anne Frank a été jugée clivante par le conseil d’administration de la crèche qui travaillait depuis de longues semaines à changer le nom de cet établissement pour tout petits situé à Tangerhütte en Saxe-Anhalt. Et il s’apprêtait à rebaptiser la crèche World Explorer quand la chose s’est ébruitée, provoquant l’indignation de la communauté juive. Selon le maire de Tangerhütte, Andreas Brohm, le nouveau nom devait rendre l’endroit « plus ouvert qu’auparavant » et favoriser « l’autodétermination et la diversité des enfants ». Depuis le tollé, il a fait marche arrière : « On n’en était pas à la décision, c’est un processus de discussion. » Un communiqué précise par ailleurs que « pour marquer un nouveau commencement et montrer au monde extérieur notre changement de concept », il fallait « donner à l’institution un nom différent ». La directrice, Linca Schichor, a pour sa part déclaré que « les petits ne comprennent pas qui est Anne Frank » et que son nom ne dit souvent rien aux nombreux parents issus de l’immigration. Et de conclure : « Nous voulions quelque chose sans arrière-plan politique. » Des arguments que la communauté juive et le gouvernement CDU du Land ont jugé inacceptables. Selon eux, l’histoire d’Anne Frank est difficile à comprendre pour tout le monde depuis 70 ans, et surtout, « si les parents issus de l’immigration ne savent pas bien qui est Anne Frank, au lieu de débaptiser la crèche, ils pourraient lire son journal ». C’est le fond de la question, qu’on décrit mal par le mot woke : est-ce aux immigrés de changer l’histoire de leur pays d’accueil, ou doivent-ils au contraire s’adapter à la civilisation où ils entrent ?